Marchés IT : qui porte le poids de la rigueur ?

L'année 2009 n'aura-t-elle été au final qu'un « trou d'air » ? Sur le marché IT comme dans d'autres secteurs de l'économie, les entreprises ont pris des mesures dont les effets, positifs comme négatifs, commencent seulement à se faire sentir.

L'évolution du marché micro-informatique est depuis plusieurs décennies l'indicateur le plus surveillé pour évaluer le dynamisme du secteur IT. Comme cela a été évoqué dans les précédents volets de ce dossier, la progression a été très forte en France au premier trimestre 2010 pour les PC. C'est la principale conclusion de l'enquête du cabinet d'études Gartner sur le nombre d'unités vendues par les constructeurs (les « sales in », les « sales out » étant le nombre de PC vendus par la distribution).

Context, autre cabinet d'études, dégage de son côté des tendances en observant un panel de grossistes et de sites de e-commerce. Ses analyses permettent notamment de suivre la baisse des prix.

En l'occurrence, le regain de vigueur du marché français semble bien lié à une nouvelle vague de baisses des prix (les prix cités sont ceux que les grossistes proposent aux revendeurs). La moyenne est passée en un an de 274,30 à 233,30 € pour les netbooks, soit une baisse de 15%. Et les ventes ont fait un bond de 53%. Pour les notebooks, le prix a perdu 12% (de 504 à 448 €). Les livraisons ont progressé de 27%. Enfin, il y a le cas des PC de bureau : leur prix moyen a remonté, de presque 4% (405 € au lieu de 390). Il faut dire qu'ils ne représentent même plus un tiers des ventes au sein du panel.

Par ailleurs, l'analyse de Context permet de mesurer la scission entre les marchés professionnels et grand public. Sur tous les formats, le segment « consumer » fait mieux : + 45% pour les notebooks (et seulement + 5% en « B to B »), + 89% pour les PC de bureau (et seulement + 8% pour le marché professionnel), ce qui est surtout expliqué dans ce cas par la montée en puissance des configurations pour gamers et des PC tout en un à écran tactile.

Les industriels du PC se serrent la ceinture

Quelle que soit leur bonne volonté et leur désir de relancer les ventes, les constructeurs de PC n'ont pas pu procéder à de telles baisses de prix en un an sans trouver de nouvelles sources d'économie. De nombreuses économies avaient déjà été réalisées avant 2009, sur les coûts de fabrication, les budgets marketing, les ressources humaines, etc.

Une des pistes qui n'avait pas encore été complètement explorées concerne le transport des PC depuis la Chine jusqu'en Europe. Pour simplifier, le principe est de passer au « tarif lent ». C'est ce que fait notamment Acer et, depuis quelques mois, HP (les deux leaders représentent à eux seuls près de la moitié des ventes). Les grossistes estiment qu'ils doivent désormais commander au moins 6 à 8 semaines à l'avance. Autant dire qu'il ne faut pas se tromper sur ce que sera le niveau de la demande d'ici deux à trois mois, ou encore sur l'évolution de la parité euro/dollar.

Ce détail n'en est évidemment pas un. Lorsque l'euro était à son plus haut, les grossistes qui achetaient un PC portable 700 dollars pouvaient effectivement le revendre environ 500 euros. Si le rapport évolue vers 1 euro = 1 dollar, le même notebook à 700 dollars devra être revendu un peu plus de 700 euros, à moins de vendre à perte, ou de compter sur un renforcement des marges arrières.

Marche arrière sur les marges arrière

Non seulement les constructeurs n'entendent pas distribuer davantage de marges arrières, mais ils souhaitent plutôt les réduire. En la matière, une des dernières décisions est celle de HP : pour les revendeurs, la baisse de la marge arrière sera de 0,5% à 0,7%, en fonction du volume et du caractère stratégique de la vente.

Au final, il semble que le « trou d'air » de 2009 a conduit les différents acteurs - constructeurs, grossistes ou partenaires - à allumer des « mèches longues » : certaines déflagrations sont encore attendues.

Comment les revendeurs ont-ils entamé l'année ? « De notre point de vue, un des premiers constats est que l'année 2009 a fait moins de dégâts que prévu en termes de défaillances d'entreprises, explique René-Luc Caillaud, Directeur Général d'ETC et Président du Syndicat des Grossistes Informatiques. Par ailleurs, les assureurs crédit jouent effectivement le jeu et les mesures de relance mises en place l'an dernier sont maintenues. De plus, nous avons effectivement noté une amélioration au premier trimestre 2010. Cela étant, le mois d'avril a été décevant et le mois de mai est comme souvent peu enthousiasmant. Nous nous inquiétons donc d'avoir trop de produits sur les étagères. En fait, le véritable problème est l'absence de visibilité, alors que c'est dans les semaines qui viennent qu'il faudra prendre les bonnes décisions pour la période du back to school. »

La crise est-elle derrière nous ? A question idiote, réponse ironique : « tant qu'on lui tourne ne dos, oui... » répond un de ces nombreux revendeurs qui affichent « un chiffre d'affaires en baisse mais des bénéfices légèrement en hausse ».

 

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