Menace de pénurie pour les fêtes de Noël

Après des ventes record en août et septembre derniers sur le marché grand public, les stocks de micro-ordinateurs, et notamment de portables, sont presque vides chez les grossistes. Cette menace de pénurie pourrait hypothéquer les bons résultats escomptés pour les fêtes de fin d'année par l'industrie informatique française.

Pénurie. À quelques semaines des fêtes de fin d'année, la tension monte dans l'industrie micro-informatique, en particulier chez les grossistes, qui ne disposent pas d'un niveau de stock suffisant pour faire face à une demande forte, notamment du grand public. Les produits concernés ? À peu près tout ce qui se vend bien : les écrans 17 '', les PC portables d'entrée de gamme, les mémoires, etc. « Cela nous préoccupe en effet car les prévisions de commandes pour la fin de l'année sont très bonnes, avance Christian Bittebierre, directeur général d'Ingram Micro France. Surtout sur le marché grand public, où les opérations micro promotionnelles vont se multiplier. » Difficile en effet d'imaginer le père Noël se retrouver avec une hotte à moitié vide alors que les commandes avaient de quoi la remplir... « C'est une situation de pénurie qui était inconnue depuis longtemps, confirme Olivier Medam, responsable retail de Fujitsu Siemens et ancien acheteur de la grande distribution. Les commandes passées seront honorées mais il sera difficile de multiplier les opérations spéciales. » « Nous disposons aussi d'informations indiquant cette pénurie que pourrait connaître le segment retail, explique Bertrand Huck, business group director du cabinet d'études GfK. Comme nous ne disposons pas de chiffres, c'est une approche assez empirique, par témoignages. » Comment en est-on arrivé là ? Plusieurs phénomènes plus ou moins complexes et qui n'ont pas forcément de liens directs entre eux permettent de comprendre la situation actuelle. La première explication est à rapprocher de la rentrée scolaire de septembre dernier, le fameux back to school. Selon GfK, les sales out d'août et de septembre 2006 ont été exceptionnels dans le retail. Avec des têtes de gondole qui affichaient des PC de bureau à 299 € et des portables à 499 €, les Caddie n'ont jamais déserté les rayons micro. Résultats, les stocks grossistes ont fondu comme neige au soleil, hypothéquant les allocations de fin d'année. « Comme les distributeurs continuent de demander de faire la même chose lors des fêtes de fin d'année, notamment au niveau tarifaire, les constructeurs ne peuvent plus suivre », lâche Bertrand Huck. Mais les commandes des grossistes ont-elles été à la hauteur d'une fin d'année 2006 que les instituts d'études ont annoncé être d'un grand cru ? Non. Pour la simple raison que personne ne souhaitait revivre l'expérience de la fin d'année 2005 et des deux premiers trimestres 2006 (voire encadré ci-dessus), qui s'est traduite par un surstock très important, entraînant, selon l'institut Gartner, un report de plusieurs mois du lancement de nouvelles gammes de machines. Face à ce « syndrome du 1er semestre 2006 », largement alimenté par Acer, tous les grossistes ont adopté une attitude de prudence. « D'une certaine manière, tout le monde paye ce qui s'est passé au cours du premier semestre 2006, souligne le patron d'un grand grossiste. Quand on additionne le coût du stock à la faiblesse des marges des micro-ordinateurs, y compris des portables, les surstocks alourdissent considérablement nos coûts d'exploitation. Avec notre niveau de marge, c'est impossible de tenir dans le temps. » Et comme la chaîne logistique des fabricants de sous-ensembles pour les unités d'assemblage des constructeurs fonctionne de plus en plus à flux tendu, il est quasiment impossible de pouvoir réagir en quelques semaines, d'autant plus qu'il faut compter deux mois pour qu'un porte-conteneurs fasse le trajet depuis l'Asie. Vista génère de la spéculation Quid du cas Vista ? Annoncé pour le début de 2007, le nouveau système d'exploitation de Microsoft a-t-il compliqué l'analyse de la demande, donc de l'offre, en cette fin d'année ? Sans doute. Si le calendrier de sortie fixé par l'éditeur pour après les fêtes à plutôt été salué par les enseignes, en revanche, il a entraîné des comportements spéculatifs, notamment sur le marché de la mémoire. La raison ? Alors que Microsoft assure qu'un seul gigaoctet de mémoire suffira pour faire tourner son OS, bon nombre de professionnels s'attendent à ce que le marketing de l'offre, notamment celui des constructeurs, préconise plutôt 2 Go. Conséquence directe, les prix de la mémoire flambent depuis plusieurs semaines et la pénurie s'installe. « Vista sera un gros consommateur de mémoires, indique un industriel asiatique. Les fabricants de ces composants l'ont très bien compris et anticipent le besoin. De fait, il est plus difficile pour nous de prévoir des configurations boostées pour la fin de l'année. » En d'autres termes, la demande en 2 Go risque d'être largement supérieure à l'offre disponible sur le marché mondial. Tirer les bons enseignements Enfin, si certains observateurs estiment que les fabricants de sous-ensembles asiatiques, notamment ceux qui fournissent des dalles, ont sans doute intérêt à entretenir une pénurie sur les composants de façon à relever les prix, beaucoup assurent que la puissance de la grande distribution en France a pour effet de générer une guerre des prix incessante. Ce qui, inévitablement, finit par rendre moins enthousiastes les plus farouches partisans de la conquête de parts de marché via l'arme de la guerre tarifaire. Autrement dit, face à une pénurie annoncée, les filiales européennes des constructeurs de PC privilégieront les pays où la marge est la plus favorable, comme la Grande-Bretagne et l'Allemagne, plutôt que la France. Comme souvent, l'industrie se dit prête à tirer les enseignements de ce nouvel épisode micro-économique. Déjà, en expliquant à qui veut l'entendre qu'à force d'entretenir une guerre des prix destructrice de « valeur », le marché français pourrait être de moins en moins prioritaire dans le jeu des allocations « opportunistes » demandées par les enseignes. « Cela pourrait être aussi l'occasion pour les retailers de mettre l'accent sur les valeurs d'usage de la technologie, avance Bertrand Huck, de GfK. Nous commençons à disposer des chiffres de ventes des machines proposées à 299 et 499 € à la rentrée. Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, ces offres n'ont pas aussi bien fonctionné que ça, beaucoup de consommateurs ayant préféré ajouter 150 € pour disposer d'une machine mieux configurée. C'est une attitude à prendre en compte. » Qui sera prêt à prendre son bâton de pèlerin pour célébrer ses valeurs d'usage synonymes de marge restaurée ?

«Pas de problème sur le segment pro »

Laurent Lavoix, chef de produits portables pro HP Nos grossistes ne rencontrent pas de problèmes de stock sur nos gammes de machines destinées aux PME et aux grands comptes. Le mode d'allocation n'est pas le même que dans le retail. Nous ne rencontrons pas de difficultés particulières, y compris sur les batteries. D'ailleurs, HP a communiqué dans ce sens. Sur la partie professionnelle, la tendance est plutôt positive puisque nous bénéficions du dynamisme créé par le lancement de nos nouvelles gammes.

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