Les frais de port n'ont pas fini d'augmenter

En un été, les 4 premiers grossistes IT français auront augmenté leurs frais de port, en prenant bien soin que les comparaisons soient difficiles. Et ce, « sans s'être concertés », affirment-ils d'une seule voix. Pour autant, cette hausse ne règle pas leur problème et en préfigure d'autres, notamment si les fournisseurs, qui ne facturaient pas de frais de port à leurs grossistes jusqu'à présent, se décident à le faire.

Cela fait plus d'un an que les grands grossistes informatiques hésitent à répercuter l'augmentation des coûts du transport, chacun d'entre eux étant bien conscient que de nombreux revendeurs allaient se reporter sur le « moins disant ». La hausse du prix du pétrole de l'été 2008 a fait céder les dernières digues. Le 1er juillet, ETC Métrologie tirait le premier en annonçant une augmentation de ses forfaits, de 1 à 2 euros selon les cas. Le 1er août, Ingram Micro décidait qu'il fallait « procéder au recouvrement des frais de port au niveau mondial », selon les termes utilisés par Pierre-Yvon Méchali, Directeur Général adjoint d'Ingram Micro France. Le 8 septembre 2008, Tech Data mettait lui aussi en place un nouveau barème. Enfin, lundi prochain, le 15 septembre, Actebis officialisera lui aussi une augmentation des frais de port. Cette hausse des tarifs a inévitablement des conséquences sur les ventes : « L'activité s'est effectivement ralentie au mois d'août, reconnaît Pierre-Yvon Méchali, mais il est difficile de savoir quel est la responsabilité de notre nouvelle politique de frais de port dans ce ralentissement ». Ainsi, en moins de trois mois, les 4 premiers grossistes IT du marché français ont procédé à des augmentations qui leur permettent - en fonction des commandes - de se retrouver aux mêmes niveaux de prix. Les uns et les autres écartent d'emblée toute idée de « concertation » sur ces augmentations estivales. Et ce n'est pas fini... Par contre, à mots couverts, tous reconnaissent que le mouvement de rattrapage n'a fait que commencer. « Que ce soit clair, l'objectif n'est pas pour nous de maximiser les bénéfices mais de faire en sorte que nous soyons encore là dans deux ans. Une chose est sûre : malgré les augmentations, les forfaits sont loin de couvrir la totalité de nos coûts de transport », explique Gérard Youna, Président de Tech Data France. Ce grossiste affirme d'ailleurs que le transport est désormais le deuxième poste, derrière la masse salariale. « Je ne donnerai que deux exemples, ajoute Gérard Youna : le transport représente jusqu'à 20% du prix d'une imprimante, pour laquelle notre marge est au mieux de 3% ; et pour les produits à plus forte valeur ajoutée, le port peut absorber 80% de la marge ». « Trois facteurs participent au phénomène, poursuit René-Luc Caillaud, Directeur Général d'ETC Métrologie : la hausse des coûts du transport, la baisse du prix moyen de vente et la volonté des fournisseurs de répercuter eux-mêmes une partie des surcoûts auxquels ils font face ». En d'autres termes, l'augmentation des frais de port chez les grossistes ne fait que commencer. D'ailleurs, ETC Métrologie fera une nouvelle annonce en octobre pour mettre en place des tarifications différenciées, selon le niveau de service et les délais demandés. En clair, on paiera moins si l'on accepte d'être livré plus tard. « Nous ne pouvons pas maîtriser l'évolution du coût de l'énergie, nous ne pouvons pas demander beaucoup plus aux transporteurs, nous sommes allés très loin pour améliorer notre productivité et nous n'avons pas les moyens de freiner la baisse des prix, résume René-Luc Caillaud. La marge de manoeuvre concerne donc la relation entre nos clients revendeurs et nous, et les habitudes de chacun. » Concrètement, les grossistes inciteront les revendeurs à grouper davantage leurs commandes, à anticiper quand ils le peuvent pour passer par l'affrètement plutôt que par la messagerie ou à privilégier les dropshipment depuis les usines des constructeurs. Il existe bien une dernière mesure, qui consisterait à demander aux revendeurs de répercuter le coût de ces augmentations sur le prix proposé au client final, mais personne ne se risque à en faire ouvertement un cheval de bataille. Le moment n'est pas opportun... Rendre la comparaison difficile Même s'ils affirment qu'ils ne se sont pas concertés, les grands grossistes ont réussi ensemble une prouesse : il est très difficile de comparer les politiques de frais de port et, donc, d'en faire un critère d'achat décisif. Tout dépend de la commande et de la variable retenue par le grossiste (frais de port pour chaque commande, par jour, au poids, etc.). Au final, il n'y a pas « un » grossiste qui serait particulièrement mieux disant que les autres en matière de frais de port.

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