Le CEO d'Intel noircit le tableau avant des licenciements à venir

Dans une communication destinée aux salariés, le CEO d'Intel Lip-Bu Tan a dressé un tableau très alarmiste quant à la situation de l'entreprise. (Crédit Intel)

Dans une communication destinée aux salariés, le CEO d'Intel Lip-Bu Tan a dressé un tableau très alarmiste quant à la situation de l'entreprise. (Crédit Intel)

Le CEO d'Intel, Lip-Bu Tan, a expliqué aux employés lors d'une émission diffusée dans toute l'entreprise, que le fondeur n'était pas dans le Top 10 du secteur, avant d'annoncer d'importantes réductions de personnel.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que ces commentaires, obtenus par The Oregonian, le plus grand journal de Portland, où Intel a une forte présence historique et une main-d'oeuvre considérables (entité datacenter), contrastent fortement avec l'optimisme enjoué de Pat Gelsinger, le précédent CEO de l'entreprise. « Il y a 20 ou 30 ans, nous étions vraiment le leader », aurait déclaré M. Lip-Bu Tan lors de cette diffusion interne destinée aux employés du monde entier. « Depuis, le monde a changé et nous ne faisons pas partie des 10 premières entreprises de semi-conducteurs ». Intel s'est refusé à tout commentaire. The Oregonian indique qu'un porte-parole a précisé que M. Tan faisait référence à la valeur marchande et non au leadership technologique, mais le sujet de la valeur n'a jamais été abordé au cours de la conversation de 20 minutes entre M. Tan et le journal. Néanmoins, s'il parlait de la valeur boursière, il n'avait pas tort. En octobre dernier, Dow Jones a remplacé Intel par Nvidia dans son indice Dow 30 des entreprises les plus performantes des États-Unis. Ce n'était pas une surprise : à l'époque, la capitalisation boursière d'Intel atteignait 99 milliards de dollars, alors que celle de Nvidia franchissait les 3 000 milliards de dollars. Aujourd'hui, ce dernier pèse 4 000 milliards de dollars, et la valorisation d'Intel est à peu près identique, à 102 milliards de dollars. Quant à AMD, laissée pour morte il y a dix ans, il vaut 230 milliards de dollars, soit plus de deux fois la valeur d'Intel.

La séance de questions-réponses s'est déroulée dans un contexte de licenciements dans l'ensemble de l'entreprise. Nommé en mars, M. Tan a presque immédiatement promis de céder et de réduire les actifs non essentiels. M. Gelsinger avait également commencé à se débarrasser des entités non rentables, mais il ne s'agissait que d'économies de bouts de chandelle. M. Tan a dit que les coupes seraient sévères. Outre l'abandon de produits, l'entreprise a externalisé le marketing et les relations avec les médias. (Pour la première fois en plus de 25 ans de suivi de l'entreprise, nous n'avons aucun contact interne chez Intel). Et nombreux sont ceux qui perdront leur emploi dans les semaines à venir.  Jusqu'à présent, environ 500 personnes ont été licenciées dans l'Oregon et en Californie, mais beaucoup plus de réductions de personnel sont attendues : selon les rapports publiés, jusqu'à 20 % de l'ensemble du personnel pourrait disparaître, alors qu'Intel compte plus de 100 000 employés. M. Tan estime que l'entreprise est surdimensionnée et trop encombrée par des couches de management pour être réactive et sensible comme le sont AMD et Nvidia. « Le processus de prise de décision est si lent que personne ne prend de décision », aurait-il déclaré.

Trop tard pour l'IA dans les datacenters L'IA est un sujet sur lequel le CEO a pris une décision, et il semble avoir décidé d'abandonner. « En ce qui concerne l'entrainement de l'IA, je pense qu'il est trop tard pour Intel », a estimé M. Tan, ajoutant que la position de Nvidia sur ce marché est tout simplement « trop forte ». Les ventes de son accélérateur IA Gaudi3 risquent de ne pas suffire. Au lieu de cela, Intel va se concentrer sur l'intelligence artificielle « périphérique », où les capacités IA sont apportées aux PC et autres appareils distants plutôt qu'aux gros processeurs IA dans les centres de données, comme le font Nvidia et AMD. « Selon moi, c'est un domaine qui est en train d'émerger, de gagner en importance et nous voulons nous assurer que nous pourrons y jouer un rôle », a ajouté M. Tan.

Des problèmes avec le processus 18A ? Les GPU ne sont pas les seuls produits d'Intel à disparaître. Le 2 juillet, Reuters a avancé que le fondeur pourrait abandonner le processus de fabrication 18A pour ses clients fondeurs et passer directement au 14A. Si c'était le cas, ce serait un gros revers pour l'entreprise. Intel a fait un pari énorme en essayant de se transformer pour devenir leader de la fabrication en concurrence avec TSMC. C'est toute la stratégie de l'Intel Developer Forum (IDF) défendue par Pat Gelsinger et dont il a finalement payé le prix parce qu'elle a mis trop de temps à se concrétiser. Intel voulait s'attaquer à TSMC dans le domaine de la fabrication, ce qui représentait un changement de stratégie important. Pour attirer des entreprises comme Nvidia, Apple et Amazon Web Services, l'entreprise a misé sur le processus 18A, prévu pour la fin de l'année. Le fondeur serait déjà en train d'échantillonner le 18A. Par conséquent, si Intel parle de retarder la commercialisation du 18A en faveur du 14A, cela signifie qu'il y a un problème avec le 18A. Il se pourrait simplement que les rendements soient si faibles qu'Intel garde le 18A pour lui et espère que le 14A sera à la hauteur. La firme publiera ses résultats du deuxième trimestre le 24 juillet.

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