Élections régionales : Le programme des revendeurs

Haut débit, valorisation des entreprises high-tech locales, équipement des lycées... malgré les différences géo-économiques, les demandes formulées par les distributeurs NTIC à l'endroit de leurs conseils régionaux présentent un fort tronc commun. Qu'elles intéressent ou non une majorité de Français, les élections cantonales et régionales qui se dérouleront les 21 et 28 mars prochain revêtent une importance indéniable, loi de décentralisation oblige. En effet, il sortira de ces scrutins des assemblées qui disposeront à terme de compétences et de pouvoirs renforcés. Entre autres dans les secteurs de la santé, de l'enseignement, de la formation professionnelle et des nouvelles technologies, notamment les télécommunications. Des domaines qui, sous réserve de politiques régionales volontaristes, peuvent se révéler de véritables réservoirs de croissance pour la distribution NTIC. Pendant une semaine, la rédaction de Distributique vous a interrogés afin de savoir ce que vous attendiez de vos instances régionales. Et, même si toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne, et si chacune peut présenter des besoins spécifiques, il se dégage un consensus autour de cinq points forts, sorte de programme commun de la distribution régionale. Lettre ouverte d'Arédia : la réponse des parlementaires En janvier dernier, les adhérents du groupement Arédia envoyaient une lettre ouverte à leurs sénateurs et députés leur demandant de créer les conditions permettant aux administrations locales de lancer des appels d'offres décentralisés de façon à ce que les régionaux puissent y accéder. « Sur la quarantaine d'élus à qui j'ai envoyé la lettre, une quinzaine m'ont répondu, se disant conscients de l'importance de la question », annonce Michel Louyot, Pdg d'Infocentre (Arédia) et à l'origine de la lettre ouverte. Le 17 février dernier, le député Nicolas Forissier interpellait d'ailleurs le ministre de l'Économie et des Finances sur le sujet. Il rappelait que les administrations représentent 50 % du potentiel du marché micro-informatique et que « la décentralisation doit les faire pleinement participer à la vie économique locale [...] en leur permettant d'effectuer des appels d'offres régionaux ». Reste que la législation actuelle interdit que des appels d'offres soient réservés à une catégorie d'acteurs. « Il existe une solution, affirme Michel Louyot : au lieu de faire des lots uniques, les administrations n'ont qu'à scinder les marchés en autant de lots qu'il y a de régions. » Un dossier encore à suivre. Internet : le haut débit partout Pour la plupart d'entre vous, c'est le dossier prioritaire : l'avenir de votre secteur est conditionné par une généralisation du haut débit à l'ensemble du territoire. Et, à vous écouter, il reste de gros progrès à réaliser. Seuls les Bretons et les Ligériens se disent satisfaits des efforts entrepris. « La région est particulièrement dynamique », témoigne Jean-Raphaël Michenaud, le responsable d'Arès Ouest. Pour les autres, il reste beaucoup à faire. À commencer par l'Île-de-France. « Il y a de nombreuses zones rurales dans notre région et, comme presque partout dans l'Hexagone, ces territoires ne sont pas couverts », rappelle Philippe Maratuech, dirigeant de la SSII francilienne M2 Inforessources. Un constat dont vous êtes nombreux à vous faire l'écho, certains insistant même sur des situations plus alarmistes. C'est le cas du Nord, où François Galinou, directeur délégué du lensois C2A, déplore : « Mêmes les villes moyennes sont très mal couvertes dans notre région. » Dès lors, face à cette situation critique, beaucoup d'entre vous s'interrogent sur la volonté exprimée ou non par les régions de faire avancer le dossier haut débit. « Les régions ont tendance à se décharger sur les communes », ironise Jean-Charles Duplaa, patron du VAR bordelais ABNII et président des dirigeants commerciaux d'Aquitaine. Une attitude contre-productive, selon Gilles Stecker, patron d'Arès Midi-Pyrénées : « Comment des communes ou même des structures intercommunales pourraient-elles supporter les investissements nécessaires. Ce type d'initiative doit être pris au niveau du département, voire de la région. » En outre, Jean-Charles Duplaa voudrait que soit établie une liste de « bonnes pratiques » pour l'élaboration des cahiers des charges. « Trop souvent, c'est le mieux disant qui remporte l'affaire et quelques mois plus tard les clients sont déçus, voire dégoûtés du haut débit. Ce n'est bon pour personne. » Décentralisation : soutenir les régionaux Autant il est aisé d'entrer en contact avec les conseils généraux, autant il est difficile de se faire identifier par les régions », regrette Jean-Michel Coco, directeur du toulousain Inforsud Diffusion. Et Jean-Claude Bergier, le directeur de l'agence Ouest du grossiste Actebis, d'ajouter : « Sur les