Travailler dans l'IT reste une affaire d'homme dans les esprits

Parmi les femmes sondées, 24% d’entre elles estiment que ce secteur est surtout accessible aux hommes. (Crédit : RAEng Publications, Pixabay)

Parmi les femmes sondées, 24% d’entre elles estiment que ce secteur est surtout accessible aux hommes. (Crédit : RAEng Publications, Pixabay)

Les stéréotypes persistent dans le secteur de l'IT en France et ailleurs. La proportion de femmes travaillant dans la technologie est aujourd'hui plus faible (32 %) qu'en 1984 (35 %) aux Etats-Unis. Un rapport d'Accenture fait un point sur la situation et suggère des pistes pour réduire le déséquilibre.

Le clivage hommes/femmes est toujours présent dans le secteur de l'IT, essentiellement du fait de perceptions biaisées et d'un manque d'accessibilité. Pour rendre compte de cette hétérogénéité, la société d'études marketing Opinea a réalisé une enquête pour le compte du Français Livestorm - connu pour son application web de conférence en ligne utilisée pour partager des flux vidéo en temps réel. Le secteur de l'IT apparaît prometteur dans l'imaginaire des Français avec près d'une personne sur deux (49%) estimant qu'il s'agit d'un domaine d'avenir. Cependant, les préjugés sont encore nombreux dans ce domaine. Pour 84% des personnes interrogées et ne travaillant pas dans le secteur, un professionnel de l'informatique et des nouvelles technologies est forcément un homme.

Un constat surprenant lorsqu'en comparaison, seulement 43% des personnes interrogées et travaillant dans le secteur pensent qu'un professionnel de l'IT est forcément un homme. Parmi les femmes sondées, 24% d'entre elles estiment que ce secteur est surtout accessible aux hommes. À la question, « vers quel secteur vous orienterez-vous si vous deviez changer de métier ? », 32% des hommes opteraient pour celui de la tech contre seulement 13% des femmes. Un point qui fait écho à l'éducation reçue et aux volontés de certains parents de diriger leurs enfants vers certains métiers précis. 38% des parents interrogés souhaiteraient voir leur garçon s'orienter vers le secteur de l'informatique et des nouvelles technologies, contre seulement 21% pour leur fille. Surmontant ces idées reçues, les femmes qui postulent dans ce secteur sont attirées par deux points : la flexibilité et le salaire. En effet, la pénurie de talents dans ce domaine amène à des salaires élevés.

Un même déficit outre-Atlantique


De l'autre côté de l'Atlantique, Accenture a mené des enquêtes similaires en ligne avec l'association Girls who code. Les trois enquêtes, réalisées aux États-Unis entre février et juillet 2019, ont sondé 2 700 étudiants, 500 cadres supérieurs des RH et 1 990 travailleurs du secteur technologique. Le rapport qui en résulte est pour le moins alarmant : la proportion de femmes travaillant dans la technologie est aujourd'hui plus faible (32 %) qu'en 1984 (35 %). Aujourd'hui, les femmes n'occupent que 16 % des postes d'ingénieurs et 27 % des postes informatiques dans les entreprises américaines. Pire encore, seulement 25% des diplômés en technologie sont des femmes, avec un taux d'abandon de 37% pour les cours de technologie contre 30% pour les autres programmes. 50 % des femmes qui occupent un poste dans la technologie l'abandonnent avant l'âge de 35 ans, contre environ 20 % pour les autres types d'emplois.

Le rapport présente plusieurs mesures pour pallier le problème de parité dans le secteur de l'IT. « Avec des cultures plus inclusives, il pourrait y avoir près de 3 millions de jeunes femmes travaillant dans la tech en 2030 ». Actuellement, moins d'un DSI ou CTO sur 5 sont des femmes dans les 1 000 plus grandes entreprises. L'une des mesures consisterait à apporter aux femmes un environnement plus inclusif pour apprendre et travailler dans la technologie. Les objectifs sont multiples : favoriser l'innovation grâce à une profession paritaire, réduire l'écart de rémunération entre les sexes, répondre aux pénuries de talents IT dans les entreprises. L'arrivée d'un plus grand nombre de femmes dans l'entreprise atténuerait également les problèmes tels que « les biais dans la conception des algorithmes ou des produits, qui sont exacerbés par le manque de diversité », affirme Accenture dans son rapport.

En 2019, Isabelle Collet, professeure associée en science de l'éducation à l'Université de Genève, a décortiqué dans son livre « Les oubliées du numérique » (Le Passeur Editeur) les causes qui privent le secteur de l'informatique « de la moitié de ses talents ». Pour faire évoluer cette situation, il faut en comprendre les ressorts.

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