Bonitasoft insiste sur le rôle des partenaires

Figure bien connue du marché du BPM et du monde de l'open source, Miguel Valdés-Faura a co-fondé Bonitasoft en 2009 avec Charles Souillard et Rodolphe Le Gall. (Crédit : Bonitasoft)

Figure bien connue du marché du BPM et du monde de l'open source, Miguel Valdés-Faura a co-fondé Bonitasoft en 2009 avec Charles Souillard et Rodolphe Le Gall. (Crédit : Bonitasoft)

Après s'être imposé dans le paysage du BPM en open source dès 2009, Bonitasoft a fait évoluer son offre et sa stratégie. Une décennie plus tard, l'éditeur français se focalise sur les projets de transformation numérique complexes des grandes entreprises. Pour compléter sa plateforme de BPM et développement low code sur la partie RPA, il s'est aussi associé à l'éditeur UIPath.

Bonitasoft aura 10 ans le mois prochain. L'éditeur français, qui a plongé ses premières racines du côté de l'Inria, s'est distingué d'emblée en développant sa solution de BPM en open source. Une décennie plus tard, sa plateforme se focalise sur les projets de transformation numérique des grands comptes. A l'ère du low code, un vocable que Miguel Valdés-Faura, co-fondateur et PDG de Bonitasoft, manie avec précaution, l'entreprise « aide les équipes métiers à faire évoluer leurs applications », nous a expliqué le dirigeant. Plus les entreprises clientes sont grandes, plus leurs projets sont complexes. « Là où nous sommes particulièrement bons, c'est lorsque nous accompagnons des équipes multidisciplinaires - architectes, développeurs, ergonomes, équipes métiers... - sur plusieurs géographies », décrit-il. Collaboration, agilité et amélioration continue constituent le terrain où Bonitasoft « excelle » aujourd'hui, expose le PDG.

Lorsque la société s'est créée, il y a 10 ans, elle a très rapidement développé son activité hors de l'Hexagone. L'international, « c'est évident aujourd'hui, ça l'était moins en 2009 », rappelle Miguel Valdés-Faura qui a cofondé l'entreprise avec Charles Souillard, actuel directeur des opérations, et Rodrigue Le Gall, parti en 2015 sur d'autres projets. Dès le départ, la start-up installée à Grenoble s'est fortement capitalisée avec des levées précoces qui totalisent maintenant 28 M€ à travers 4 fonds français, Ventech, Auriga Partners, Serena et Bpifrance. Un coup d'oeil dans le rétroviseur fait apparaître une croissance de Bonitasoft en deux phases. Une première phase d'hypercroissance sur le chiffre d'affaires, avec une forte progression aux Etats-Unis et en Amérique latine, s'est accompagnée des habituelles pertes associées à ce schéma de développement.

Sur la deuxième phase, la société est devenue profitable, depuis 3 ans. Désormais, Bonitasoft veut afficher la solidité financière qui « rassure les gros clients », tout en gardant son esprit start-up, nous a exposé Miguel Valdés-Faura. Il confie piloter l'entreprise un peu différemment ces deux dernières années. Objectif principal : retenir les clients existants. Et de fait, le taux de rétention atteint maintenant 93%. Rien de surprenant à cette progression. Au début de son parcours, Bonitasoft a voulu tester différents marchés et types de clients. « Nous avions un taux de croissance énorme avec de nombreux petits comptes ». Or, les petits clients ont tendance à « churner », reconnaît le PDG, passant d'un éditeur à l'autre suivant les projets. Avec l'expérience, l'éditeur français a donc creusé son sillon avec les grands comptes sur des projets critiques où il confirme sa pertinence. Ses priorités commerciales se cristallisent maintenant sur l'Europe et les Etats-Unis, les deux marchés de référence pour Bonitasoft, même si la société réalise toujours 16% de son activité en Amérique latine à travers des partenaires locaux (le marché est complexe, chaque pays est différent).

L'approche low code, à aborder prudemment

Sur l'approche low code, Bonitasoft se montre prudent. S'il la revendique, à l'instar des autres acteurs historiques du BPM, Miguel Valdés-Faura met les entreprises en garde. D'Outsystems à Mendix en passant par ServiceNow et Salesforce, tout le monde fait du low code, expose-t-il. Mais il est dangereux de laisser croire que le low code permet de se passer de développeurs. Prétendre que l'on peut mener un projet de transformation digitale avec une banque en croyant que les équipes métiers vont concevoir l'application en low code, cela prête à sourire, pour le moins, souligne-t-il. « Oui, l'équipe métier va travailler avec l'équipe technique, mais c'est dangereux de prétendre que l'on peut réussir sans développeurs ». Pour tout projet, Bonitasoft s'enquiert en préambule des profils techniques impliqués. Selon le niveau de criticité du chantier, l'éditeur préfère le refuser si le client veut s'y engager sans partenaire ni développeur. Ce qui peut se faire pour de petites applications métiers n'est pas soutenable pour des projets sophistiqués. « Inutile de donner de faux espoirs », déclare Miguel Valdés-Faura. S'il y a le moindre problème, l'image est mauvaise pour tout le monde, avance-t-il en insistant sur le fait que Bonitasoft se focalise justement sur les projets complexes.

