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Avenir prometteur pour Ingram Micro après son rachat par Platinum Equity

Sur le départ, le CEO d'Ingram Micro Alain Monié assurera la transition entre HNA Group et Platinium Equity. (Crédit Ingram Micro)

Suite à son rachat par le fonds Platinum Equity, Ingram Micro est désormais en mesure de poursuivre ses propres fusions-acquisitions tout en diversifiant son offre traditionnelle. Selon le cabinet Canalys, le grossiste pourrait connaître une « forte croissance et une transformation au pas de charge ».

La semaine dernière, Platinum Equity a scellé son offre de rachat de longue date d'Ingram Micro pour plus de 7,2 milliards de dollars. C'est la plus grosse acquisition jamais réalisée dans le secteur de la distribution IT. En effet, ce rachat du plus grand grossiste au monde par le géant américain de l'investissement privé a éclipsé celui du fonds d'investissements Apollo, qui a racheté Tech Data pour 6 milliards de dollars en début d'année. Pourtant, avec un actif d'environ 23 milliards de dollars, Platinum Equity a encore beaucoup à faire avec Ingram Micro et, selon le cabinet d'analystes Canalys, l'industrie de l'IT peut s'attendre à une « forte croissance et une transformation au pas de charge » du distributeur.

Rattraper un défaut d'investissement

Voilà plus de 40 ans qu'Ingram Micro existe, mais du temps de son ancien propriétaire, le conglomérat chinois HNA Group, la croissance de l'entreprise a quelque peu stagné. Selon Canalys, depuis l'acquisition de HNA en 2016 pour 6 milliards de dollars, Ingram n'a réalisé qu'un nombre limité de fusions-acquisitions dans le cadre de ses propres activités. De plus, celles-ci étaient au mieux « petites et sélectives ». Cependant, avec « l'investissement substantiel » et la sécurité que lui apporte Platinum Equity, Ingram se trouve dans une position privilégiée pour accroître sa présence mondiale à partir de 52 pays, de 125 centres logistiques et avec ses 50 milliards de dollars de revenus enregistrés au cours de l'année civile 2018. Avec le soutien de Platinum, l'Asie-Pacifique et l'Amérique latine seront probablement les principales priorités régionales d'Ingram. Canalys affirme que le distributeur a récemment pris des mesures pour étendre sa présence dans ces deux régions. Toujours selon Canalys, Ingram compte renforcer sa position régionale dans la région Asie-Pacifique (APAC), afin de contrer Tech Data, qui a récemment mis la main sur le distributeur Innovix basé à Hong Kong. « Maintenir une avance significative sur Tech Data restera un objectif clé de la future stratégie d'Ingram Micro », avait déclaré Canalys après le rachat récent du distributeur par Apollo. Élément critique pour Ingram : son concurrent numéro un s'est engagé à investir 750 millions de dollars en capacités et solutions numériques dans des domaines comme l'intelligence artificielle (IA) et la sécurité. Selon le cabinet d'analystes, Platinum doit être prêt à faire des investissements de ce niveau.

Transformation numérique

Ces dernières années, Ingram a peut-être beaucoup investi dans la diversification de ses offres, notamment dans le cloud, son activité de services et son marché. Toutefois, selon Canalys, la distribution de produits compte encore pour près de 90 % de son chiffre d'affaires total. Même si le cabinet d'analystes pense que Platinum investira dans de nouveaux domaines de transformation pour l'entreprise, comme les services clouds, les solutions avancées et, le plus important peut-être, les plates-formes numériques, il faudra que le montant soit élevé si Ingram veut égaler Tech Data. Même si la distribution de produits a permis à Ingram d'accroître sa rentabilité pendant la pandémie de Covid-19, le géant Platinum Equity aura sûrement envie d'investir plus fortement dans des nouveaux domaines où il peut réaliser des profits potentiels. Par exemple, le commerce électronique d'Ingram a connu une très forte croissance du fait des fermetures de magasins dans le monde entier. « Mais son usage du cloud ne pourra se développer qu'avec de nouveaux investissements », affirme Canalys.

Les acteurs américains soulagés

Les fournisseurs américains devraient accueillir avec soulagement le retour d'Ingram aux mains des Américains. Alors que la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis se poursuit, un retour aux États-Unis devrait rassurer davantage les fournisseurs pour les inciter à investir dans Ingram. « Ingram a été vendu dans sa totalité, ce qui évite une opération de scission complexe de l'entreprise, et elle revient entre les mains de propriétaires américains, ce devrait grandement rassurer les fournisseurs américains, les partenaires de distribution et le gouvernement US, tout en offrant de plus grandes garanties sur d'autres marchés occidentaux clés », ont ajouté les analystes de Canalys. Dans l'immédiat, l'avenir d'Ingram semble solide, avec des bénéfices en hausse sur les trois premiers trimestres de 2020, tandis que ses bénéfices de 2019 ont augmenté de 12 % pour atteindre 820 millions de dollars.

Il faut cependant rester prudent, car la pandémie de Covid-19 a pesé sur ses ventes, en particulier dans des domaines comme les solutions d'infrastructures critiques. Et si du sang neuf a été injecté au niveau local, l'avenir reste globalement incertain pour ce qui est de la succession du CEO Alain Monié, qui approche de l'âge de la retraite. Platinum Equity a déclaré qu'après la clôture de l'acquisition, M. Monié continuerait à diriger Ingram Micro en tant que CEO, et que le siège social de l'entreprise demeurerait à Irvine, en Californie. Mais on ne sait pas encore clairement si, à long terme, l'accord avec Platinum Equity se traduira par un changement de direction, et si oui, qui prendra la tête de l'entreprise. Cependant, Canalys reste optimiste quant aux perspectives du distributeur. « Au final, le secteur sera soulagé de voir que cette période plutôt désolante de l'histoire d'Ingram soit terminée et que l'entreprise peut écrire un nouveau chapitre », a-t-il déclaré.

Edition du 15/12/2020, par Eleanor Dickinson, IDG NS (adapté par Jean Elyan)






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