Les analystes et l'Open Source guère impressionnés par les menaces de Microsoft

On le savait déjà : Microsoft a déniché du « code maison » dans plusieurs logiciels Open Source. Dans le Magazine Fortune, le géant est passé à l'offensive et a précisé ses accusations. Le noyau Linux violerait 42 brevets Microsoft. Le dessin des bureaux Linux 65 brevets. OpenOffice serait en infraction avec 45 brevets. Et divers autres logiciels Open Source violeraient 83 brevets. Lancées par l'avocat en chef de Microsoft, ces accusations sont appuyées par Steve Ballmer, CEO de Microsoft : « Nous vivons dans un monde où l'on honore la propriété intellectuelle. [Tous les concurrents] doivent jouer avec les mêmes règles. » Le but de Microsoft est clair : entraver la progression du logiciel libre. En guerre contre l'Open Source, l'éditeur joue pourtant la carte « brevets » moderato. « Nous n'attaquerons pas les utilisateurs finaux en justice dans l'immédiat » - déclarait en substance Horacio Gutierrez, responsable des affaires de propriété intellectuelle de Microsoft. Quelles sont les intentions de Microsoft ? Entretenir le doute sciemment, et consciencieusement. La peur du procès suffit pour les grandes entreprises Et pour cause. « Microsoft essaye de faire peur à certains utilisateurs. L'éditeur tente de les plonger dans le doute et la confusion, analyse Joe Lindsay, de Secured Funding Corp. Cela pourrait les éloigner de l'Open Source, à court terme du moins. » Qui sont les utilisateurs qui s'inquiètent le plus ? Les grandes entreprises et les gouvernements, qui peuvent raisonnablement être attaqués en justice. Les particuliers, eux, sont bien trop nombreux pour être menacés. Comme le dit Joe Zemlin, président de la Linux Fondation : « Qui vont-ils attaquer ? Les entreprises cesseront toute relation commerciale avec un fournisseur qui les traîne en justice. » Toutefois, même si Microsoft n'attaque pas, le risque existe, et cela peut être suffisant pour accuser un chef d'entreprise de mauvaise gouvernance. Deuxième volet de la stratégie Microsoft : forcer les utilisateurs à passer des accords financiers avec lui. A l'image de Wal Mart, HSBC, Credit Suisse, etc. Ces entreprises ont dû acheter des coupons Microsoft pour utiliser Linux Suse sereinement, sans craindre de procès. Grâce à cette stratégie, Microsoft espère également amener les éditeurs de logiciels libres à la table de discussion, pour négocier la rémunération de ses brevets. A l'image de Novell. L'année dernière, l'éditeur a sorti son carnet de chèque, pour régler ses différends avec Microsoft sur l'affaire des brevets. L'objectif : rassurer les utilisateurs de ses produits Open Source. Un danger bien perçu par la Free Software Foundation, qui veut y faire barrage. En cours de rédaction, la version 3 de la General Public License (GPL), à laquelle la plupart des produits Open Source souscrivent, devrait interdire ce type d'arrangements avec Microsoft. Microsoft lui-même est un grand utilisateur de code libre Comment réagissent les autres éditeurs Open Source ? La plupart nient en bloc violer des brevets Microsoft. Tels Red Hat qui déclare : « Notre confiance dans notre technologie, et dans notre façon de protéger nos clients, reste forte. » Une opinion partagée par certains juristes spécialistes de la propriété intellectuelle. Joe Lindsay, de Secured Funding, va plus loin : « La réticence de Microsoft à dévoiler précisément les brevets concernés montre que l'éditeur n'a peut-être pas un dossier juridique aussi solide qu'il l'affirme. Certains brevets patentés par Microsoft existaient peut-être dans Unix, OS dont Microsoft s'est en partie inspiré pour créer Windows. » Encore aujourd'hui, selon d'autres commentateurs, Microsoft n'hésiterait pas à copier/coller du code depuis des logiciels Open Source dans ses produits. Il faut d'ailleurs préciser que des licences de type BSD le permettent expressément. Pour certains observateurs, la stratégie de Microsoft souligne l'inquiétude de l'éditeur face à la vague Open Source, menaçant son modèle économique. « A long terme, juge Joe Lindsay de Secured Funding Corp, Microsoft est celui qui souffrira le plus de ces actions. L'entreprise ferait mieux de préparer des produits plus innovants, plus attirants, plutôt que de menacer les logiciels qui ont surpassé ces produits. »

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