Intel licencie pour se remettre sur le chemin des bénéfices

Le campus de Ronler Acres dans l'Oregon devrait être touché par les prochaines coupes d'Intel. (Crédit M.O. Stevens/Wikipédia)

Le campus de Ronler Acres dans l'Oregon devrait être touché par les prochaines coupes d'Intel. (Crédit M.O. Stevens/Wikipédia)

Le fondeur de Santa Clara aurait l'intention de licencier 20 % des employés de ses usines de fabrication dans un contexte de baisse de la demande pour ses produits phares.

Selon le média The Oregonian qui cite une note interne de Naga Chandrasekaran, le vice-président d'Intel chargé de la fabrication, l'entreprise prévoit de licencier jusqu'à 20 % des employés de son secteur manufacturier à partir du mois prochain, ce qui laisse penser que l'entreprise est à court d'options pour redevenir rentable. D'après le média de l'État américain de l'Oregon, « les suppressions d'emplois auront lieu dans le monde entier, mais certains licenciements concerneront des sites plus près de chez nous. » L'article indique que les suppressions d'emplois affecteront les usines de fabrication de puces d'Intel dans l'Oregon, où l'entreprise y emploie 20 000 personnes, ce qui en fait le premier employeur de l'État. 

Scott Bickley, conseiller à l'Info-Tech Research Group, n'est pas surpris par la décision du CEO d'Intel, Lip-Bu Tan, de réduire le nombre d'employés, car l'entreprise voit « la demande de puces AI de prochaine génération pour PC ralentir ». Cette activité de fonderie est en difficulté, et selon lui, il semble que tous les espoirs placés dans les conceptions de puces de nouvelle génération, notamment l'accélérateur AI Gaudi 3 et les prochains CPU Sierra Forest et Granite Rapids pour concurrencer la puce Epyc d'AMD ne seront pas atteints. M. Bickley ajoute que « d'une part, les clients retardent les mises à niveau de l'IA, et d'autre part, ils stockent des puces d'anciennes générations en raison de la crise commerciale mondiale et des tarifs douaniers ». Il fait remarquer que « même si, selon les estimations, la part d'Intel dans les ventes de centres de données est tombée à 65 %, cette activité reste relativement stable. » Cependant, selon M. Bickley, la demande de produits Intel pour les PC et les datacenters étant faible, une plus grande rationalisation des coûts s'impose pour l'entreprise. « Si l'on ajoute à cela l'importance des investissements dans les activités de fonderie pour concurrencer TSMC et attirer des entreprises tournées vers les produits d'AMD et de Nvidia, Intel semble coincée entre le marteau et l'enclume », a-t-il encore déclaré.

Retrouver des marges de manoeuvre

Pour Matt Kimball, analyste principal chez Moor Insights & Strategy, si les tarifs douaniers ont un impact certain sur les licenciements d'Intel, il estime que « ces départs résultent en grande partie des défis financiers auxquels est confrontée l'entreprise en termes de baisse des revenus ». Il rappelle que cette décision est conforme à ce que la société avait annoncé il y a quelque temps, à savoir aligner les dépenses sur les recettes. « Même si c'est douloureux, je suis convaincu qu'Intel pourra répondre à ces demandes, car la capacité de produire des puces de qualité dans les délais impartis est essentielle à son retour sur le marché. » Selon M. Kimball, « le redressement d'Intel a commencé il y a quelques années, après l'annonce du plan « cinq noeuds en quatre ans » de l'ex-CEO Pat Gelsinger. Même si cet objectif spectaculaire paraissait difficile à structurer, il avait pour but de rétablir la confiance avec les clients et de restaurer une discipline d'exécution. De ce point de vue, l'entreprise a largement réussi, même si les résultats sont un peu à la traîne ».

M. Kimball pense que les licenciements et les réaffectations n'auront probablement pas d'impact sur le coût d'importation des puces. « Intel, comme toute entreprise responsable, se concentre énormément sur la gestion des coûts et de la chaîne d'approvisionnement. C'est une science à part entière et c'est essentiel pour les marges. De plus, même si je n'ai pas d'informations à ce sujet, je crois qu'Intel va utiliser l'IA et/ou l'analytique pour optimiser la chaîne d'approvisionnement et la fabrication. » Il ajoute que l'entreprise va continuer à chercher en priorité à fournir des puces de la plus haute qualité à ses clients - du PC au datacenter. « Je suis convaincu qu'Intel ne mettra pas cette mission en péril lorsqu'elle examinera où et comment prendre les décisions appropriées en matière de ressources. Tous ceux qui ont vécu des restructurations d'entreprises savent que, lorsqu'ils planifient ces restructurations, la priorité est d'assurer la résilience de ces fonctions essentielles. » Selon M. Bickley, « la réduction des effectifs, le report de la construction des usines sur le sol américain et une plus forte concentration de la structure décisionnelle de l'entreprise sont des mesures prudentes destinées à gagner du temps dans l'espoir que les nouvelles conceptions de puces et les nouveaux procédés de fonderie attirent de nouveaux clients ».

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