L'eldorado des communications spatiales

« Pour gérer une constellation à haute disponibilité, les fréquences ne sont pas non plus très nombreuses », précise Gilles Brégant, le directeur général de l'ANFR

« Pour gérer une constellation à haute disponibilité, les fréquences ne sont pas non plus très nombreuses », précise Gilles Brégant, le directeur général de l'ANFR

« Avez-vous dé testé un Zoom ou un Facetime en voiture ou dans le train? C'est compliqué..., notre mission chez Stellarlécommunications est justement d'y remédier, de casser les silos entre la mobilité, le spatial et les télécoms », a lancé Damien Garot, dirigeant de cette start-up bordelaise lors d'une table ronde organisée par l'ANFR (Agence nationale des fréquences) le 9 mars dernier. Hormis les moyens de transports, il existe énormément d'endroits où la 4G/5G n'est pas et ne sera pas accessible. Dans ces conditions, les communications spatiales peuvent représenter un complément stratégique au réseau cellulaire. Pour Jean-Hubert Lenotte, directeur de la stratégie chez Eutelsat dont le groupe reprend la constellation OneWeb en orbite basse (concurrent de Starlink), le marché des communications spatiales, pour l'heure microsco pique, est amené à exploser. Le dirigeant parle même d'eldorado notamment sur les constellations de satellites en orbite basse (LEO), là où sont dé présents Iridium (avec son système de téléphonie), le très médiatisé Starlink de Space-X avec des services d'accès à l'Internet déjà opérationnels en France et son concurrent OneWeb dont les premiers services sont prévus dès cette année. A ces acteurs, ajoutons Amazon avec son projet Kuiper sans oublier Iris², la future constellation européenne ultra sécurisée voulue par l'Union Européenne. Rappelons que l'orbite basse a cet avantage de proposer des très faibles latences étant donné que les satellites qui y circulent sont plus proches de la terre. De plus, les satellites LEO sont moins chers à fabriquer et à lancer que ceux positionnés en orbite géostationnaire. Selon Jean-Hubert Lenotte, qui intervenait aussi lors de cette table ronde, les opérateurs s'intéressent de plus en plus aux communications spatiales en orbite basse. Citons notamment Orange pour la France qui s'est récemment associé avec Eutelsat/OneWeb pour proposer des offres Internet en complément de ses offres 4G et 5G et de ses offres satellites en géostationnaire (via sa filiale NordNet).  

Course pour le spectre spatial 

Toutefois, dans cette bataille des communications spatiales, Didier Le Boulc'h, VP stratégie & télécom chez Thales Alenia Space, estime qu'il n'y aura pas de place pour tout le monde, les premiers arrivés seront les premiers servis car les spectres de fréquences ne sont pas infinis. Un point que confirme Gilles Brégant, directeur général de l'ANFR : « Pour gérer une constellation à haute disponibilité, les fréquences ne sont pas non plus très nombreuses. » De nouvelles bandes de fréquences sont-elles envisageables, l'UIT (Union internationale des télécommunications) et les régulateurs locaux devront affiner leur stratégie tout en faisant respecter les fréquences. Aujourd'hui, sont surtout exploités les bandes de fréquences Ku, Ka et Q/V pour le haut débit ainsi que les bandes L/S pour les communications directes avec les terminaux. De même, au niveau local, à quel opérateur doit-on accorder des fréquences? A celui qui respecte l'ITU et les régulateurs locaux... A noter que Starlink s'est vu attribuer par l'Arcep une nouvelle autorisation de deux bandes de fréquences après que la première autorisation soit annulée par le Conseil de l'Etat. Une chose est sûre, à en croire les intervenants de la table ronde, aujourd'hui la stratégie très coûteuse de Starlink sera payante dans les années à venir quitte à écraser littéralement le marché. Enfin, avec toutes ces communications spatiales, le grand défi sera aussi de les harmoniser et les rendre interopérables. Il n'existe pas de cadre défini pour l'heure. Lors de cette table ronde, Renaud Vogeleisen-Delpech, Head of Airbus Defense & Space Frequency Management chez Airbus Defence and Space, se montrait plutôt optimiste en estimant que les réseaux communiqueront entre eux mais aussi, via des protocoles, avec la 5G et la future 6G à venir 

Qui va lancer les satellites européens ?

La souveraineté des communications spatiales européennes passe aussi par des fusées ou lanceurs capables de mettre en orbite leurs satellites, mais force est de constater que nous sommes dans le creux de la vague à en croire les différents interlocuteurs présents lors de la table ronde organisée par l'ANFR (Agence nationale des fréquences) le 9 mars dernier. En effet, Ariane n'est pas au mieux de sa forme avec ses retards sur son programme Ariane 6 et son échec sur son lanceur léger italien Vega-C dû à une pièce défectueuse fabriquée en Ukraine, un pays en guerre, alors que cette pièce était auparavant fournie par ArianeGroup. Les fabricants de satellites ne pourront pas non plus se tourner vers le Japon dont la fusée H3 s'est autodétruite début mars, quant à la fusée russe Soyouz (qui a déjà lancé de nombreux satellites OneWeb), l'invasion en Ukraine a stoppé net son exploitation. En attendant Space X a multiplié les lancements en 2022 des satellites Starlink mais aussi ceux désormais du britannique OneWeb (40 satellites dé lancés par SpaceX en décembre 2022), et va poursuivre dans son élan en 2023 avec ses Falcon 9, tout comme la Chine avec ses fusées Long Marche 5 qui multiplie aussi, de son côté, les lancements de ses propres satellites. Cela dit, les européens n'ont pas dit leur dernier mot, des startups s'engagent aussi à créer des lanceurs concurrents de Space X comme Isar Aerospace, une entreprise allemande qui prévoit un vol inaugural de sa fusée Spectrum dès cette année, comme le français MaiaSpace, filiale d'ArianeGroup qui planche également sur un lanceur réutilisable ou encore comme les startups Latitude et HyPrSpace, toutes deux également françaises, qui prévoit des lancements de leurs fusées respectives Zéphyr et OB1-MK1/MK2 en 2024 et 2026.  

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