Des utilisateurs allemands en appellent à l'UE contre Broadcom

Pour Robin Kaufmann, directeur général de Voice, association allemande de DSI, Broadcom ne pense qu'à ses objectifs financiers ambitieux et ne s'intéresse pas du tout aux intérêts de ses clients. (Crédit Photo: Voice)

Pour Robin Kaufmann, directeur général de Voice, association allemande de DSI, Broadcom ne pense qu'à ses objectifs financiers ambitieux et ne s'intéresse pas du tout aux intérêts de ses clients. (Crédit Photo: Voice)

Voice, une association allemande d'utilisateurs d'IT, a déposé une plainte auprès de la Commission européenne contre Broadcom/VMware pour violation du droit de la concurrence.

Décidément, les relations entre Broadcom et les clients VMware ne sont pas un long fleuve tranquille. En fin de semaine dernière, le fournisseur mettait un coup de pression sur les titulaires de licences perpétuelles en fin de contrat de support en leur intimant de ne plus utiliser et appliquer les mises à jour. Les utilisateurs ne comptent pas se laisser faire et contestent les abus de position dominante de Broadcom. C'est le message de l'association allemande Voice regroupant plus de 450 responsables informatiques qui vient de porter plainte auprès de la Commission européenne. Elle accuse Broadcom « d'imposer des augmentations de prix exorbitantes et déloyales via des offres groupées de produits composées arbitrairement après avoir fait passer la licence perpétuelle vers une tarification par abonnement ». L'organisme mentionne des augmentations de plusieurs centaines de pour cent, en citant des entreprises directement concernées. Selon un communiqué de l'association des utilisateurs, alors que Broadcom avait promis de ne pas augmenter les prix avant le rachat de VMware, la conversion de l'offre en deux grands ensembles de produits principaux, l'introduction de modèles d'abonnement et la classification des clients en catégories ont entraîné des hausses de prix massives.

En règle générale, les clients ne peuvent pas passer à un autre fournisseur de logiciels de virtualisation, ou ne peuvent le faire qu'à grands frais en termes de temps et d'argent. Voice considère ce comportement comme un abus de la position dominante de Broadcom sur le marché. La société « exploite la dépendance de ses clients à l'égard des produits VMware d'une manière très discutable », a affirmé Robin Kaufmann, directeur général de Voice. « En tant qu'association d'utilisateurs indépendante qui représente les intérêts de ses membres, nous sommes tenus de prendre des mesures contre ces pratiques déloyales ». Dans un premier temps, l'association avait essayé de dialoguer directement avec la firme dirigée par Hock Tan mais sans succès. « Il est évident que l'entreprise ne pense qu'à ses objectifs financiers ambitieux et ne s'intéresse pas du tout aux intérêts de ses clients », a avancé M. Kaufmann.

Vent debout contre les bundles et les pratiques commerciales de Broadcom

Les représentants des utilisateurs sont particulièrement critiques à l'égard du regroupement de produits auparavant vendus séparément, ce qui entraîne une forte augmentation des coûts pour les entreprises utilisatrices. Les deux principaux packages disponibles aujourd'hui regroupent les anciens produits individuels, et ces derniers n'existent encore que de manière très limitée. Les clients doivent acheter tous les produits d'une offre groupée, qu'ils en aient besoin ou pas. Les représentants de Voice s'en prennent également à la politique de prix de Broadcom. Selon eux, les prix des bundles sont basés sur la demande la plus importante. « Par exemple, si un client a besoin de beaucoup plus de licences pour la virtualisation des serveurs que pour la virtualisation du stockage, il doit quand même acheter le même nombre de licences réseau que celui dont il a besoin pour la virtualisation des serveurs », indique le club. En ce qui concerne les effets doublement négatifs de l'offre groupée, l'association explique que « la contrainte d'acheter plus de produits et de licences que nécessaire entraîne un effet de regroupement qualitatif »

Les responsables de Voice critiquent aussi les pratiques commerciales de Broadcom. Les clients dont les contrats de licence existants arrivent à échéance sont soumis à une forte pression pour négocier. Par exemple, le fournisseur refuse à ses clients le temps nécessaire pour le changement ou les options de renouvellement convenues dans le contrat. De plus, il retarde délibérément les réponses aux demandes de renseignements afin que les clients disposent d'un temps de réaction aussi court que possible pour respecter les délais fixés par Broadcom. « En raison de ces violations et de nombreux autres manquements graves de la concurrence loyale, Voice a décidé de déposer plainte auprès de la Commission européenne », a justifié M. Kaufmann. « Nous sommes attachés à une concurrence loyale sur le marché des logiciels et du cloud, mais malheureusement elle est régulièrement remise en question par des pratiques déloyales de la part de grands fournisseurs. Nous voulons nous défendre contre ces pratiques. » Pour mémoire d'autres actions sont en cours auprès de la Commission européenne, notamment la demande d'enquête réclamée par le CISPE (regroupant des fournisseurs de cloud) en avril 2024. Elle avait alors lancé une enquête formelle.

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