PC : où en sont les assembleurs ?

Malgré l'effondrement des plus grands d'entre eux, les assembleurs français ont traversé 2003 sans trop de casse. Mais il leur reste beaucoup à faire pour profiter de la reprise et des ventes de portables. Bien malgré eux, les assembleurs français ont définitivement tourné la page de la production en gros volumes. Disparus, tous les anciens poids lourds de l'assemblage tels Continental Edison, Humaneo ou Absolut. Seul reste en lice de tous ces protagonistes Unika, qui continue d'assembler, bon an mal an, entre 120 000 et 240 00 PC chaque année. Leurs principaux clients, les enseignes de la grande distribution, privilégient désormais les marques A comme HP ou B comme Fujitsu-Siemens, dont les niveaux de prix sont devenus aussi agressifs que ceux des no name et, pour le reste, s'appuient sur une poignée d'intégrateurs étrangers, comme l'allemand Medion. Mais, si les gros ont failli, la plupart des petits et moyens assembleurs sont toujours là, tel Péristyle, ex-Périmètre, qui revendique quelque 2 000 pièces par mois. Mieux, le secteur des assembleurs locaux afficherait pour sa part une relative bonne santé. C'est en tout cas ce que laissent entendre leurs fournisseurs, comme Intel, Ingram Micro ou le grossiste spécialisé Arrow. Chez ce dernier, le directeur des ventes, Alain Blanc, revendique un chiffre d'affaires stable en 2003 et une croissance de 12 à 15 % sur le premier trimestre 2004. Chez Intel, Pascal Schultis, responsable partenaires France, fait état d'une progression de 33 % de ses ventes en 2003... en volume, mais ne divulgue pas de chiffres en valeur. Quant à Ingram Micro, son directeur commercial Pierre-Yvon Mechaly évoque une croissance, sans plus de précision. Vent d'espoir après une année 2003 morose En revanche, chez les assembleurs, on ne cache pas que les neuf premiers mois de l'année 2003 ont été difficiles avec des ventes en recul de 10 à 15 %, comme l'indique Nicolas Sourroubille, co-gérant chargé du développement du groupe Cybertek. Mais la reprise qui s'est fait sentir sur le marché grand public à partir de septembre aurait permis de sauver l'année et même d'afficher, dans le cas de Cybertek, une croissance honorable de 8 %, soit entre 11 000 et 12 000 pièces assemblées. La reprise se confirmant sur le premier trimestre 2004, le groupe bordelais a même décidé de reprendre ses investissements en ouvrant de nouveaux points de vente à Angoulins-sur-Mer (17) et Toulouse (31). Même constat de la part d'Antoine Voillet, Dg du revendeur nantais Dynamips, qui aurait subi une baisse de 10 à 15 % de ses ventes sur 2003 mais dont la marge brute ne semble pas avoir été altérée, grâce à la croissance des services. Cet ensemble d'éléments doit-il inciter ces PME de l'assemblage à afficher un nouvel optimisme ? Pour Pascal Schultis, il faut raison garder car, si les assembleurs français arrivent bon an mal à maintenir leur part de marché autour de 25 % sur le segment des desktop, ils sont nettement en retard dans le domaine des portables puisque ce format de machines ne dépasserait pas 5 % de leurs ventes. Or, selon Intel, il s'écoulerait actuellement quasiment autant de portables que de PC de bureau sur le marché français. « Je tire donc la sonnette d'alarme, lance Pascal Schultis. C'est le moment où jamais de réagir car, d'ici à cinq ans, il sera trop tard. Les grandes marques auront définitivement marginalisé les assembleurs locaux. » Un discours qui, à vrai dire, ne date pas d'hier. Il y a deux ans, Intel annonçait la mise en place d'un programme visant à encourager les ODM (Original Design Manufacturer) asiatiques à développer à l'intention des assembleurs locaux des châssis et des composants pour portables suffisamment standardisés. Et, lors de la sortie de sa plate-forme Centrino il y a un an, le fondeur faisait savoir qu'il travaillait à la mise en oeuvre d'accords de distribution entre ces fameux ODM et ses grossistes. Des accords qui commencent tout juste à se concrétiser. Ainsi, Ingram Micro vient d'annoncer le référencement des châssis A Hopen, une sous-marque d'Acer, et Arrow s'apprête à démarrer avec le taïwanais FIC. Une carte à jouer sur le milieu et le haut de gamme Mais si le marché commence à s'organiser, il reste beaucoup d'obstacles à lever avant que les assembleurs ne s'y investissent vraiment. D'abord, la demande pour des portables assemblés serait encore faible. C'est en tout cas l'avis de Michel Malgras, Dg de Péristyle, pour qui elle n'excéderait pas 10 % de son carnet de commandes. Explication : cette offre ne serait pas concurrentielle par rapport à celle du portable de marque. « Les tarifs qui m'ont été fournis par les importateurs de châssis sont incompréhensibles ou peu compétitifs et, à mon avis, ces derniers ne proposent pas assez de choix », estime Antoine Voillet. Un phénomène dont est bien conscient Jean-Charles Benyamin, Dg de la société aixoise Partners (lire encadré), l'un des précurseurs sur le marché du notebook assemblé français : « C'est vrai que les premiers prix des grands constructeurs sont imbattables. En revanche, nous avons une carte à jouer sur les segments du milieu et du haut de gamme, sur lesquels les constructeurs réalisent jusqu'à 50 % de marge. » Autre frein à l'essor des portables assemblés : les défaillances retentissantes qui ont émaillé les dernières années. Ainsi Twinhead en 2002 et, plus récemment, Tekneo ont disparu en laissant des milliers de systèmes sous garantie dans la nature. Malgré tous ces obstacles, Jean-Charles Benyamin en est convaincu, les assembleurs locaux se mettront tôt ou tard aux portables car ils ne pourront pas se contenter de distribuer les produits des constructeurs aux marges notoirement insuffisantes. Le caractère inéluctable de cette évolution n'a pas non plus échappé à Michel Malgras, qui est en train d'affiner l'offre de portables qu'il a lancée il y a quelques mois. Quant à Intel, il enfoncera le clou lors de ses prochaines conférences partenaires qui se tiendront à la fin du mois. « Maintenant que les filières d'approvisionnement en pièces détachées sont en place, nous allons recommander aux intégrateurs de monter des solutions globales de mobilité pour mieux vendre leurs portables assemblés », déclare Pascal Schultis. Le fondeur a ainsi noué des partenariats avec des sociétés comme Tiscali, Orange ou Linksys, qui viendront présenter des solutions autour des réseaux sans fil. Intel mise également sur la présence d'éditeurs indépendants et de grossistes, tel FGI, pour présenter des applications et des accessoires dédiés... Autant de nouvelles pages à écrire pour les assembleurs.

s'abonner
aux newsletters

suivez-nous

Publicité

Derniers Dossiers

Publicité