Quel est l'impact des droits de douanes dans les semiconducteurs

Les semi-conducteurs constituent 90 % de la chaine de valeur d'un SSD, selon Mc Kinsey. (crédit : AMD)

Les semi-conducteurs constituent 90 % de la chaine de valeur d'un SSD, selon Mc Kinsey. (crédit : AMD)

Dans un rapport, le cabinet McKinsey s'est penché sur les impacts des droits de douane sur l'industrie des semi-conducteurs et sur sa chaine de valeur, de la production au consommateur final. Certains produits comme les SSD et les racks serveurs pour datacenters sont particulièrement exposés.

Dans le quarté des plus grandes industries en termes de création de valeur selon McKinsey, les semi-conducteurs constituent aussi un enjeu vital pour de très nombreux autres secteurs (électronique, automobile, aérospatial et défense...). Mais, depuis l'annonce de la hausse des droits de douane imposés par Donald Trump au reste du monde le 2 avril dernier - et la riposte de l'Europe -, c'est le branle-bas de combat un peu partout dans le monde pour évaluer les risques économiques et les impacts associés. La situation est très suivie par les géants technologiques américains qui font fabriquer beaucoup de leurs composants en Chine où jusqu'à plus de 100% de droits de douane supplémentaires sur les produits importés vers les Etats-Unis ont été annoncés, incluant le gallium et le germanium, des matières premières essentielles pour fabriquer des semi-conducteurs.

Une situation qui a amené les acteurs à s'adapter : "Les tensions géopolitiques ont conduit les entreprises de semi-conducteurs et les acteurs en aval - entreprises de services de fabrication électronique (EMS), équipementiers automobiles, entreprises de produits électroniques grand public et distributeurs - à élaborer des stratégies visant à maintenir les volumes de production et les marges d'exploitation", explique, dans une étude, Mc Kinsey. Depuis, l'administration Trump a cependant tempéré certaines hausses et accordé des délais : "Au-delà des droits de douane spécifiques aux pays, les prélèvements sur les puces à semi-conducteurs ont été suspendus à compter du 14 avril 2025 par le bureau de l'industrie et de la sécurité (BIS) du ministère américain du commerce. Le BIS a annoncé une enquête visant à déterminer les effets des importations de semi-conducteurs et d'équipements de fabrication de semi-conducteurs sur la sécurité nationale des États-Unis. Il mène cette enquête en vertu de la section 232 de la loi sur l'expansion du commerce de 1962, qui permet au président de limiter les importations d'un produit et de ses dérivés."

Droits de douane et semi-conducteurs

Illustration des effets du tarif sur les coûts des semi-conducteurs pour un serveur polyvalent et un serveur de données d'intelligence artificielle. (crédit : McKinsey)

La hausse des droits de douane sur les semi-conducteurs peut avoir un impact qui varie sensiblement d'un produit fini à l'autre. Une situation qui s'explique par la part des semi-conducteurs dans l'ensemble des composants d'une chaine de valeur d'un produit, qui peut être très élevée dans le cas des SSD (90 %) ou encore des racks serveurs pour datacenters (81 %), mais moindre pour les PC portables (59 %) et les smartphones (57 %), selon Mc Kinsey. "Lorsqu'elles évaluent l'impact des droits de douane, les entreprises doivent tenir compte de deux facteurs principaux : l'étape de la valeur ajoutée à laquelle le droit de douane se rapporte (par exemple, les droits de douane sur les puces et les appareils finaux) et la manière dont le pays d'origine exportateur du produit est défini (par exemple, l'étape finale de la valeur ajoutée ou le pays de la dernière transformation substantielle)", poursuit le cabinet d'études.

Des options stratégiques variées

Pour déterminer au mieux l'exposition potentielle de leur portefeuille de produits aux tarifs douaniers, McKinsey enjoint les entreprises à décomposer chacun des produits de leurs principaux clients en sous-composants, à calculer la part des coûts que représente le contenu semi-conducteur dans chacun de ces sous-composants et à analyser le lieu de fabrication de la puce. Un exercice certes louable, mais complexe "qui peut aussi mettre en évidence les interdépendances potentielles entre les autres fournisseurs d'un client et l'impact du tarif final sur les coûts d'un produit, ce qui peut affecter la demande. Par exemple, les puces d'une seule entreprise peuvent ne pas augmenter les coûts tarifaires d'un produit. Si d'autres fournisseurs soumis à des droits de douane représentent une part substantielle de la nomenclature d'un produit, les ventes du client final pourraient tout de même être affectées en raison d'un déplacement de la demande", explique le cabinet. "Les droits de douane sur les composants des semi-conducteurs pourraient augmenter les coûts des produits finis et les droits de douane sur les produits finis pourraient entraîner une hausse des prix. En outre, si les droits de douane augmentent les coûts des intrants pour les fabricants dans le pays appliquant ces prélèvements, les produits peuvent devenir moins compétitifs, les prix globaux du marché peuvent augmenter et la demande de produits finaux peut être affectée. De même, si les droits de douane devaient finalement entraîner des pénuries de matériaux nécessaires, les contraintes de la chaîne d'approvisionnement pourraient limiter la production manufacturière globale."

Dans ce contexte, les entreprises du secteur des semi-conducteurs ont-elles une porte de sortie et quels peuvent être les impacts sur la demande ? Le cabinet se lance : "La plupart d'entre elles pourraient envisager une combinaison de trois stratégies : absorber ou répercuter les coûts tarifaires sur les consommateurs finaux, reconfigurer la chaîne d'approvisionnement et les portefeuilles de clients, et accroître les efforts en matière d'affaires gouvernementales pour devenir un partenaire réfléchi", explique McKinsey. Aux entreprises cependant de faire leur choix, car c'est bien connu : les conseilleurs ne sont pas les payeurs.



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