Parmi les clients français de l'éditeur, il cite Crédit Agricole, Maif, Orange et plusieurs ministères. « Ces 4 exemples sont assez représentatifs de nos différents clients ». Les banques, assurances et opérateurs de télécommunications évoluent sur des marchés très concurrentiels où la priorité numéro 1 est de chiper des clients aux autres et de les retenir, d'où la nécessité d'une transformation numérique. « Quant au secteur public, c'est l'un des marchés historiques du BPM, surtout en Europe », rappelle le dirigeant.

Devops et amélioration des processus par l'IA

Quand on l'interroge sur les particularités de Bonitasoft face à la très forte concurrence existant sur le marché du BPM, du low code et des projets de transformation, le co-fondateur indique d'abord la démarche open source. Celle-ci permet de ne choisir qu'une partie de la plateforme et d'offrir une flexibilité au client. Le dirigeant cite ensuite l'extensibilité. « C'est un peu lié. Sur certaines applications que vous voulez customiser, on peut ajouter son code », explique-t-il. « Nous outillons les équipes de développement et pas seulement les métiers ». Aux développeurs, Bonitasoft fournit à la fois une interface graphique simplifiée avec des fonctions « click and drag » et permet aux développeurs web confirmés d'ajouter leur propre code. « Et les deux équipes vont travailler ensemble au fil de l'eau ; c'est pour cela que c'est important que les équipes techniques participent au projet », souligne le PDG.

Autre point important : le développement itératif et agile. « L'effet tunnel des projets, tout le monde en a assez », pointe Miguel Valdés-Faura. Les deux derniers composants, vendus séparément de la plateforme Bonita, se concentrent donc sur la livraison continue des applications, avec Continuous Delivery (BCD), et sur l'amélioration continue, avec Intelligent Continuous Improvement (ICI). Avec BCD, les équipes Devops peuvent « facilement et rapidement déployer un nouveau serveur Bonita, dans le cloud par exemple, et le scaler », explique le PDG. Le composant permet de gérer le cycle de vie des applications de façon itérative et de faire du versioning. « Tout est automatisé ». L'outil permet de tester les différentes versions et peut être intégré à l'outillage de test des développeurs. Le composant d'amélioration continue, Bonita ICI, s'appuie de son côté sur l'intelligence artificielle. Sa capacité à faire des prédictions vient aider les métiers à prendre des décisions pour faire évoluer certains processus. Dans une banque par exemple, en regardant les algorithmes de traitement des prêts depuis 2 ans, le composant peut suggérer qu'il peut y avoir un problème avec telle ou telle demande de prêt. Cette suggestion pourra conduire à élaborer une nouvelle version qui redirigera ces demandes problématiques vers une autre équipe de la banque. Les métiers restent autonomes mais lorsque l'application doit être modifiée, ils peuvent collaborer avec les développeurs, explique le dirigeant. « Plus le projet est complexe, plus on apporte de la valeur, c'est la réalité des gros projets et c'est une chose que nous avons apprise aussi au fil des années. On ne peut pas couvrir tous les projets pour toutes les entreprises », conclut Miguel Valdés-Faura.

Sur le RPA, une complémentarité avec UIPath

Le RPA, Robotic process automation, est l'un des autres mots-clés souvent rencontrés ces derniers mois qui ont vu l'ascension fulgurante d'un éditeur comme UIPath avec lequel Bonitasoft a noué un partenariat il y a 18 mois. Avec le RPA, technique fort ancienne revenue en force sur le devant de la scène, il s'agit d'automatiser les tâches répétitives robotisées par logiciel. Ces solutions viennent compléter les plateformes des spécialistes du BPM tels que Bonitasoft. Le RPA agit sur des tâches et des processus existants. La complémentarité avec le BPM intervient dès qu'il y a de la coordination et qu'il faut distribuer du travail entre différentes personnes. Le partenariat avec UIPath crée des opportunités. Sur les projets de transformation, il faut repenser les processus avec le BPM, mais certaines étapes d'un processus global peuvent être confiées à un robot. « Dans les projets qui ne sont pas encore mûrs ou de court terme, les entreprises commencent par le RPA, quand les projets sont plus transverses, les deux technologies sont utilisées. Nous essayons d'adresser les clients ensemble ».

10 ans après sa création, Bonitasoft réunit 80 salariés dont 65 sont en France - à Grenoble où se trouvent les équipes de R&D ou Paris - et 15 personnes à San Francisco. Une particularité toutefois. Même si l'entreprise a conservé ses bureaux, en réalité, « tout le monde peut travailler où il le souhaite », expose Miguel Valdés-Faura. Le télétravail est un terrain sur lequel l'éditeur est allé prudemment, petit à petit. Mais « la nouvelle génération a beaucoup d'attente sur l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle », rappelle le PDG. « Nous demandons seulement un calendrier à jour et partageable et que l'organisation personnelle ne nuise pas au travail d'équipe ». Enfin, lorsque l'on interroge le dirigeant sur une éventuelle introduction en bourse. « J'essaie de ne pas fermer les portes et je regarde différentes options dont celle-là. Mais ce n'est pas une priorité », conclut-il.

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