Microsoft peut apprendre beaucoup des déboires de BlackBerry

Microsoft demeure un leader du marché IT. L'éditeur génère des profits confortables de la vente de Windows et de ses logiciels de productivité au premier rang desquels la suite Office. Il est toutefois bousculé par la concurrence sur certains de ses fondamentaux et devrait tirer les leçons des déboires d'ex-étoiles du marché aujourd'hui moins brillantes telles que BlackBerry.

Lors de sa récente conférence BlackBerry World, le fabricant de mobiles a annoncé que sa solution de messagerie instantanée BlackBerry Messenger (BBM) serait bientôt disponible gratuitement pour les smartphones sous Android et iOS. Cette décision fut sans conteste un des temps forts de l'événement mais elle intervient bien trop tard. Ce qui aurait été considéré comme une idée brillante d'un point de vue tactique il y a deux ou trois ans est considérée aujourd'hui comme un acte désespéré qui a peu de chance de changer la donne pour BlackBerry. BBM est une fonction centrale de la plate-forme mobile de BlackBerry. Il fut un temps où elle était la fonction la plus recherchée dans les smartphones du fabricant canadien. Mais le fait de l'avoir réservée en exclusivité aux produits de la marque n'a pas été suffisant pour détourner les utilisateurs de l'iPhone et des mobiles sous Android.

Les clients trouvent toujours des alternatives et elles existent

Pire, de nouveaux services de messagerie tels que WhatsApp et Facebook ont explosé sur l'iPhone et les plates-formes Android. Ils éclipsent aujourd'hui BBM. A l'heure actuelle, WhatsApp dispose d'un nombre d'utilisateurs plus de trois fois supérieur à celui de BBM et Facebook en a près de douze fois plus. Et il s'agit là que de deux exemples parmi une myriade d'applications de messagerie instantanée disponibles. Au final, BlackBerry a raté le coche.

La leçon que doit en tirer Microsoft est que le fait d'utiliser un logiciel populaire comme une carotte destinée à empêcher les utilisateurs d'adopter un produit moins en vue ne fonctionne pas. Les utilisateurs changent sans se soucier de ce qu'ils perdent et trouvent des alternatives qui répondent à leurs besoins.

Alors qu'Office est la suite bureautique par excellence, elle perd tout de même des parts de marché à mesure que des produits concurrents gagnent en popularité. Microsoft ne propose Office que pour les environnements Windows et Apple OS X. Mais Google Docs, Open Office, Libre Office et d'autres suites bureautiques offrent des fonctions similaires sur ces OS comme sur Linux. En parallèle, Docs to Go, QuickOffice and iWork apps d'Apple comble le champ laissé vide par Office sur iOS et Android.

Délier le destin d'Office à un marché du PC qui décline

Sur le plan des PC traditionnels, Microsoft a peu de choses à craindre. Windows dispose toujours d'une part de marché de plus de 90% tandis qu'Apple s'arroge 7% des miettes laissées par la firme de Redmond. Le problème est que le marché des ordinateurs personnels se réduit rapidement alors que le marché des plates-formes mobiles (hors PC portables) explose. Et, Office ne fonctionne que sur une faible proportion des smartphones et autres tablettes vendues. Cela fait sens pour Microsoft d'utiliser Office pour ajouter de la valeur aux plates-formes mobiles qui tourne sous Windows. Mais la disponibilité d'office sur un smartphones ou une tablette -ou le fait que la suite n'y soit pas- ne  va pas influencer une décision d'achat. Les entreprises ne vont pas décider de ne pas acheter des produits sous Android ou iOS si elles pensent qu'ils répondent le mieux à leurs besoins. Si Office n'est pas disponible sur les matériels qu'elles ont achetés, elles trouveront des apps pour le remplacer. Dans ce sens, Office pourrait devenir hors sujet si la demande en PC traditionnels s'effondre.

Microsoft doit apprendre de l'expérience de BlackBerry. La fierté mal placée peut être mortelle et le chantage a toujours un effet contre-productif. La meilleure façon de maintenir sa domination et sa pertinence est de s'assurer que les clients comptent toujours sur vos produits, peu importe la plate-forme qu'ils ont choisi.

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