Quand un dollar faible arrange bien nos affaires

(08/08/03) - L'érosion que connaît le billet vert depuis plusieurs mois est-elle une bonne nouvelle pour le monde de la distribution IT français ? Il est sûr que, dans un secteur où les achats se font en dollars et les ventes en euros, la chute du cours du premier par rapport au second (- 30 % depuis janvier 2003) n'est pas sans conséquence. En toute logique, pour de nombreux acteurs de la distribution, notamment les assembleurs et les grossistes spécialisés dans les composants, les périphériques et autres sous-ensembles, les mouvements à la baisse de la monnaie étalon se traduisent par une diminution « notable » du coût de revient des produits qu'ils achètent pour les transformer et/ou les revendre. Même si plusieurs d'entre eux relativisent cette tendance. « Sur notre marché, les prix fluctuent sans cesse. Dans d'autres secteurs, plus stables, la baisse du dollar est probablement plus perceptible », note Joan Bossard, responsable des achats de l'assembleur Absolut, qui admet tout de même qu'en moyenne ses coûts d'achat ont diminué de 15 % à 18 %. Un constat que font nombre de ses confrères, fournisseurs et concurrents. Pour autant, la diminution induite des prix de revient ne se traduit pas par un élargissement de la marge des distributeurs. Ces derniers profitent en effet généralement de ce phénomène pour revoir leurs tarifs à la baisse, dans l'espoir de relancer les ventes. « Nos prix de vente sont automatiquement revus en fonction des prix d'achat », explique ainsi Stéphane Cavarroc, Dg de l'assembleur PC Sarl, propriétaire de l'enseigne Config Systèmes. « Nous répercutons ces diminutions, au profit de nos clients », confirme Joan Bossard, d'Absolut. « La plupart de nos concurrents agissent de même, nous n'avons donc pas le choix », lâche Laurent Uzbelger responsable Île-de-France du grossiste Iscambe. Reste que ce mouvement général de baisse des prix n'a malheureusement pas les incidences qu'on aurait pu en attendre en période de forte croissance. « La combinaison d'un dollar faible et de la diminution des prix aurait pu être génératrice de chiffre d'affaires supplémentaire, reprend Laurent Uzbelger. Le problème, c'est que la demande a chuté elle aussi. Du coup, les baisses tarifaires n'ont pas eu autant d'impact sur le volume des ventes qu'on l'aurait souhaité. » La hantise d'une nouvelle flambée du dollar De fait, pour beaucoup, la baisse du dollar a eu comme seul effet bénéfique de juguler les conséquences, sur les chiffres d'affaires, de la crise que connaît le secteur. Certains, tel David Haccoun, Pdg de Dane Elec, se veulent toutefois plus optimistes et accordent à ces baisses tarifaires un effet démultiplicateur sur les ventes « Les entreprises clientes, comme les particuliers, ne raisonnent pas uniquement par rapport à un besoin d'équipement ; ils pensent aussi en terme de budget disponible. Lorsque le matériel qu'ils veulent acquérir n'utilise pas tout ce budget, ils achètent autre chose. En outre, poursuit-il, des clients qui n'envisageaient pas de procéder à un achat décident du coup de profiter des opportunités qui se présentent. » Des propos que viennent étayer ceux d'un grossiste : « Globalement, en ayant baissé nos tarifs, on s'en sort bien. » Pour lui, d'ailleurs, la situation commence à évoluer favorablement. « On sent un frémissement du marché », affirme-t-il. Nul doute qu'une reprise des ventes conjuguée à des prix attractifs aurait un effet catalyseur sur les affaires. Pour ce qui est des marges, c'est un peu moins évident car, pour les préserver, il ne faudrait pas que le billet vert se remette à flamber. Le risque d'un redécollage brutal de la monnaie américaine donne en effet des sueurs froides aux distributeurs, spécialement aux assembleurs qui travaillent avec la grande distribution et préparent actuellement leurs offres de rentrée (lire encadré). « Pour l'instant, nous faisons nos cotations sur la base du taux de change actuel, auquel nous adaptons les tarifs en euros que nous annonçons aux acheteurs des enseignes. En juillet nous passerons nos commandes en dollars. Si, fin juillet début août, cette devise redécolle, ce sera une catastrophe », soupire Joan Brossard. Des grands groupes moins exposés Un souci que disent partager les acteurs ciblant des segments professionnels. Dans cette catégorie, les grands groupes se sentent relativement mieux protégés face à de telles fluctuations. Leur trésorerie leur permet notamment d'acheter des quantités importantes de dollars ou d'utiliser l'une des diverses techniques financières à leur disposition (lire encadré). En revanche, les distributeurs de dimension plus modeste ne cachent pas leur réelle inquiétude. Et chacun essaie de limiter les risques au maximum. « En fonction de l'évolution des cours, nous bloquerons tout de même autant de dollars que nous le pourrons début juillet, annonce Joan Brossard. Le mot de la conclusion revient à cet autre acteur, qui déclare : « Ce qui est certain, c'est qu'il va falloir ajuster encore plus finement que d'habitude les niveaux de commandes. »

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