Vers une montée en puissance des alternatives open source

D'autres alternatives de virtualisation des serveurs en open source existent, comme Proxmox (actuellement en version 8.1), un dérivé de KVM mis au point par des développeurs autrichiens en 2008, avec un support limité aux heures ouvrables autrichiennes. Pour Aurélien Violet, chief marketing officer chez Enix, la solution de virtualisation VE est très aboutie techniquement et elle a déjà prouvé sa stabilité et ses performances en production. La société française Enix (25 employés, entreprise reconnue notamment dans le monde du Devops et de Kubernetes) l'exploite notamment pour proposer Private Cloud, sa solution de cloud privé infogéré. « Notre solution est accessible sur n'importe quel environnement bare metal. Suivant les besoins client, nous l'opérons on-premise depuis nos datacenters en France, ou sur les offres bare metal de fournisseurs tiers, par exemple, chez nos partenaires cloud souverain OVHcloud ou encore Scaleway », explique Aurélien Violet. Couplée à Backup Server pour la sauvegarde et aux bonnes solutions réseaux et de stockage, VE est pour les entreprises une alternative solide aux solutions VMware. Bien sûr, l'un des avantages de Proxmox est le prix, sa mise en oeuvre est bien moins onéreuse que les solutions VMware à iso services. Pour une entreprise, le coût d'une plate-forme basée sur Proxmox ne réside pas dans des licences ou des abonnements à VE et Backup Server, il est lié à sa mise en oeuvre (notamment l'intégration avec stockage & réseau) et au maintien en conditions opérationnelles, mais aussi au support global de la plate-forme basée sur VE/Backup Server. De plus, c'est très simple de faire de la conteneurisation sur une plate-forme virtualisée avec Proxmox. Sur le marché, Proxmox est encore peu connue par les entreprises. « Depuis le rachat de VMware, nous sommes justement dans cette phase de promotion de notre solution packagée basée sur Proxmox. A ce titre, nous sommes en discussion avec les grands réseaux d'intégrateurs et distributeurs IT pour la promouvoir ensemble. Cela dit, avant même le rachat, certaines entreprises envisageaient déjà une migration. Chez Enix, nous comptabilisons des sociétés qui étaient d'anciens clients VMware et qui ont franchi le pas en migrant vers notre solution, on peut ainsi citer Econocom ou encore les éditions Weka. Sur leurs plate-formes, nous affichons des taux de disponibilité de 99,99 % qui n'ont rien à envier aux autres solutions plus connues du marché », souligne Aurélien Violet et d'ajouter : « D'ici quelques mois, avec la fin des licences perpétuelles et l'augmentation significative des prix de VMware, nous devrions commencer à assister à des migrations bien plus massives. » 

De Proxmox à XCP-ng 

Face à Proxmox et à VMware, se positionne aussi l'entreprise française Vates qui propose depuis 2009 son orchestrateur historique Xen Orchestra pour XenServeur et qui a créé en 2018 son hyperviseur XCP-ng (v.8.3 en beta aujourd'hui), un fork open source de XenCenter. L'histoire racontée par Olivier Lambert, CEO et co-fondateur de Vates, sur la genèse de XCP-ng est passionnante. En résumé, c'est une réponse à Citrix qui a cessé de proposer la version gratuite de XenServer. Depuis 2020, XCP-ng est même sous l'égide de la Linux Foundation. Véritable épine dans le pied pour Citrix, la société Vates a donc réussi son pari avec son offre packagée (plate-forme Xen Orchestra, hyperviseur XCP-ng, support et accompagnement associés) en se positionnant aujourd'hui, selon Olivier Lambert, comme l'alternative open source à VMware. Vates est même reconnu dans le guide marché du Gartner en 2022 pour la virtualisation du serveur. « Si nous réalisons 60 % de nos revenus aux USA, notre volonté est bien d'être un acteur européen reconnu, nous y travaillons à soutenir une offre souveraine avec des acteurs cloud français et européens », souligne d'ailleurs Marc-André Pezin, directeur marketing, communication et sales de Vates. Aujourd'hui, Vates emploie 60 personnes dont une importante équipe de développeurs qui cherchent toujours à faire évoluer l'offre, principalement avec des partenaires qui disposent d'une expertise dans leur domaine. Par exemple, dès ce mois de mars, Vates lance son offre HCI Xostor en partenariat avec Linbit qui va permettre de gérer un pool de stockage depuis Xen Orchestra. De même, pour répondre à l'équivalent NSX de VMware, Vates va s'associer avec Byos pour proposer une première version d'un outil d'orchestration d'ici à la fin de l'année. Depuis 2022, qui correspond à l'officialisation du rachat de VMware par Broadcom, les ventes s'accélèrent fortement pour Vates en France et à l'international, à en croire Marc-André Pezin, surtout pour la cible principale visée par l'éditeur, à savoir les entreprises de 3 à 500 serveurs. 

