Microsoft continue de réduire ses effectifs, avec plusieurs milliers de suppressions de postes supplémentaires prévues, surtout dans les équipes commerciales, selon Bloomberg. (Crédit photo: Pixabay)
Dans un contexte de préoccupations croissantes autour de l'impact de l'IA sur les emplois dans l'industrie, Microsoft prévoit de supprimer plusieurs milliers de postes, principalement dans ses équipes commerciales.
Quelques semaines seulement après une première vague de licenciements en mai, qui avait entraîné la suppression d'environ 6 000 postes, Microsoft poursuit sa politique de réduction des effectifs. Selon Bloomberg, plusieurs milliers d'emplois supplémentaires devraient être supprimés, principalement dans les équipes commerciales. Si ces coupes sont officiellement justifiés par l'usage croissant de l'IA, plusieurs analystes estiment que cette explication ne suffit pas à comprendre pleinement la situation. Selon Hyoun Park, CEO et analyste en chef chez Amalgam Insights, « l'IA est souvent utilisée comme excuse, mais il y a d'autres facteurs à prendre en compte ». D'abord, le secteur technologique est encore en train de corriger une période de surembauche survenue au cours de la dernière décennie. « Les entreprises avaient embauché en anticipant des croissances très fortes, qui ne se sont pas concrétisées », explique Hyoun Park. Par ailleurs, certaines sociétés envisagent de réduire leurs équipes commerciales, notamment dans des secteurs où les renouvellements de contrats sont considérés comme automatiques et peu gourmands en efforts.
Au-delà de l'IA, des raisons stratégiques et financières
Ces suppressions d'emplois peuvent également traduire une prudence financière liée aux incertitudes sur les revenus immédiats générés par l'IA. Ce qui n'empêche pas l'entreprise de prévoir d'investir cette année 80 Md$ notamment dans ses centres de données, afin de répondre aux besoins croissants en capacité liés aux services d'IA. Un pari basé sur l'adoption massive de ces solutions, loin d'être gagné pour autant : « il est encore loin d'être certain que plus de 50 millions d'utilisateurs soient prêts à payer plus cher pour bénéficier des capacités IA de Microsoft », souligne Hyoun Park, pointant un risque financier majeur si cette adoption tarde à se concrétiser. D'autres experts soulignent que Microsoft mise sur un développement à long terme de l'IA en entreprise, notamment via la génération augmentée de récupération (RAG). La suspension ou renégociation de certains contrats de centres de données traduit une gestion prudente face à ces incertitudes. « Si la demande ne suit pas ou si les régulations se durcissent, Microsoft et les autres acteurs du cloud risquent d'avoir des capacités sous-utilisées, ce qui pourrait entraîner des ajustements tarifaires ou une segmentation des services », explique Sanchit Vir Gogia, CEO de Greyhound Research.
L'IA redessine les fonctions commerciales en entreprise
La concentration des suppressions de postes sur les équipes commerciales illustre, selon plusieurs analystes, une évolution plus large des fonctions de vente en entreprise. « L'essor des copilotes basés sur l'IA, des portails en libre-service enrichis par la télémétrie, ainsi que des outils de cartographie du parcours client réduisent le besoin de grandes équipes commerciales locales », explique Sanchit Vir Gogia. « Le repositionnement opéré par Microsoft s'inscrit dans une tendance similaire observée chez Amazon, Google ou encore Salesforce. » Mais malgré ces avancées technologiques, l'IA reste limitée lorsqu'il s'agit de mener des négociations complexes, de gérer des enjeux de conformité ou de coordonner plusieurs acteurs, des domaines où l'expertise humaine reste essentielle, souligne-t-il.
Suivez-nous