Un phénomène en passe d'exploser

Impossible pour les entreprises d'éluder la question du Bring Your Own Device tellement la pression des collaborateurs - dirigeants et jeunes cadres dynamiques en tête - est forte. Leur principale inquiétude ? La sécurité du système d'information. Mais, en encadrant cette nouvelle pratique, elles peuvent aussi y trouver des avantages...

Bring Your Own Device ou BYOD (prononcé à l'anglaise), voilà une expression dont on entend de plus en plus parler au sein des directions informatiques des entreprises. La raison ? Celles-ci doivent désormais composer avec ce nouveau phénomène qui consiste, pour les salariés, à se servir de leur terminal personnel - smartphone, tablette ou ordinateur portable - à des fins professionnelles. Cette tendance, apparue il y a deux ou trois ans, est directement liée à ce qu'on appelle la "consumérisation" de l'IT et, en particulier, à l'explosion des ventes de smartphones (+ 58 % en 2011, selon Gartner), relayée récemment par celle des tablettes (+ 98 % prévus en 2012).

Une pression forte des salariés

Il faut dire qu'avec la déferlante des iPhones, iPads et autres mobiles Android, nombreux sont les collaborateurs qui se retrouvent, à titre personnel, bien mieux équipés que dans leur entreprise. Autre motif qui encourage le BYOD : la frontière entre vie privée et vie professionnelle s'estompe progressivement. Selon une récente étude IFOP pour Good Technology, 75 % des cadres d'entreprises françaises travaillent en effet le soir après avoir quitté le bureau. Une majorité répond aux e-mails professionnels à la maison ou dans les transports. La pression de leur part est donc forte pour utiliser leur propre terminal. Résultat : 56 % le font déjà, le plus souvent avec leur smartphone personnel (iPhone en tête). Un moyen pour eux d'être plus réactifs. Mais cette pratique n'est, dans la plupart des cas, pas encore encadrée...

De multiples avantages pour les entreprises




Frédéric Puche
Sybase



Tous les acteurs du secteur le disent : le BYOD s'inscrit dans un modèle "gagnant-gagnant" entre salariés et entreprises. « Il permet aux entreprises de valoriser leur image et de moderniser leur relation clients en effectuant, par exemple, leurs présentations commerciales sur des tablettes », explique Frédéric Puche, en charge des offres mobiles chez Sybase (SAP). Et si les collaborateurs se servent de leur propre terminal, ils sont aussi plus productifs dans leur travail. Plus étonnant, le passage au BYOD peut aussi devenir un argument pour l'entreprise lors des recrutements.



Autre aspect qui, a priori, pourrait passer pour un avantage : le coût. Car, qui dit terminal personnel au travail, signifie que l'entreprise finance peu, ou pas, son achat (beaucoup n'ont pas encore tranché la question). Mais, « cette supposée réduction des coûts reste encore à démontrer, tempère Chadi Hantouche, consultant en sécurité au sein du cabinet de conseil Solucom. Au-delà de la question du prix du terminal, il faut aussi compter celui du projet technique à déployer, de la maintenance et du support aux utilisateurs ».

Le phénomène étant relativement récent en France, difficile de chiffrer la part d'entreprises qui a déjà sauté le pas en installant une solution BYOD qui permette d'accueillir ces nouveaux terminaux. Toujours est-il que, selon Chadi Hantouche, « la quasi totalité en est au minimum à se poser la question ». « Dans ce domaine, la France a un décalage de maturité comparée à l'Allemagne où 70 % des plus grandes entreprises ont lancé une solution BYOD », observe Florian Bienvenu, vice-président Europe du Sud et Europe centrale chez Good Technology. Mais nous allons rattraper ce retard car l'essor des terminaux et des applications mobiles est tel que nous n'avons pas le choix ». Du fait de son envergure internationale, l'éditeur constate déjà une augmentation substantielle de ses ventes. « Notre chiffre d'affaires mobilité a doublé par rapport à l'an passé », déclare Florian Bienvenu, qui table même sur un objectif supérieur l'année prochaine.

Déployer un "silo" applicatif : un gage de sécurité

Mais, quel que soit l'avancement de leur projet BYOD, hors de question pour les entreprises de laisser entrer des terminaux « non maîtrisés » dans leur système d'information. Et c'est là toute la problématique pour les DSI : sécuriser les données de l'entreprise. « De la même manière que les collaborateurs ont un badge pour pénétrer dans l'entreprise, les terminaux qu'ils apportent avec eux doivent être enregistrés », déclare Frédéric Puche. Ces appareils doivent donc montrer patte blanche (mot de passe, version du système d'exploitation, terminal jailbreaké...) pour communiquer avec le serveur de l'entreprise.

Dans ce domaine, les éditeurs comme MobileIron, Good Technology, SAP


Florian Bienvenu
Good Technology



ou encore AirWatch proposent diverses solutions, toutes issues du monde du MDM (Mobile Device Management).  « Mais attention à bien faire la distinction entre celles qui contrôlent toutes les applications du terminal, et celles qui créent un espace dédié au monde de l'entreprise », prévient Florian Bienvenu. Cette deuxième solution, qui caractérise véritablement le BYOD mais s'avère encore peu répandue, revient à introduire dans le terminal personnel ce que les éditeurs appellent un "container" ou "silo" applicatif. Complètement hermétique aux autres applications du terminal, celui-ci permet au collaborateur de consulter ses e-mails et son agenda professionnels, stocker ses documents de travail, et même accéder à ses applications métier de manière sécurisée.

s'abonner
aux newsletters

suivez-nous

Publicité

Derniers Dossiers

Les meilleures alternatives à VMware

Les meilleures alternatives à VMware

Beaucoup d'informations et d'annonces sont venues perturber les DSI, les opérateurs IT et les partenaires de VMware depuis son rachat par Broadcom. Pour certains d'entre eux,...

2024, l'année de Windows 11

2024, l'année de Windows 11

Si le parc de PC dans les entreprises françaises fonctionne encore majoritairement sous Windows 10, Microsoft a toutefois fixé la fin de son support le 14 octobre 2025....

Publicité