Asphyxié par les hausses des coûts de l'IT ?

Jan Gabriel est depuis plus de dix ans le directeur Alliances & Marketing d'ITS Integra, la filiale d'ITS Group axée sur les métiers d'infogéreur et d'opérateur cloud. (Crédit photo : ITS Integra)

Jan Gabriel est depuis plus de dix ans le directeur Alliances & Marketing d'ITS Integra, la filiale d'ITS Group axée sur les métiers d'infogéreur et d'opérateur cloud. (Crédit photo : ITS Integra)

Jan Gabriel, le directeur Alliances & Marketing d'ITS Integra, revient sur l'évolution des stratégies tarifaires des éditeurs et sur les options qui s'offrent aux clients et à leur prestataires IT pour en contrer les effets.

2024 est, malheureusement, une année placée sous le signe de l'augmentation des coûts de nombreux éditeurs. Cela frappe de plein fouet les clients et réduit leurs marges de manoeuvre. En effet, LE gros morceau est bien entendu le rachat de VMware par Broadcom et les importants changements subséquents. Si l'on met de côté le discours purement « commercialo-marketing » (« un portefeuille de produits simplifiés, totalement dans votre intérêt, chers clients »), il s'agit au fond tout simplement d'une hausse importante des prix d'une suite logicielle présente dans presque tous les systèmes d'information du monde ! Certains clients finaux et partenaires services IT sont montés au créneau en employant des moyens juridiques pour protester et contrer ces hausses perçues comme injustifiées et pénalisantes, voire pire (l'opérateur américain ATT parle carrément « d'extorsion. »). C'est certainement le cas le plus extrême, mais loin d'être le seul ! Citrix, pardon Cloud Software Group (CSG), a emboité le pas à Broadcom en proposant un nouveau modèle de commercialisation et de distribution de ses licences... qui revient à une augmentation des prix, soyons clairs.

« Pay as you... pay »

La flexibilité, grande promesse du Cloud, est remise en question, puisque ces éditeurs et bien d'autres cherchent désormais l'engagement à moyen ou long terme sur les ressources logicielles. De quoi causer des migraines aux gestionnaires de licences dans les entreprises, qui doivent s'amuser à faire des calculs d'apothicaires pour piloter au mieux.

Tout ceci n'est pas nouveau, nous en avions déjà l'habitude avec d'autres acteurs comme Microsoft. En 2022/2023, la firme de Redmond a bien chargé la mule sur ses offres M/O365 avec des « ajustements » représentant des hausses entre 10 % et 25 %. Les entreprises qui sont présentes sur Azure connaissent l'ingénieusement intitulée « New Commerce Expérience ». À travers elle, l'éditeur incite vivement à privilégier les engagements sur 12 mois pour bénéficier de prix remisés. Sinon, c'est plein pot. La consommation à l'usage est de fait pénalisée financièrement.

En ce moment, les annonces de ce type sont quasiment quotidiennes : chez IBM, ce sera à à partir de janvier 202 ; Precisely (ex QuickEDD) vient d'appliquer 8 % ; Terrafom Cloud avait déjà fait les unes de la presse spécialisée en 2023 ; OpenText annonce 5 % à partir de fin janvier ; Ivanti vient d'en faire de même, etc.

Les raisons affichées

Il y a plein de « bonnes raisons » à cela, comme le taux de change euro-dollar, les crises géopolitiques et la hausse des prix de certaines matières premières. Les éditeurs concernés, eux, parlent plutôt de la volonté de proposer des offres « plus adaptées à nos clients » ou encore de hausses nécessaires pour « continuer à vous fournir un service/des produits d'excellence ». Vu sous cet angle, comment ne pas être heureux de payer plus cher ?  

Les retombées pour les entreprises

Une forte pression sur les coûts du parc aboutit fatalement à une marge de manoeuvre réduite des clients en termes d'investissement sur l'innovation. Vous vous souvenez ? C'est la fameuse transformation numérique que tous ces éditeurs ont fortement promue et promise. Récemment, les articles se multiplient constatant que de nombreux acteurs reviennent sur du Cloud privé voire on-premise, quittant le Cloud public souvent à cause de factures salées et de manque de visibilité financière.

Ça va... Ne nous faisons pas trop de soucis pour les hyperscalers, la croissance est toujours au rendez-vous. Sinon VMware by Broadcom vous accueillera les bras ouverts dans le cadre de sa vision « retour vers le Cloud privé », avec une belle facture à la clé !

Alors, que faire ?

En premier lieu, les entreprises comme leurs prestataires de services IT doivent oser la remise en question de leurs choix d'éditeurs. Les premières peuvent également travailler avec des prestataires MSP/MSSP proposant des approches et alternatives qualifiées et maîtrisées.

Une autre option qui s'offre aux clients est de renouveler leurs infrastructures. Cela peut être coûteux, mais une optimisation à travers une meilleure densité, un choix plus averti sur les ressources compute, peut impacter positivement les coûts de licences, ainsi que la consommation électrique.

L'open Source est également une partie de la solution, même s'il n'est pas toujours simple de trouver des alternatives viables. Elles existent néanmoins. Par ailleurs, souscrire au support sur les produits contribue à faire avancer le projet Open Source dans l'ensemble.

Il faut également s'intéresser aux offres des petits concurrents des gros éditeurs qui dominent le marché.

Les prestataires IT des entreprises peuvent également les amener à mixer les modèles, en leur proposant des licences en mode locatif et à l'achat sur un même périmètre. Cela permet d'avoir de meilleurs prix tout en bénéficiant d'un certain niveau de flexibilité.

Enfin, le FinOps est désormais un impératif - et non une option - pour piloter efficacement et sereinement les ressources déployées sur le Cloud public.

Il ne s'agit pas de tout mettre à la poubelle du jour au lendemain, mais plutôt de tendre vers un état d'esprit faisant la part belle à la mitigation du risque financier.

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