Pour Yannick Castel, le DG de 3D Solutions Systems, les revendeurs IT vont jouer les premiers rôles dans la commercialisation des imprimantes 3D.
S'il existe aujourd'hui un aussi grand nombre de fabricants d'imprimantes 3D c'est qu'il existe encore bien plus d'application possible cette technologie. Autant de « niches » qui utilisent des machines et des consommables différents. Et la fête ne fait que commencer !
« L'impression 3D a le potentiel pour révolutionner la manière dont nous fabriquons presque tout ! » Qui a dit cela ? Barak Obama, le 12 février 2013, lors de son discours d'investiture à la présidence des Etat-Unis d'Amérique. Qu'on ne s'y trompe pas : si le dirigeant a cité l'impression 3D lors d'une allocution aussi importante, c'est qu'elle représente un enjeu économique et politique déterminant pour les années à venir, notamment pour « relocaliser » en occident la fabrication en petites séries, pour les pièces techniques ou pour le prototypage. Le véritable enjeu de l'impression 3D, c'est donc le « made in ».
Boeing a imprimé 20 000 pièces d'avion
Dans ce contexte, le fait de recourir à l'impression 3D n'est plus caché : c'est désormais une fierté qui amène, par exemple, un industriel comme Boeing à clamer haut et fort qu'il imprime des pièces d'avions aux Etats-Unis depuis 1997. L'avionneur revendique la fabrication de 20 000 objets en 15 ans, et ce n'est certainement pas un hasard s'il a attendu autant d'années avant de s'en vanter. Mieux : Boeing explique aujourd'hui que les pièces imprimées lui coûtent de 25% à 50% moins que les pièces fabriquées traditionnellement.
Pour évoquer les premiers secteurs qui font aujourd'hui la demande en imprimantes 3D, il importe de rappeler ce qui a été montré lors du 1ersalon organisé en France sur le sujet, le 3D Printshow, qui a eu lieu les 15 et 16 novembre derniers. Le lieu (le Carrousel du Louvre à Paris) et la date (un vendredi et un samedi) laissait clairement apparaître le caractère « hybride » de ce marché, à la fois destiné aux professionnels et au grand public. Concrètement, la diversité des produits présentés peut soit être considérée comme une preuve de l'atomisation de ce marché. Elle peut aussi être vue comme la démonstration que tout ou presque devient « imprimable » : des automobiles, des batteries au lithium, des maisons, des steaks, des prothèses de toutes sortes (depuis les dents jusqu'aux os et certains organes), des pizzas (une application financée par la NASA), des maquettes (notamment pour les architectes ou pour le prototypage) ou encore des sculptures, des meubles, des bijoux, des accessoires de mode, des jouets, des figurines de nous-mêmes, des objets en sucre, en chocolat, etc. La variété des applications de l'impression 3D est telle qu'il semble impossible qu'un seul acteur détienne à lui seul la moitié du marché mondial, comme ce fut le cas avec HP pour l'impression 2D.
Vers une certification des revendeurs
Pour les constructeurs, la première difficulté est donc de fédérer des partenaires et des clientèles très hétéroclites. « On parle aujourd'hui beaucoup des matériels, mais les logiciels vont jouer un rôle essentiel dans le développement de ce marché », estime Yannick Castel, directeur général de 3D Solutions Systems, l'importateur en France des imprimantes de l'américain 3D Systems, depuis début 2013. En l'occurrence 3D Systems aimerait que le format qu'il utilise, le STL (pour stéréolithographie), devienne un standard. Depuis des années, 3D Systems et les autres grands constructeurs d'imprimantes 3D s'évertuent pourtant à concevoir des solutions « propriétaires ». « A mesure qu'il va au-delà de la sphère industrielle pour aller vers des utilisations « grand public », le marché de l'impression 3D se doit de respecter des normes strictes, notamment en matière de sécurité, répond Yannick Castel. Concevoir des systèmes qui garantissent que les enfants ne vont pas se blesser en l'utilisant, cela a un coût. »
Comme il l'indiquait à Distributique dès septembre dernier, 3D Solutions Systems pense que les revendeurs IT, déjà impliqués dans l'impression 2D, vont jouer les premiers rôles dans la commercialisation des imprimantes 3D. Pour l'anecdote, on notera que les deux fondateurs de l'entreprise, Anton Lopez et Yannick Castel, travaillaient auparavant chez AMD.
En France, la marque 3D Systems est commercialisée via deux grossistes IT : de façon schématique, il y a ALSO (ex-Actebis) pour le secteur professionnel et Banque Magnétique pour le grand public. La prochaine étape consiste-t-elle à avoir davantage de grossistes ? « Non, il est bien trop tôt pour envisager d'avoir davantage de grossistes, répond Yannick Castel. Notre but est plutôt de former des partenaires et de récompenser leurs efforts via une certification ». En cela, l'approche est comparable à celle qui a caractérisé dans de nombreux nouveaux segments de l'IT.
Mais si l'on reprend le pronostic de Yannick Castel, c'est du côté des éditeurs de logiciels qu'il va falloir chercher les grands bénéficiaires de l'impression 3D. En la matière, le plus simple est de se tourner vers le plus ancien et le plus important éditeur de logiciels de CAO en 3D en France : Dassault Systèmes.
Vers un réseau social de l'impression 3D ?
La problématique qui se pose à lui est de fédérer les utilisateurs d'imprimantes alors qu'ils ont des profils très différents, de l'ingénieur de Boeing jusqu'à l'artiste créateur de bijoux, par exemple. « Le spectre de l'impression 3D va même au-delà, estime Frédéric Vacher, directeur marketing de Dassault Systèmes, si l'on prend en compte les nouveaux publics, comme les « bricoleurs du dimanche. Ce qui nous semble aujourd'hui important en tant qu'éditeur reconnu dans le secteur industriel, c'est de ne pas faire de promesses intenables. Ce n'est pas parce qu'on possède une imprimante 3D que l'on devient créateur, tout comme ce n'est pas parce que l'on possède un appareil photo que l'on est photographe. » L'image est effectivement parlante. Donc, Dassault Systèmes a pensé que le mieux serait de créer un « réseau social » (Madein3D), fondé sur le service du FabLab interne de Dassault Systèmes et permettant d'obtenir des impressions 3D des objets conçus avec un logiciel de l'éditeur (Catia, Solidworks...). « Pour nous, l'enjeu est clair : les nouveaux secteurs qui s'intéressent à l'impression 3D doivent utiliser nos logiciels », conclut Frédéric Vacher.
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