appels d'offres lancés par les instances territoriales, les revendeurs locaux sont souvent sacrifiés au profit de grands nationaux, voire internationaux, qui viennent casser les prix et le marché. Les régionaux constituent pourtant un tissu de PME et d'emplois locaux importants. » Une doléance que vous faîtes vôtre dans l'ensemble, reprochant, en synthèse, aux conseils régionaux de négliger paradoxalement les acteurs locaux et de ne pas faciliter l'accès aux projets publics. L'association rennaise Granit a d'ailleurs décidé de prendre le taureau par les cornes et d'envoyer aux principaux candidats un courrier rappelant que « [les distributeurs NTIC] représentent autant d'emplois que l'agro-alimentaire en générant des salaires, et donc un pouvoir d'achat, supérieurs », puis les appelant à « soutenir et accompagner [ce] secteur de façon plus volontaire et dynamique ». Éducation : l'équipement des lycées Les régions ont en charge la gestion des lycées, les départements celle des collèges et les communes celle du primaire. Un créneau aux multiples potentiels pour peu que les instances concernées aient la volonté de s'y consacrer. Ce que vous leur demandez massivement. D'abord parce que beaucoup d'établissements restent sous-équipés. Ensuite parce que, une fois les lycées dotés en matériels, connexions... des programmes éducatifs utilisant les outils IT peuvent être mis en oeuvre par les régions en y associant les acteurs locaux. Ainsi, en Midi-Pyrénées, Gilles Stecker, patron d'Arès Midi-Pyrénées, note que les lycées sont bien équipés et que le conseil régional pourrait maintenant mettre en place des dispositifs logiciels, par exemple de e-learning, « ce qui donnerait un coup de pouce à l'achat par les particuliers et nous permettrait de développer des applications en coopération avec les centres régionaux de documentation ». Dans le Centre, Michel Louyot, Pdg d'Infocentre, constate que « les efforts entrepris par la région doivent se poursuivre au rythme actuel. Aujourd'hui, il y a environ 2 500 micros installés dans le Centre pour 170 lycées. C'est dire le potentiel. » Santé : le partage des données sanitaires Les applications permettant le partage des données médicales commencent à apparaître. Et vous souhaitez que les conseils régionaux investissent sur ce marché. Surtout que le plan Hôpital 2007 présenté en novembre dernier par le ministre de la Santé a entre autres objectifs de « favoriser la coopération entre établissements publics de santé, établissements privés, médecins de ville... » La mise en oeuvre de projets de ce type fait intervenir les acteurs de la distribution à tous les niveaux : équipements en matériels, infrastructures, connexions, systèmes sécurisés, installation et maintenance d'applications... À condition que plusieurs problèmes soient résolus, notamment tout ce qui a trait à la confidentialité des données et à leur sécurité (accessibilité limitée et garantie de conservation en l'état où elles sont stockées). « Sur ce créneau, la région peut intervenir au titre d'organisme fédérateur et de garant », expose Frédéric Leconte, responsable de C2A Santé, qui a développé une plate-forme régionale d'intermédiation. « Dans le Nord, les différentes unions de médecins, hôpitaux, caisses régionales d'assurance maladie commencent à s'asseoir autour des mêmes tables pour créer des groupes d'intérêt professionnel (GIP). Les conseils régionaux doivent leur fournir des aides financières pour qu'ils puissent investir dans les technologies. Cela paraît normal puisque les régions vont constituer le pavé de base de ce partage de données. » Encore faut-il que tous les hôpitaux soient équipés. Aujourd'hui, il n'est pas rare, d'après Frédéric Leconte, de trouver des centres hospitaliers de plusieurs centaines de lits ne disposant même pas d'un réseau interne. Formation professionnelle : former en entreprise Dans les entreprises, la formation est plus souvent utilisée comme une récompense que comme un outil de développement de l'activité », remarque François Galinou, directeur délégué du lensois C2A. Pour lui, les régions, qui ont désormais la charge de la mise en place des plans de formation professionnelle, doivent mettre en oeuvre des dispositifs incitant les chefs d'entreprise à former à bon escient et insistant sur les nouvelles technologies. « Tout le monde sait se servir des outils de bureautique. Mais il y a beaucoup à faire autour de la gestion, du Net... » Un point sur lequel le rejoignent les distributeurs du sud-Ouest, qui sont plusieurs à noter qu'une fois équipés d'un outil Internet, les utilisateurs ne savent pas toujours quoi en faire précisément. « La région paraît l'entité la plus appropriée pour ce type de démarche : ses instances sont plus au fait des particularités de son tissu économique que l'État », insiste François Galinou.

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