
Supermicro a commencé à livrer ses derniers serveurs X14 à 4 sockets, reposant sur des processeurs Intel Xeon 6 avec cœurs Performant (P-Cœurs). (Crédit Supermicro)
Exploitant des processeurs Intel Xeon 6 P-Cores, la plateforme serveur X14 de Supermicro cible les charges de travail d'IA, HPC et in-memory. C'est le lancement le plus critique du fournisseur californien depuis ses récents déboires en matière de gouvernance.
« Les serveurs X14 prennent en charge jusqu'à 344 coeurs de processeur [avec 4 sokets], 16 To de mémoire et 6 GPU double largeur. Ils ciblent essentiellement les charges de travail d'entreprise à forte intensité de calcul, notamment les bases de données in-memory, le calcul haute performance (HPC) et les applications critiques », a indiqué Supermicro, qui espère faire oublier ses récents revers et retrouver la confiance des entreprises. Avec sa plateforme X14, Supermicro veut séduire les entreprises qui cherchent des serveurs modulaires et configurables pour leurs besoins en GenAI. « Dans la course aux systèmes de serveurs avancés pour exécuter des charges de travail toujours plus diverses et volumineuses, le fournisseur de San José a réussi à adopter une approche hybride combinant marque blanche et personnalisation, en plus des configurations de marque. Le fait d'être le premier à commercialiser des serveurs X14 à 4 sockets basés sur Intel Xeon 6 offre à Supermicro un avantage dans ce contexte de construction effrénée de centres de données. « Avec cette approche modulaire, Supermicro cherche vraiment à se différencier », a pointé Neil Shah, vice-président de Counterpoint Research. Le serveur X14 promet une augmentation des performances de 50 %, avec la prise en charge du CXL 2.0, des emplacements PCIe 5.0 et une conception optimisée pour la redondance et la résilience, si bien qu'il est tout à fait adapté à l'IA, aux bases de données et aux scénarios de montée en charge.
Retour des serveurs x86 à 4 sockets
La plateforme 4 sockets de Supermicro marque une avancée audacieuse sur le marché des serveurs, longtemps dominé par des géants tels que Dell, HPE et Lenovo. En avril, Dell a annoncé des serveurs PowerEdge R470, R570, R670 et R770 équipés de processeurs Intel Xeon 6 avec P-coeurs, mais ses serveurs sont limités à un ou deux sockets. De même, les serveurs ThinkSystem V4 de Lenovo sont également basés sur le processeur Intel Xeon 6, mais le constructeur ne propose que des configurations à deux sockets. Le lancement de serveurs à 4 sockets par Supermicro reflète le besoin croissant des entreprises en calcul localisé, capable de prendre en charge une IA liée à la mémoire et de réduire la complexité des architectures distribuées. « Les serveurs modernes à 4 sockets résolvent de multiples problèmes qui se sont intensifiés avec la GenAI et les analyses à forte intensité de mémoire. Les entreprises sont de plus en plus confrontées à la latence, à la complexité des interconnexions et aux budgets d'énergie dans les environnements distribués. Les serveurs de grande capacité et de mise à l'échelle fournissent une architecture plus en phase avec le traitement à faible latence et celui des grands modèles de langage, en particulier lorsque les contraintes de résidence des données ou de conformité limitent l'élasticité du cloud », a expliqué Sanchit Vir Gogia, analyste en chef et CEO de Greyhound Research. « Le lancement d'une plateforme Xeon 6 à 4 sockets et son intégration dans une stratégie modulaire de « blocs de construction » montrent que Supermicro cherche en priorité à maintenir son avance dans l'IT des centres de données d'entreprise et d'IA », a estimé Devroop Dhar, cofondateur et directeur général de Primus Partner.
Un lancement critique après des revers majeurs
Selon les experts, ce lancement de produit est le plus important pour Supermicro depuis que l'entreprise s'est embourbée dans des controverses de gouvernance et de réglementation. En 2024, suite à des allégations de la société de recherche en investissement Hindenburg Research sur des irrégularités comptables et l'exportation présumée de puces sensibles vers des entités sanctionnées, SuperMicro a perdu Ernst & Young, son deuxième auditeur en deux ans. Pour aggraver ses difficultés, xAI, la startup d'Elon Musk spécialisée dans l'IA, a réorienté ses commandes de serveurs IA vers Dell, une décision qui aurait coûté à Supermicro des milliards de revenus potentiels et qui a porté préjudice à sa position dans l'écosystème des hyperscalers. Au début de l'année, HPE a remporté un contrat de serveurs IA d'un milliard de dollars avec X, sur lequel Supermicro s'était également positionné. « Le lancement du X14 marque un renforcement stratégique pour Supermicro, et montre son engagement en faveur de l'innovation dans la mise à l'échelle verticale et les architectures CPU/GPU équilibrées », a déclaré Manish Rawat, analyste chez TechInsights.
M. Rawat a ajouté qu'en s'alignant étroitement sur la dernière feuille de route Xeon d'Intel, Supermicro est bien positionné pour bénéficier d'une évolution des entreprises en 2025 vers des déploiements GenAI plus intégrés aux bases de données. Elle met en avant les atouts de l'entreprise dans l'IT d'entreprise généraliste et les charges de travail d'IA hybrides, en ciblant des systèmes certifiés comme SAP Hana et Oracle Linux avec des backends accélérés par GPU. Cette stratégie fait appel aux acheteurs d'entreprises de niveau Tier 1 et Tier 2 axés sur la densité de calcul et l'intégration par rapport au scale-out hyperscale. « Par ailleurs, ces derniers mois, Supermicro a pris certaines mesures concrètes pour répondre aux questions réglementaires en constituant un comité spécial indépendant (qui n'a trouvé aucune preuve de fraude ou de faute intentionnelle), en se concentrant sur la gouvernance interne et en nommant un nouveau directeur financier, un directeur de la conformité, un directeur de la comptabilité et un directeur juridique », a indiqué M. Dhar. Même si Supermicro a perdu quelques contrats dans le passé, l'intégration de la dernière plate-forme d'Intel pour ses X14, ainsi qu'une configuration à 4 sockets, pourrait aider l'entreprise à rester compétitive.
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