Même si la croissance du chiffre d'affaires mondial n'a été que de 2% sur l'année fiscale 2022 (terminée en janvier dernier), Stéphane Huet, directeur général de Dell Technologies France se veut optimiste. Il a rappelé lors d'une rencontre avec la presse la bonne tenue de la division datacenter en progression de 12% sur un an à 38 milliards de dollars, « avec une bonne croissance des serveurs et networking ». Reste que l'activité PC n'a pas échappé à l'atterrissage post-Covid, « nous avons vu un ralentissement à partir du second semestre », avoue le dirigeant. Cette activité affiche une baisse annuelle de 5% du CA qui représente tout de même 58 milliards de dollars.
Un coup de frein qui a eu pour conséquence de « geler les embauches depuis juillet dernier et cette politique continue », précise le dirigeant. Une réponse à la question de savoir si l'activité française serait touchée par l'annonce de Michael Dell de supprimer 6 550 postes dans le monde. « Les seuls qui ne sont pas concernés sont les alternants, nous allons avoir une prochaine promotion d'environ 60 personnes », explique Stéphane Huet. Aujourd'hui, Dell Technologies France comprend environ 2 000 collaborateurs sur le territoire.
Une migration vers le cloud public mise en pause
Il est également revenu sur les grandes tendances du marché autour de trois axes. Le premier est le cloud avec une évolution, « il y a une pause sur le plan de migration dans le cloud public », constate le responsable. Et d'expliquer, « avant la stratégie était cloud first, aujourd'hui il y a des réflexions pour savoir quelles applications doivent aller dans le cloud public et aussi sur le coût que cela implique ». Il ne constate pas nécessairement de retour en arrière des entreprises, mais plutôt « un rééquilibrage vers le cloud privé et l'edge cloud ». Sur ce dernier point, l'accent est mis sur le projet Frontier pour le déploiement des solutions Edge et le rachat de la société israélienne Cloudify. Des annonces seront probablement faites lors de l'évènement annuel Dell World fin mai.
Concernant le cloud privé, Dell Technologie France sort la carte APEX avec un modèle de consommation à l'usage de l'IT. « Il y a une forte demande en France », reconnait Stéphane Huet sans toutefois donner de chiffres ou de références clients. Actuellement APEX représente un revenu global de 1 milliard de dollars (soit 1% du CA global) et à vocation à « aller bien au-delà des 10% à terme ».
L'autre axe de travail pour Dell Technologies France est la cybersécurité. La France est particulièrement ciblée et notamment le secteur public. « Nous voulons jouer un rôle d'accompagnant sur ces questions-là », indique le dirigeant en mettant en avant les offres MDR (managed detection and response) et IRR (incident response and recovery). « Il faut avoir une approche de bout en bout en la matière en s'appuyant sur des partenaires et des revendeurs », ajoute-t-il. Le groupe s'est associé par exemple avec l'Apave pour sensibiliser les PME.
Enfin le dernier étage réside dans le travail hybride, qui s'est imposé dans l'ère post-covid. Le déclin du marché du PC n'est pas une fatalité pour Stéphane Huet, « les cabinets d'analyses prédisent un rebond à la fin 2023 avec un nouveau cycle de rafraîchissement des terminaux notamment avec l'effet Windows 11 ». Il considère par ailleurs que « les questions environnementales suscitent de plus en plus d'intérêt autour du recyclage ou du reconditionnement ». L'occasion de placer les efforts de la firme américaine dans ce domaine avec le concept de PC modulaire, Luna. Des éléments de la seconde version du prototype devraient « petit à petit se trouver dans les prochaines générations d'équipements » a assuré Nicolas Guetin, directeur solutions postes de travail chez Dell Technologies France. Le défi au-delà de l'aspect technologique est « d'organiser l'écosystème », conclut Stéphane Huet.