
Avec l'Open RAN, n'importe quel fournisseur peut accéder à cette technologie pour construire des composants à moindre coûts et des offres. (Crédit D.R.)
Développer un réseau privé ouvert en Europe compatible avec la 4G/5G, c'est dans cette optique que les opérateurs Orange et Vodafone se sont récemment associés. Les premiers sites commerciaux, entrant dans le cadre de cet accord, devraient être déployés dès cette année dans une zone rurale de Roumanie, près de Bucarest ; puis s'étendre vers d'autres pays et régions européennes. Pour ce faire, les deux opérateurs s'appuient sur l'architecture Open RAN (Open Radio Access Network) soutenue par l'Alliance O-RAN dont les grands opérateurs européens font partie. En exploitant Open RAN, les opérateurs ne souhaitent plus forcément dépendre des principaux équipementiers d'où cette volonté de désagréger les équipements physiques et logiciels. En effet, l'Open RAN autorise la séparation des fonctions RAN des stations de base en quatre blocs distincts : les unités radio (RU), l'unité distribuée (DU), l'unité centralisée (CU) et le contrôleur intelligent RAN (RIC). En clair, l'Open RAN promet de virtualiser, de conteneuriser, et de programmer les éléments et composants radios du réseau cellulaire via des spécifications accessibles à tous. Open RAN ne supprime pas les antennes ainsi que les équipements radio fréquence qui émettent et reçoivent les ondes, elles restent bien physiques ; en revanche, les équipements de traitement du trafic et de la signalisation du réseau, eux, s'orientent vers une logique cloud et donc peuvent s'appuyer sur des capacités de calcul et de stockage standardisées par des PC et des serveurs dédiés associées à des fonctions logicielles fortement automatisées.
Vers une profusion d'équipements
Ainsi avec l'Open RAN, n'importe quel fournisseur peut accéder à cette technologie pour construire des composants à moindre coûts et des offres. Des start-ups comme Rapid-Space se créent, les géants du cloud comme AWS et Azure proposent déjà des services d'hébergement dédiés pour les opérateurs. Les grands groupes IT comme HPE, Lenovo, IBM, VMware ou encore Dell et Fujitsu montrent un intérêt croissant pour ce marché. En exemple, Dell et Fujitsu se sont associés dans la fourniture d'équipements Open RAN, Dell pour ses serveurs PowerEdge équipés d'une carte accélératrice Open RAN et Fujitsu pour ses unités radio. Autre exemple, D-Link qui a profité de sa présence au salon MWC pour dévoiler son offre de composants O-RAN (unités de distribution, centralisée et radio). « L'Open RAN autorise cette ouverture du standard et permet aux utilisateurs de choisir leurs équipements », réaffirme d'ailleurs Thierry Doualan, chef de produit chez D-Link France.
Dans cette multiplication des offres, les opérateurs pourront faire aisément leur marché, c'est d'ailleurs le cas pour Orange et Vodafone qui travaillent justement à la sélection de fournisseurs pour construire leur réseau. A noter qu'Orange dispose d'un centre de test (Orange Gardens) situé à Châtillon, lequel est ouvert à l'écosystème Open RAN (start-up, intégrateurs, équipementiers, etc.) souhaitant tester le fonctionnement et l'interopérabilité de leurs composants avec ceux d'autres fournisseurs. « Nous concernant, nous allons solliciter Orange pour tester notre nouvelle gamme dédiée à l'Open RAN », indique Thierry Doualan. A en croire nos interlocuteurs, l'Open RAN n'est plus un sujet passe-temps, l'intérêt croissant de l'industrie pour l'Open RAN est une réalité, le dernier Mobile World Congress (MWC), qui s'est tenu en février dernier à Barcelone, l'a clairement montré comme celui de l'année dernière d'ailleurs. L'écosystème semble prendre acte pour passer dès cette année du stade de l'observation à celui de l'expérimentation.
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