Spécial Fiht Distributique : Sylvie Chauvin Présidente de Markess International, “Les prestataires doivent mieux comprendre les PME ”

Les NTIC participent à une profonde mutation de l'organisation des entreprises. Une évolution que les prestataires informatiques doivent s'approprier davantage en leur expliquant concrètement les avantages. Crise de complexité ou crise de maturité ? Quel est l'impact des nouvelles technologies de l'information et de la communication, notamment liées à Internet, dans l'organisation des entreprises, y compris dans celle des PME ? Comment les prestataires informatiques appréhendent-ils ces changements fondamentaux ? Sont-ils prêts à prendre les mesures d'adaptation nécessaires ? Autant de questions de fond que nous avons décidé de poser à Sylvie Chauvin, présidente du cabinet d'études Markess International, à l'occasion de l'ouverture du salon Fiht Distributique, qui se déroule jusqu'au 1er avril à Paris Expo. Distributique Beaucoup d'observateurs parlent d'une crise de complexité pour expliquer une partie des difficultés que le secteur high-tech traverse depuis 2000. Qu'en pensez-vous ? Sylvie Chauvin Plus qu'une crise de complexité, je parlerais d'une crise de maturité. Suite à l'arrivée massive de nouvelles technologies (en partie reposant sur le protocole Internet), les entreprises ont entamé une pause forcée pour plusieurs raisons. Tout d'abord, parce que ces nouvelles technologies conduisent à une profonde transformation des organisations : dans leurs processus, dans leur organisation du travail, dans leurs relations avec leur « écosystème » de partenaires professionnels, dans leurs relations clients, etc. Ensuite parce que tous les projets autour des nouvelles technologies ne peuvent « se poser » sur les infrastructures et environnements applicatifs existants sans quelques adaptations. Les deux dernières années ont été consacrées à résoudre ces points. Aujourd'hui, les entreprises sont mûres et semblent être prêtes à réinvestir. D. Comment les technologies Internet alimentent-elles la nouvelle transformation du système d'information et de l'usage que les entreprises en font ? S.C. Les nouvelles technologies s'immiscent au coeur des processus des entreprises : marketing et vente, ressources humaines, achat, finance, logistique... Si bien que ces processus sont activés de façon plus simple, flexible, rapide et... économique. Un exemple, pour les collaborateurs d'une entreprise, est celui de connaître les postes à pourvoir en ligne et de postuler aussitôt sur la base de toutes les informations disponibles et nécessaires. D. En quoi ces nouvelles technologies, dont les logiciels libres font partie, contribuent-elles à alimenter la croissance du secteur high-tech ? S.C. Sur le marché des services, l'apport des nouvelles technologies est fondamental et les projets qui reposent sur celles-ci tirent résolument la croissance. Entre 2003 et 2004, la croissance sera de + 6 % pour les services autour des nouvelles technologies, alors que le marché des services traditionnels ne sera que de + 1,8 % au cours de la même période. Les entreprises utilisatrices porteuses de nouveaux projets n'envisagent ceux-ci que sur des technologies récentes. Il y aura cependant encore quelques années de transition au cours desquelles technologies anciennes et nouvelles cohabiteront. L'héritage est grand en la matière. D. Les grandes entreprises ne sont pas les seules concernées par ces évolutions. Comment les nouvelles technologies sont-elles appréhendées par les PME ? La politique du gouvernement contribue-t-elle à sensibiliser ces entreprises à ces enjeux fondamentaux ? S.C. Il est frappant de constater que, selon le secteur d'activité, l'utilisation des nouvelles technologies par les PME est variable. Tout dépend de l'écosystème des donneurs d'ordres et des partenaires en amont et en aval avec lesquels elles travaillent. Dans l'automobile et l'agroalimentaire, par exemple, elles n'ont pas le choix de ne pas utiliser les nouvelles technologies prônées par leurs donneurs d'ordres. Le risque serait trop grand pour elles. Il est indéniable que l'un des freins au développement des nouvelles technologies réside dans la faible pénétration du haut débit dans les régions françaises. La fracture numérique est réelle, y compris entre les entreprises. Les initiatives des pouvoirs publics dans la sensibilisation des PME doivent être plus franches et ne pas se limiter à l'essor des télédéclarations. D. Quels sont les points sur lesquels les prestataires et leurs fournisseurs doivent insister pour que le message auprès des PME passe vraiment ? S.C. Les points qui me semblent fondamentaux sont liés à l'accompagnement et au conseil à apporter aux dirigeants. Ils doivent démontrer les apports réels et concrets des nouvelles technologies. Le discours doit naturellement être orienté business et processus avec des retours opérationnels immédiats. La dimension métier et secteur d'activité est importante. D. Comment les prestataires de services appréhendent-ils ces changements ? Quelles sont les adaptations nécessaires qu'ils doivent engager ? Quelles sont leurs principales initiatives prises en la matière ? Vous évoquez une convergence des métiers entre éditeurs et sociétés de services, de quoi s'agit-il ? S.C. C'est indéniable : les prestataires sont tous conscients que l'approche des petites et moyennes entreprises nécessite une adaptation de leur part. Aussi, nous constatons que des sociétés de services industrialisent leurs offres avec, par exemple, des méthodologies de développement d'applications rapides pour cibler cette population. Les éditeurs, quant à eux, reconstruisent leurs offres logicielles en les allégeant et en proposant des formules de tarification plus adaptées et étalées dans le temps et selon l'usage. Bref, ils tendent à devenir des sortes d'« opérateurs de services applicatifs ». En revanche, il y a peu de prestataires capables d'assurer le conseil évoqué plus haut... à moins que les groupements professionnels d'employeurs qui apparaissent en province jouent ce rôle car ce ne sont pas les experts-comptables qui le feront. Enfin la proximité et le contact direct avec les PME sont des atouts indispensables. D. D'ici à 2006-2007, quelles sont les perspectives d'investissements des entreprises en matière de nouvelles technologies ? S.C. Markess International, qui analyse l'impact des nouvelles technologies sur la transformation et la modernisation des entreprises, prévoit que les investissements en matériels, logiciels et services externes autour des nouvelles technologies se monteront à environ 10 milliards d'euros en 2005. Un marché loin d'être anodin pour les prestataires.

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