Pourquoi le modèle économique du logiciel libre est mûr

Alors qu'il fête aujourd'hui son 25ème anniversaire, le logiciel libre est devenu un véritable marché, avec un chiffre d'affaires de 3 milliards d'euros en France. Il s'appuie désormais sur un modèle économique solide, façonné par les noms de l'industrie IT, depuis IBM jusqu'à Google et, maintenant, en passant par Microsoft.


Dossier réalisé en collaboration avec
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En ce mois de février 2011, le logiciel libre fête son 25ème anniversaire. La paternité du concept a en effet été attribuée à Richard Stallman , chercheur au fameux MIT. L'originalité du personnage et du projet d'origine est pour beaucoup dans l'image « hippie » du free software. L'objectif étant à la base plus politique que technique ou économique, le logiciel libre a longtemps traîné la réputation de ne correspondre à aucun business model viable.
Les grands éditeurs dits « propriétaires », dont Microsoft, ont logiquement entretenu cette image, notamment vis-à-vis de leurs partenaires de la distribution ou des services. Leur discours était plausible : le logiciel libre ne génère ni chiffre d'affaires ni marges.
Ce 25ème anniversaire a une autre portée : il permet de rappeler que le logiciel libre n'est pas beaucoup plus jeune que le marché du PC, qui s'est développé en France à partir de 1985. Il ne s'agit donc pas d'une nouveauté.

Des dissidences fortes

Au cours des années 90, la confusion était d'autant plus forte que deux modèles aux connotations proches sont apparus. Le premier est celui des freewares (la traduction française « gratuiciels » n'ayant jamais eu de succès). Le succès de ces applications gratuites a surtout eu pour effet de persuader le marché que « logiciel libre » et « gratuité » étaient synonymes. Dans les faits, les freewares s'apparentent plus à des investissements marketing qu'à une démarche politique.

Et depuis l'apparition du terme « open source » en 1998, les deux notions sont elles aussi utilisées comme des synonymes, alors que l'open source est avant tout un projet technologique.

Ces différentes concurrences font que le logiciel libre n'était toujours pas considéré comme un marché au début des années 2000. Selon une étude de Pierre Audoin Consultants, la part de marché du libre dans l'ensemble des logiciels n'était que de 0,2% en 2002. Toujours selon PAC, cette part de marché devrait passer la barre des 5% cette année (voir Distributique du 16 mars 2010). Comment l'activité du logiciel libre a-t-elle pu être multipliée par 25 en une décennie ?

Les grands changent d'avis

Certes, le logiciel libre a bénéficié d'importantes améliorations durant ses 15 premières années d'existence, notamment en termes de stabilité et de robustesse, mais les principales explications d'un tel bond restent économiques. En la matière, le rôle des grands acteurs de l'industrie IT a été déterminant. Non seulement ils ont financé les éditeurs du libre (Linux pour IBM et Firefox pour Google, par exemple), mais ils ont structuré l'écosystème du « libre » en lui apportant un modèle économique.

En 2004, on voit ainsi naître en France l'Association des Sociétés de Services en Logiciels Libres (ASS2L), qui devient dès 2007 la Fédération Nationale de l'Industrie du Logiciel Libre. Aujourd'hui, on retrouve notamment parmi ses membres des entreprises telles que IBM, Bull, Accenture, Capgemini, Sopra ou Unilog.

Concrètement, le principal changement, qui date de la première moitié des années 2000, est que les acteurs du logiciel libre abandonnent le caractère « militant » de cette activité : le logiciel « propriétaire » n'est plus un adversaire et peut même se révéler complémentaire.

Même Microsoft...

Une autre évolution majeure concerne l'image du logiciel libre dans les entreprises, et notamment les grands comptes. En la matière, on se souvient qu'en 2004, Jean-Pierre Raffarin, alors Premier Ministre, avait donné un précieux coup de pouce au libre en en faisant un des moyens pour l'Etat de réduire ses dépenses. De fait, de nombreux projets importants ont été lancés depuis : Gendarmerie Nationale, Direction des Impôts, Archives Nationales, Education Nationale, etc. Impliquées dans ces projets, les grandes SSII ont naturellement permis au logiciel libre de devenir crédible.

Constatant par ailleurs que des Etats comme le Brésil et l'Afrique du Sud, et une région comme l'Andalousie, annonçaient qu'ils basculaient entièrement vers le logiciel libre, Microsoft s'est finalement résolu à s'impliquer lui aussi dans ce marché. Le ralliement de l'éditeur n'est évidemment pas pour rien dans l'accélération de la croissance du « libre ». Selon PAC, le marché français devrait dépasser 3 milliards d'euros cette année, soit le double qu'en 2009

Ce phénomène pourrait être appelé « la cohabitation »...



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