« Laissez-nous entreprendre », lance l'Afdel

L'Association française des éditeurs de logiciels a  profité de sa garden party, accueillie à l'Ambassade de Grande-Bretagne le 21 juin, pour redire ses convictions. Parmi celles-ci la nécessité de favoriser la constitution d'entreprises de taille intermédiaire. Le président de l'Afdel a aussi rappellé que le secteur du numérique manquait de main d'oeuvre.

« Laissez-nous entreprendre » a lancé à l'attention des pouvoirs publics le président de l'Afdel, Patrick Bertrand (en photo), lors de la garden party de l'association française des éditeurs de logiciels(*), la semaine dernière à Paris. « Quand on investit dans le numérique, cela booste le développement du PIB », a-t-il redit devant un auditoire de convaincus, au nombre desquels l'Ambassadeur de Grande-Bretagne, Sir Peter Westmacott, qui accueillait l'assemblée. Quelques minutes plus tôt, ce dernier avait rappelé que le logiciel pesait 100 000 emplois au Royaume-Uni.

« Mais on ne peut pas nous demander de réaliser de la croissance et raboter en même temps l'innovation », a poursuivi Patrick Bertrand en faisant référence à la modification du statut de la jeune entreprise innovante (JEI) rogné fin 2010 par la loi de finances 2011, et en rappelant au passage le coût que la réforme de la taxe professionnelle entraînait déjà. 

Travailler activement sur l'éducation

A ses côtés se tenaient Laure de la Raudière, députée UMP d'Eure-et-Loir, rapporteur de la mission d'information parlementaire sur la neutralité de l'Internet et des réseaux, et Gilles Babinet, président du CNN (conseil national du numérique). Patrick Bertrand s'est ensuite élevé contre le projet de « Taxe Google », amendement retiré depuis par le Sénat. Celui-ci visait à mettre en place une taxe de 1% sur l'achat de services de publicité en ligne. Son retrait a été obtenu notamment par l'action du CNN et de certains élus, a salué par la suite l'Afdel.

Le président de l'association française des éditeurs de logiciels a par ailleurs plaidé pour la mise en place d'une dynamique qui permettre de créer en France des ETI (entreprises de taille intermédiaire) pouvant donner naissance à des champions européens. Pour cela, « il faut que les entreprises françaises puissent se racheter ; il faut donc revoir le droit de la concurrence ». Un travail de pédagogie autour du numérique reste indispensable, selon lui avec, au coeur de tout, la recherche & développement et l'innovation. « Si les pouvoirs publics ne voient que la partie immergée et ne perçoivent pas l'importance de la R&D, nous aurons perdu une bataille. » Il faut aussi travailler activement sur des sujets tels que l'éducation, a souligné Patrick Bertrand. « Il y a une pénurie incroyable de main d'oeuvre ». 

Un des moyens d'éviter la régulation d'Internet, c'est aussi de faire en sorte que l'on éduque. Il y a là un devoir, estime le président de l'Afdel. « La réponse n'est pas réglementaire, elle passe par l'éducation des jeunes ».

La taxe dite Google a mobilisé contre elle

A sa suite, Laure de la Raudière a rappelé rapidement son parcours. Après avoir quitté France Télécom en 2001 pour entrer dans la start-up Pertinence Data Intelligence qui a levé des fonds, elle a créé sa propre société dans le domaine du conseil en R&T. Lancée en politique, elle a remarqué à l'Assemblée Nationale un créneau qui n'était pas trusté, celui des sujets portant sur le numérique et Internet, malgré la façon dont ils révolutionnent la société dans tous les domaines (santé, culture, droit...). « Tous ces problèmes se posent aux politiques qui cherchent comment faire appliquer la loi. » 

Autre sujet d'importance : comment profiter de la croissance de l'économie numérique. « Depuis 2007, le gouvernement soutient massivement l'innovation, d'abord avec la modification du crédit impôt recherche puis avec le statut de la JEU, jeune entreprise universitaire, inséré dans la loi Pécresse. » Elle se dit d'ailleurs en phase avec l'avis du CNN qui souhaite réparer les dommages faits fin 2010 au statut de la JEI, ajoutant être intervenue, sans succès, au Palais Bourbon pour maintenir le statut des JEI s'étant créées avant le vote de la loi.

Pour Laure de la Raudière, les 4,5 milliards d'euros du Grand Emprunt consacrés à l'économie numérique, « du jamais vu », a-t-elle tenu à souligner, signifient que l'Etat a tout de même conscience du potentiel de développement que représente ce secteur pour le France. Cela veut dire aussi qu'il devra y avoir des gens pour travailler dans ce domaine. « Nous avons en France un bon réseau et de l'appétit... D'autres pays embauchent des ingénieurs français. Il manque peut-être que l'on en fasse une ambition présidentielle, majeure pour notre pays ».

La députée a vu un effet positif dans la tentative de mise en place de la taxe dite Google. « Elle a mobilisé [contre elle] les acteurs de l'économie numérique qui ont dit : il faut que nous parlions aux politiques. Cela a été un catalyseur de création du CNN. » Elle y voit aussi un lien avec l'organisation du eG8 Forum

Un début sans doute, mais il reste encore du chemin à parcourir pour sensibiliser les politiques à l'économie numérique sous tous ses aspects, bien au-delà des médias sociaux et du web marchand. 

Le meilleur réseau de VC en Europe

Gilles Babinet, créateur de start-up (CaptainDash, MXP4, Eyeka) et désormais président du CNN, a affirmé pour sa part que la France disposait de sérieux atouts, au nombre desquels la qualité de ses grandes écoles et de son infrastructure. Aux postes « techno » des principaux acteurs du Web (les Google, Facebook, Yahoo...) se trouvent des Français. L'ADSL en France est le moins cher au monde, a-t-il également rappelé, estimant que la fracture sur ce terrain était avant tout géographique.

« Nous avons le meilleur réseau de VC [venture capitalists, investisseurs en capital risque] de financement de l'industrie innovante d'Europe. Pour le financement de l'innovation, nous sommes passés devant la Grande-Bretagne. » Mais, il a également pointé : « Ce qui est particulier à notre industrie [numérique], c'est qu'elle est informelle » en évoquant le récent rapport McKinsey sur l'impact d'Internet sur l'économie française. 1,2 million d'emplois créés, 500 000 détruits, sans politique structurée de l'Etat. « Le numérique permet de démultiplier cela ». Il cite la Californie avec ses presque 40 millions d'habitants comptant 20 millions d'actifs dont 8 travaillant dans le numérique. En France, avec la sortie du rapport McKinsey et la prise de conscience des pouvoirs publics, « nous sommes à un tournant », considère-t-il.

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