
Exemple de la fragilité des entreprises d'IA générative, OpenAI, la principale d'entre elles, aurait dépensé 9 milliards de dollars en 2024 pour générer environ 4 milliards de dollars de revenus. (Crédit photo : Freepik)
L'industrie technologique s'est tellement enthousiasmée pour l'IA générative que tout le monde semble passer à côté d'un point fondamental : il n'est pas du tout certain que les entreprises d'IA générative puissent être réellement rentables.
Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais, quant à moi, je suis déjà fatigué de tout ce battage autour de l'IA générative (genAI). Cela fait un certain temps que j'utilise cette technologie et j'ai constaté que si elle pouvait être utile, essentiellement pour remplacer les moteurs de recherche, elle ne jouait pas tout le rôle qu'elle était censée jouer. D'ailleurs, je ne suis pas le seul à le penser. Une récente enquête menée par IBM auprès de 2 000 CEO indique que « seuls 25 % des initiatives en matière d'IA ont permis d'obtenir le retour sur investissement escompté au cours des dernières années ». En outre, «à peine un peu plus de la moitié (52 %) des dirigeants interrogés affirment que leurs entreprises tirent de leurs investissements dans l'IA générative une valeur qui va au-delà de la réduction des coûts. » Ajoutant l'insulte à l'injure, « 64 % des CEO sondés reconnaissent que le risque de prendre du retard pousse à investir dans certaines technologies avant d'avoir une compréhension claire de la valeur qu'elles apportent. Dans le même temps, seulement 37 % déclarent qu'en matière d'adoption technologique, il vaut mieux être 'rapide et mauvais' que 'juste et lent'. »
Le nombre d'utilisateurs de Copilot stagne
Je sais qu'il faut aller vite et tout casser, mais les CEO sont-ils vraiment payés pour prendre des décisions coûteuses dans l'IT par peur de rater quelque chose ? Je pourrais le faire, et je serais prêt à accepter moins d'argent que le CEO moyen ! Plus sérieusement, en faisant leurs comptes, certains acteurs de l'industrie se sont aperçus que la genAI ne tenait pas ses promesses. C'est, par exemple, le cas de Microsoft, qui a tout misé sur Copilot dans ses projets tournés vers les utilisateurs finaux. Problème : ceux-ci n'adoptent pas Copilot. C'est un fait. Comme le rapporte Newcomer, « le mois dernier, lors de la réunion annuelle des dirigeants de Microsoft, la DAF de l'éditeur, Amy Hood, a présenté une diapositive indiquant le nombre d'utilisateurs hebdomadaire de Copilot au cours de l'année écoulée. On pouvait y voir une stagnation à environ 20 millions d'utilisateurs ». Comme chacun s'en doute, cette absence d'évolution est une mauvaise chose.
Même le CEO de Microsoft, Satya Nadella, se rend compte que certains points sont fondamentalement mauvais avec l'IA. Il a récemment reconnu qu'il n'y avait pas d'application miracle pour l'IA. Il avait déjà fait cette remarque après avoir investi plus de 10 milliards de dollars dans la genAI. Un conseil gratuit pour le CEO de Microsoft : se contenter d'ajouter des fonctionnalités Copilot à tous les programmes du portefeuille Microsoft n'est clairement pas la voie de la rentabilité. Même si les entreprises cherchent à se transformer à l'aide de la technologie, elles se heurtent à des obstacles considérables lorsqu'il s'agit de convertir l'innovation en profits durables. Malgré l'explosion des investissements et la croissance rapide des revenus dans certains secteurs, de nombreuses entreprises de genAI sont confrontées à des coûts opérationnels élevés et à des perspectives incertaines de réussite financière à long terme.
Des coûts d'exploitation très élevés chez les éditeurs de GenIA
OpenAI, la principale entreprise d'IA générative, aurait dépensé 9 milliards de dollars en 2024 pour générer environ 4 milliards de dollars de revenus, la majeure partie des dépenses étant liée à la puissance de calcul nécessaire à l'entraînement et à l'exécution des modèles d'IA. Comme l'a dit Ed Zitron, un célèbre critique de la technologie réputé pour son cynisme, cela signifie qu'OpenAI perd de l'argent sur chaque client payant, brûlant des milliards chaque année malgré l'augmentation du nombre d'abonnements. Mais certains diront que ce qu'ils perdent sur chaque client, ils le compenseront sur le volume... OpenAI est d'ailleurs la startup de genAI la plus prospère à ce jour. On peut se demander à quoi ressemblent les bilans des entreprises moins importantes.
Il est vrai que certaines petites entreprises de genAI, comme Tempus AI, qui applique la technologie à la médecine de précision, affichent une dynamique financière prometteuse. Elle a enregistré une augmentation de 75 % de son chiffre d'affaires d'une année sur l'autre. La plupart des autres entreprises sont encore à des années-lumière de la rentabilité. La différence, c'est que, au lieu de croire que la genAI va magiquement tout améliorer, Tempus se concentre sur un cas commercial particulier dans lequel elle pourrait s'améliorer. Il y a là une leçon à tirer pour quiconque souhaite utiliser avec succès les outils de l'IA générique.
Une bulle financière qui pourrait éclater ?
Certes, Nvidia fait des prouesses, mais elle ne vend pas aux entreprises ou aux consommateurs qui utilisent la genAI. Elle vend aux entreprises qui veulent vous vendre des services d'IA. C'est une grosse différence. Tant que des startups comme OpenAI et Anthropic récolteront des dizaines de milliards de dollars, Nvidia s'en sortira. Si les investisseurs en capital-risque commencent à se demander s'il y a un bénéfice au bout de ce chemin plein de promesses, et pas une croissance éternelle sans aucun avantage commercial perceptible, ce sera une autre histoire. Tout le monde se souvient de la bulle Internet de la fin des années 1990 et du début des années 2000. Pour ma part, je vois la bulle genIA grossir de plus en plus, et toutes les bulles finissent par éclater.
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