Les revenus d'Intel baissent pour la 7e fois consécutive au T2 2022

Intel a vu son chiffre d'affaires diminuer de 22% au second trimestre 2022. (Crédit Photo Intel)

Intel a vu son chiffre d'affaires diminuer de 22% au second trimestre 2022. (Crédit Photo Intel)

La situations économique et géopolitique conjuguée aux problèmes sur la chaîne d'approvisionnement ont pesé sur les résultats d'Intel. Le fondeur enregistre un chiffre d'affaires 15 % inférieur à que ce qu'il avait prévu. Les concurrents font preuve de plus de résilience.

Sous l'effet conjugué de difficultés macroéconomiques et de problèmes internes, le chiffre d'affaires d'Intel a chuté de 22 % pour atteindre 15,3 Md$ au deuxième trimestre 2022, marquant ainsi le septième trimestre consécutif de baisse pour le fabricant de puces. De plus, les recettes ont été inférieures de 15 % aux prévisions initiales de la société pour le trimestre. « En raison d'un environnement macroéconomique difficile et de nos propres difficultés d'exécution, nos résultats pour le trimestre ont été bien inférieurs aux attentes et nécessitent une révision importante de nos prévisions financières pour l'ensemble de l'année », a déclaré Pat Gelsinger, CEO d'Intel, lors d'une conférence téléphonique avec les analystes.

Bien que la situation économique ait eu un impact sur l'ensemble de l'industrie des semi-conducteurs, le fondeur a été bien plus touché que prévu. La société a revu à la baisse ses prévisions de revenus pour l'année fiscale, les ramenant à 65-68 Md$, contre 76 Md$ prévus initialement. La rentabilité, elle aussi, devrait baisser puisque la société a révisé ses estimations à 2,30 $ par action, contre 3,60 $ par action estimés précédemment.

« Intel est toujours en train de se sortir d'un trou que la société a creusé elle-même il y a des années », explique Glenn O'Donnell, directeur de recherche chez Forrester. « Alors que la performance aurait pu être meilleure ce trimestre, les difficultés de l'entreprise sont plus profondément ancrées. Pat Gelsinger, fait ce qu'il faut pour redonner à Intel sa splendeur d'antan, mais cela va prendre quelques années. Je pense que la stratégie est saine. Les investisseurs ne l'aiment pas parce que c'est un plan à long terme qui se fait au détriment des bénéfices à court terme. »

La demande de PC ralentit

Après une forte hausse de la demande pendant la phase initiale de la pandémie de Covid-19, les expéditions mondiales de PC devraient diminuer de 9,5 % en 2022, selon les dernières prévisions de Gartner. Le Client Computing Group d'Intel, qui fabrique des puces pour les PC de bureau et les ordinateurs portables, a vu ses revenus chuter de 25 % pour atteindre 7,7 Md$ au cours du trimestre.

« La demande de PC et d'équipements pour centres de données s'est considérablement ralentie au cours du deuxième trimestre. Face à la situation économique mondiale les entreprises réduisent leurs dépenses. Mais dans le cas des PC, nous sortons d'un pic pandémique. Pendant la période Covid, la demande a atteint des niveaux irrationnels. », a déclaré Glenn O'Donnell.

Ce dernier prévoit également de mauvais résultats pour AMD et Nvidia au cours des prochains trimestres pour les mêmes raisons. Intel devrait cependant faire pire, car la firme fabrique ses propres processeurs. « L'une des principales raisons pour lesquelles ils feront mieux [les concurrents d'Intel] est qu'ils ne fabriquent pas réellement leurs composants. Intel dépense des milliards dans des capacités de production, ce qui impacte son résultat net. Encore une fois, elle doit le faire, mais cela n'est pas bien perçu », a-t-il précisé.

Des problèmes internes poussent Intel derrière ses concurrents

Alors que d'autres fournisseurs de semi-conducteurs connaissent une croissance dans des domaines tels que la fabrication de circuits graphiques et de composants pour smartphones, Intel n'a pas réussi à s'imposer dans l'un ou l'autre de ces segments, ce qui a affecté sa croissance. Nvidia, par exemple, a vu ses revenus grimper de 40 % au cours du dernier trimestre, tandis que TSMC a vu ses revenus augmenter de 36,6 % et son bénéfice net bondir de 76,4 %. « Intel a toujours été une entreprise intégrée qui - à la fois - conçoit et fabrique des composants. En conséquence, elle a pris du retard dans la conception par rapport à AMD. Nvidia, Qualcomm, et dans la fabrication, comparé à TSMC. », a déclaré Pareekh Jain, CEO de Pareekh Consulting.

« Elle avait une activité dans les PC et les serveurs et n'avait pas d'empreinte dans le secteur mobile. Elle s'est retrouvée derrière Nvidia pour les puces GPU et IA, et derrière AMD pour les composants de serveur. De plus, l'un de ses clients - Apple - a commencé à développer ses propres processeurs et avec de meilleurs résultats », a-t-il ajouté.

Tout n'est pas perdu pour Intel

Malgré les vents contraires qui soufflent sur le marché des PC et des serveurs, Intel a encore quelques cordes à son arc. Ces dernières années, deux événements se sont produits sur le marché des semi-conducteurs : la pénurie de puces causée par une demande sans précédent, et la prise de conscience de l'importance stratégique de l'industrie des composants pour un pays ou une région en raison de la géopolitique et des problèmes de chaîne d'approvisionnement. « On assiste à une vague de localisation et des investissements sont prévus dans les semi-conducteurs dans des régions telles que les États-Unis, l'Europe et l'Inde. Intel mène ce mouvement. C'est la société non-asiatique la plus importante dans le domaine de la fabrication de puces et elle pourrait bénéficier de cette vague de localisation. Intel a annoncé un investissement de 80 Md$ en Europe au cours de cette décennie et de plus de 20 Md$ aux États-Unis », a expliqué Pareekh Jain.

D'autres domaines, tels que celui des solutions 5G (OpenRAN et Edge) et des puces destinées au secteur automobile, ont bien fonctionné pour Intel. Un meilleur ciblage pourrait aider l'entreprise à tirer de plus amples bénéfices de ces deux domaines. Par exemple, Nex, la division d'Intel axée sur les réseaux  5G, a réalisé un chiffre d'affaires record de 2,3 Md$ au cours du trimestre, une hausse de 11 % sur un an. « Pour Nex, nous prévoyons un autre trimestre record et une croissance continue tout au long de l'année », a déclaré Pat Gelsinger.

De même, Mobileye, l'entité d'Intel spécialisée dans la conduite automobile autonome, continue de connaître une demande massive. « Nous avons réalisé un autre trimestre record en termes de revenus au deuxième trimestre et nous continuons à être prêts à débloquer davantage de fonds avec notre proposition d'introduction en bourse, qui se fera en fonction des conditions du marché. Le carnet de commandes de Mobileye continue de gonfler, les contrats de conception remportés au premier semestre 2022 générant 37 millions d'unités d'activités futures, contre 16 millions d'unités livrées au premier semestre », a déclaré Pat Gelsinger.

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