OpenNebula, un orchestrateur multi-hyperviseur concurrent à VMware 

De son côté, la communauté OpenNebula propose aussi avec sa plate-forme OpenNebula 6.8 une alternative open source à VMware, surtout quand elle est associée à l'hyperviseur KVM. Cela dit, l'orchestrateur OpenNebula supporte aussi en plus d'ESXi et KVM, l'hyperviseur Xen et travaille avec les outils de virtualisation Firecracker et LXC. La communauté reprend bien sûr l'argument prix comme principal atout mais aussi la souplesse d'utilisation et l'indépendance des fournisseurs. A noter qu'OpenNebula peut aussi déployer et orchestrer des clusters Kubernetes via l'appliance virtuelle OneKE. Parmi les entreprises qui utilisent OpenNebula, citons The Qt Company, une société finlandaise qui fournit un environnement de développement. En effet, Qt utilisait VMware vSphere pour créer et exécuter des machines virtuelles mais face au prix excessif des licences ESXi pour ses besoins, l'entreprise s'est tournée en 2020 vers OpenNebula après avoir choisi initialement Open Stack. Pour Tony Sarajärvi, responsable technique chez Qt, OpenNebula était plus léger qu'OpenStack et la société n'avait pas besoin de tous les modules sophistiqués adossés à OpenStack. Après plus de trois ans d'utilisation d'OpenNebula en production, Qt apprécie cette tâche simple de générer quatre millions de machines virtuelles par an qui ne vivent que quelques minutes, avant d'être détruites. Autre exemple, le Département Flamand de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire en Belgique utilise OpenNebula depuis cinq ans, avec près de 800 déploiements chaque semaine, quatre clusters (six hôtes de calcul chacun), quatre clusters de stockage (Ceph +/-400 To chacun) et 2000 VM et plus (dont 500 sont des bases de données PostgreSQL). 

Systancia, challenger français pour le VDI

« Le Workspace est devenu très cher contrairement au Workplace », interpelle avec un certain humour Bernard Debauche, directeur marketing produit chez Systancia, faisant ainsi référence à sa solution VDI Systancia Workplace moins chère que les concurrentes Citrix Workspace et VMware Workspace One/Horizon. « Nous avons déjà plusieurs victoires à notre actif sur des entreprises historiquement sous Citrix qui se plaignaient de leur politique tarifaire trop onéreuse et qui souhaitaient ainsi migrer vers une offre alternative comme la nôtre. Le même constat se produit aujourd'hui avec VMware dont les prix vont augmenter et, plus est, l'avenir de l'offre VDI de VMware est incertaine », précise à son tour Xavier Hameroux, chief revenue officer chez Systancia. En profitant de ces deux soubresauts, Systancia, le challenger français du VDI, compte bien en profiter. « En interne, nous mettons déjà en place une BU (Business unit) dédiée et nous allons renforcer notre réseau de revendeurs qui se sentent de plus en plus esseulés face aux politiques de Citrix et de VMware. Nous envisageons de passer à une vingtaine de partenaires très qualifiés contre une dizaine aujourd'hui », explique Bernard Debauche. La vraie différence avec les offres concurrentes se fera sur le prix car, techniquement, les solutions sont plutôt matures aujourd'hui. « Notre solution VDI Systancia Workplace couvre les besoins classiques, nous sommes ainsi capables de gérer des centaines et des milliers de postes. Chez Systancia, nous proposons surtout une méthodologie de migration », conclut ainsi Xavier Hameroux.

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