Oracle peut-il acheter son accession aux premières places dans le cloud ?

Les panneaux déployés par Oracle lors de son OpenWorld de San Francisco en octobre 2015 montraient clairement l’appétence de l’éditeur pour le cloud computing.

Les panneaux déployés par Oracle lors de son OpenWorld de San Francisco en octobre 2015 montraient clairement l’appétence de l’éditeur pour le cloud computing.

Il n'y a pas encore si longtemps, Oracle montrait un certain dédain face au cloud computing. Aujourd'hui, le discours de l'éditeur a changé.

En procédant à une série d'acquisitions, Oracle s'est acheté une présence dans le nuage d'une façon assez similaire à celle utilisée il y a de nombreuses années pour bâtir son catalogue de solutions on-premise. Le fait d'avoir mis la main sur des sociétés telles que PeopleSoft et Siebel dans le milieu des années 2000 a joué un rôle majeur dans l'élargissement de son portefeuille traditionnel d'applications. Il a permis à l'entreprise de Larry Ellison de devenir l'un des principaux éditeurs sur le marché des logiciels pour entreprises. Reste maintenant à voir si cette stratégie peut de nouveau fonctionner pour le géant des bases de données.

Des rachats d'éditeurs de logiciel verticaux dans le SaaS

Aujourd'hui, les opérations de croissance externe que mène Oracle visent des petites sociétés positionnées sur des marchés verticaux à travers la fourniture de logiciels en mode SaaS. Tout récemment, il a par exemple racheté pour 532 M$ l'éditeur Opower qui cible les services publics, ou encore Textura qui adresse les marchés de l'ingénierie et de la construction. « L'activité traditionnelle de vente de licences d'Oracle étant sous pression, il a besoin de faire rapidement progresser ses ventes de souscriptions pour compenser, explique Franck Scavo, le président du cabinet Computer Economics. Il est plus facile d'acheter des clients que d'en conquérir de nouveaux de façon organique avec des logiciels en mode SaaS développés en interne. » Pour l'analyste, il n'y a pas de raison que cette stratégie ne fonctionne pas. « Oracle fait fructifier les offres de fournisseurs de services cloud depuis plusieurs années maintenant. Les exemples de ce qu'il a fait avec Taleo, RightNow ou encore Eloqua en témoignent. »

Comme le fait remarquer John Rymer, analyste chez Forrester, SAP a emprunté la même route qu'Oracle : « Sa capacité à faire passer les utilisateurs de son ERP dans le cloud a été très limitée. Mais en rachetant SuccessFactors, Concur et d'autres sociétés actives dans le SaaS puis en les développant, SAP est parvenu à se transformer en une "cloud company". » Dans une certaine mesure, IBM a également adopté cette approche, notamment en rachetant SoftLayer en 2013.

« Concurrencer AWS n'est pas l'objectif final d'Oracle »

Oracle a fait plusieurs déclarations sur sa volonté de devenir un fournisseur généraliste de services d'infrastructures dans le cloud, un terrain largement dominé aujourd'hui par Amazon Web Services et Microsoft Azure. Mais ce n'est probablement pas là où se situe son véritable objectif. « Tout repose sur les applications, estime John Rymer. L'objectif est de faire héberger les applications dans le cloud d'Oracle. » Larry Ellison, le CEO d'Oracle, a pourtant bien dit qu'il voulait faire de sa société un concurrent d'Amazon. « C'est faux, assure John Rymer. Oracle continue de se battre avec IBM, SAP et Salesforce, maintenant sur le terrain du cloud. » Franck Scavo appuie l'avis de son homologue : « Pour un acteur comme Oracle, les revenus se trouvent dans la fourniture d'applications cloud et de plateformes cloud destinées au développement d'applications. Les offres IaaS d'Oracle sont uniquement là pour garantir qu'il possède toute la panoplie, des infrastructures cloud aux applications. »

Oracle s'est également tourné vers les industries verticales pour se différencier. « En interne, Oracle a depuis des années différents groupes chargés de cibler des marchés spécifiques, indique John Rymer. Le but est de se différencier et de fournir ainsi des solutions très proches des besoins propres à certains types d'entreprises. » « Les sociétés qui passent au cloud commencent typiquement avec Amazon Web Services et Salesforce. Par la suite, elles diversifient leur approche en cherchant à utiliser le cloud public pour les applications d'entreprises.

Les clients échaudés par les grands éditeurs par le passé

Il semble raisonnable de penser que les éditeurs traditionnels (Oracle, Microsoft, IBM et SAP) auront au moins une part de ce nouveau marché. Mais ce ne sera pas une simple formalité pour eux d'y parvenir, principalement parce que leurs relations avec des clients ont connu des tensions par le passé. « Ce n'est un secret pour personne que de nombreuses entreprises n'aiment pas faire affaires avec Oracle. Des exemples de mauvaises relations avec tous les autres grands éditeurs existent aussi, explique John Rymer. De nombreux clients disent désormais qu'ils ne veulent plus connaître les cispations du passé. » De leur côté, Amazon Web Services, Azure et Google promettent tous plus de flexibilité aux entreprise. Certains clients sont séduits par ce discours, même si cela leur donnera plus de travail. « Les grands éditeurs connaissant bien les entreprises. Je pense qu'ils ont une chance mais nous verrons à quel point la tension qui s'est créé avec les clients va jouer un rôle », estime John Rymer.

« Le succès d'une croissance par acquisition implique de s'assurer que les décisionnaires importants ne fassent pas tout rater et que les salariés des entreprises rachetées ne s'en aillent pas », prévient Rob Enderle, analyste chez Enderle Group. Pour ce dernier, les chances qu'Oracle parvienne à concurrencer un Amazon son très minces.

« Une fusion avec Salesforce est vraisemblable »

Finalement, Oracle parviendra peut-être sa transition vers une "cloud company" à travers une approche tout à fait différente. « Le mouvement que cet éditeur opère vers le cloud fait peine à voir, principalement parce qu'il est vraisemblable que cela se terminera par une fusion avec Salesforce et l'accession de Marc Benioff (le CEO de Salesforce) à la tête du nouvel ensemble », indique Rob Enderle. Pour que cela arrive, il faudrait que Larry Ellisson s'écarte, mais il semble qu'il ne soit pas enclin à le faire, même si les deux sociétés se rapprochent toujours plus. »

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