Industrie du PC : Le climat social se détériore

Tous les constructeurs de PC, à l'exception notable de Toshiba, ont annoncé des suppressions d'emplois en France. Comme le montre aujourd'hui le cas de Fujitsu TS (ex Fujitsu Siemens), la défiance des salariés ne concerne plus seulement les directions, mais les représentants du personnel eux-mêmes. Etat des lieux.

L'incident survenu au siège de Fujitsu Technology Solutions France début mai a été peu médiatisé mais il confirme que la dégradation des relations sociales chez les constructeurs de PC a franchi un nouveau cap : cette fois, le conflit n'oppose plus seulement les salariés et la direction, mais les salariés et leurs représentants, à savoir les membres du CE ! Les faits sont les suivants : soupçonnant une collusion entre le Comité d'Entreprise et la direction, plus de 100 salariés de la filiale française se sont cotisés (environ 100 euros par personne) pour mandater son propre cabinet d'expertise et son propre avocat, Maître Charles Cantegrel. Au terme de la première analyse, ce collectif de salariés a assigné en référé à la fois la direction de Fujitsu et ses propres représentants au CE devant le Tribunal de Grande Instance de Pontoise. Selon plusieurs salariés de Fujitsu, un des responsables du CE s'est même réfugié dans le local réservé au comité pour ne pas recevoir l'assignation en référé en mains propres. En vain, puisque les salariés ont fait le siège de ce bureau... Le fait que les salariés entament des procédures contre ceux qu'ils ont élu pour les représenter est le signe d'une nouvelle dégradation du climat social chez les constructeurs micro-informatiques. Dans leur communiqué daté du 20 mai, les salariés expliquent notamment : « Le Collectif considère qu'un constructeur informatique tel que Fujitsu, 4ème au niveau mondial, doit prendre ses responsabilités et financer honorablement un plan social, au même titre que l'ont fait nettement mieux ses concurrents directs tels que NEC, HP, SUN... ». Concrètement, les salariés de l'industrie du PC n'en sont plus à lutter pour maintenir les emplois mais à négocier les meilleures conditions de départ. Contactée, la direction de Fujitsu s'abstient pour l'instant de faire tout commentaire. Le cas de Fujitsu n'étant pas isolé, il est instructif de compiler les réductions de personnels décidées par les différents constructeurs au cours des 12 derniers mois. Licenciements pour tout le monde A l'exception notable de Toshiba, tous les constructeurs de micro-ordinateurs ont annoncé des suppressions d'emplois en France. Au-delà de NEC (370 personnes), de SUN, de HP (et de sa fameuse proposition de réduire les salaires présentée en février), on doit également citer la marque Packard-Bell, désormais propriété d'Acer (environ 150 postes), Fujitsu donc (près de 120), de Lenovo, la trentaine de salariés de Maxdata France, la réorganisation des services télévente et support chez Dell (le nombre de salariés concernés n'est pas encore connu) et, même, Acer lui-même, malgré un nouveau bond de ses ventes de près de 20% au 1er trimestre 2009. Si l'on tient compte des pertes d'emplois chez les nombreux petits constructeurs qui ne font pas partie du Top 10 des marques de PC en France, le nombre de licenciements dans l'industrie du PC sur le territoire national dépasse très largement le millier. Concrètement, les entreprises du secteur sont exsangues et, dans l'absolu, cela ne devrait surprendre personne, tant les données de leur modèle économique sont désormais connues : la baisse des prix est telle qu'il faut au minimum une croissance en volume de 20% pour espérer maintenir le chiffre d'affaires. Or, en France, pour le 1er trimestre, la croissance n'a été que de 3,2% selon le cabinet Gartner. La situation devient donc particulièrement problématique pour les constructeurs qui enregistrent un recul en volume, à l'instar de HP (- 0,4%) et, surtout, de Dell (- 19,8%). Les mêmes ratios expliquent que Toshiba reste épargné : sa croissance en volume de 32,7% au 1er trimestre lui permet de conserver une croissance en valeur. Les implications de cette dégradation pour les revendeurs seront d'autant plus importantes qu'ils sont principalement positionnés sur le segment des clients entreprises, qui a de son côté reculé de 9% au 1er trimestre, toujours selon Gartner.

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