Guerre des licences, Broadcom bataille avec AT&T

Après la plainte déposée par AT&T, Broadcom donne sa version des faits et critique la position de l'opérateur américain. (Crédit Photo : Broadcom)

Après la plainte déposée par AT&T, Broadcom donne sa version des faits et critique la position de l'opérateur américain. (Crédit Photo : Broadcom)

Le litige opposant Broadcom et AT&T tourne au vinaigre. L'opérateur accuse la maison-mère de VMware de ne pas respecter le contrat existant. Le fournisseur vient de répliquer en estimant qu'AT&T veut gagner du temps pour passer à un autre logiciel et bénéficier du support à prix réduit.

 Les choses s'enveniment entre AT&T et Broadcom. Ce dernier vient de répondre à la plainte déposée par l'opérateur américain pour « rupture de contrat, d'engagement implicite de bonne foi et d'équité ». Pour mémoire, AT&T explique qu'il détient des licences perpétuelles pour les logiciels VMware et a payé des services d'assistance dans le cadre d'un contrat qui se termine le 8 septembre. La plainte indique également que le telco dispose d'une option pour prolonger ce contrat d'assistance de deux ans sous réserve d'activer l'option avant la fin du contrat actuel, ce qu'il serait en train de faire. Mais il aurait manifestement reçu un accueil plutôt glacial de la part de Broadcom qui voudrait bien le voir passer à la caisse afin de poursuivre à ses conditions leur contrat.

Une sortie de VMware programmée La meilleure défense, c'est l'attaque et Broadcom a fait sienne cet adage populaire dans un document déposé auprès du tribunal le 20 septembre. D'emblée, le fournisseur affirme que l'opérateur américain cherche depuis longtemps à ne plus utiliser les logiciels VMware, mais qu'il a retardé sa décision. Il s'appuie sur un courriel envoyé par Susan Johnson, vice-présidente exécutive d'AT&T, à Hock Tan, CEO de Broadcom. Dans ce courriel, la dirigeante présente un plan de sortie de VMware, estimant le coût du projet entre 40 et 50 M$, avec un retour sur investissement rapide. Selon Broadcom, cela prouve la véritable intention d'AT&T derrière l'action en justice : s'assurer d'un support temporaire tout en se préparant à migrer complètement hors de VMware.

Le fournisseur revient également sur les termes de son accord avec l'opérateur, arguant que la clause de « fin de disponibilité » de VMware lui permettait de retirer des produits et des services après avoir donné un préavis. Il estime avoir négocié de bonne foi avec AT&T pendant des mois, offrant un abonnement de cinq ans à des conditions favorables, ce que l'opérateur a refusé. L'entreprise affirme aussi que la réticence d'AT&T à mettre à jour son logiciel VMware fait que certains de ses systèmes critiques utilisent des versions non prises en charge, donnant peu de poids à son argument selon lequel la perte de support serait à l'origine d'un préjudice important.

Détourner l'attention de la Cour Sur la question du chantage au support, les avocats de Broadcom taclent là encore la partie adverse, « il y a un an, AT&T a choisi de ne pas acheter les services de support qu'elle demande aujourd'hui à la Cour de forcer VMware à fournir ». Et de rappeler, « AT&T a choisi d'attendre une semaine avant l'expiration de ses services d'assistance pour déposer sa requête ». Selon le document, l'objectif de l'action en justice est de gagner du temps pour passer à un autre logiciel tout en continuant à bénéficier de services d'assistance à prix réduit, services que Broadcom a déjà supprimés progressivement pour les détenteurs de licences perpétuelles. Pour les avocats, le plaignant cherche donc à faire du bruit en accusant Broadcom de recourir à des « tactiques d'intimidation » et de « pratiquer des prix abusifs ». « Ces attaques sont volontairement excessives et visent à détourner l'attention de la Cour », observent-ils.

Les échanges entre les deux parties vont continuer pour convaincre la Cour suprême de New York de sa bonne foi. Les affaires impliquant Broadcom depuis le rachat de VMware et les changements apportés aux offres et aux licences se multiplient avec les clients finaux ou les partenaires. Thales a été le premier à obtenir gain de cause en référé. Orange Business a décidé lui aussi de passer par la case justice pour faire respecter les contrats existants. D'autres ont placé l'affaire dans les mains d'un avocat comme Cheops Technology qui a vu sa facture croître de 200 à 700%.  D'autres sociétés sont sur le point de déclencher les hostilités, y compris des associations comme le Cigref qui vient de saisir les autorités de la concurrence européennes sur le caractère abusif des contrats VMware.

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