Comment une fédération professionnelle peut-elle aider les métiers qu'elle représente ? Les réponses d'André Vidal, Président de la FEB, qui analyse également les motivations des membres du forum de la CRI (Communauté des Revendeurs Informatiques.
Distributique.com : Les tensions économiques peuvent-elles fragiliser les liens entre les acteurs des marchés IT et bureautiques ? André Vidal : L'inquiétude ne fait que rendre plus nécessaire encore les actions communes. Il faut distinguer ce qui relève effectivement de la « crise » dont tout le monde parle et ce qui est lié à l'évolution logique du marché. Les initiatives qu'ont pris récemment un certains nombre de revendeurs informatiques (NDLR : à l'image des membres des forums de la Communauté des Revendeurs informatiques) ne sont pas liées à la conjoncture, mais à une évolution structurelle. Il est compréhensible que l'on réagisse en poussant un « coup de gueule », mais cela ne peut pas donner de résultat : une fois pour toutes, il faut comprendre que le marché grand public est entièrement capté par la grande distribution. On ne crée pas une association constructive en diabolisant les grandes enseignes ou en stigmatisant telle ou telle marque. La vraie question est : une fois qu'on s'est bien défoulé, on fait quoi ? Distributique.com : Dans ce cas, quel est le rôle d'une fédération comme la FEB ? André Vidal : Il consiste tout d'abord à définir des objectifs clairs et partagés par tous. La FEB compte aujourd'hui plus de 1 700 membres et représente la distribution informatique et bureautique. Mais que ce soit clair, le rôle d'une fédération consiste à défendre et à promouvoir des métiers, pas à négocier des conditions commerciales pour chacun. Si le but est d'obtenir des prix, on crée un groupement d'achat, pas un syndicat professionnel. En l'occurrence, je rappelle que la plupart des groupements informatiques ont rejoint la FEB. Distributique.com : Les professionnels de la distribution attendent légitimement des résultats de leurs syndicats professionnels : que peut concrètement obtenir la FEB ? André Vidal : Ce n'est pas parce que nous ne nous occupons pas des négociations commerciales que nous n'obtenons pas de résultats. Le raccourci est un peu trop facile ! Il y a deux ans, nous avons gagné notre procédure contre l'UGAP et avons réussi à faire casser plusieurs marchés. Dans le domaine des marchés publics également, nous avons également obtenu que le Guide de l'Achat Public permette de préserver la part qui devait être réservée aux revendeurs et prestataires locaux. En ce moment, nous sommes en train d'obtenir des accords de dérogation pour les délais de paiement. Cela concerne notamment les distributeurs de papeterie, de fournitures et de mobilier de bureaux, qui règlent traditionnellement à 90 jours. Ils devraient avoir 3 ans de plus pour passer à 45 jours. Tout ça demande d'avoir des réunions avec les ministères ou avec la DGCCRF*. Cela demande des moyens et ne s'improvise pas. Distributique.com : Quels sont vos projets pour les mois qui viennent ? André Vidal : Je veux tout d'abord préciser que nous recevons un nombre croissant de demandes d'adhésion et que le cap des 2 000 membres sera franchi l'an prochain. Si cette progression rapide ne facilite pas le comptage de l'effectif global, nous estimons que nous représenterons plus de 20 000 salariés et un chiffre d'affaires d'environ 2 milliards d'euros. Notre prochaine convention, qui aura lieu à Nice du 17 au 19 juin 2009, accueillera également l'UFIPA (NDLR : Union de la Filière Papeterie), qui réunit notamment des réseaux tels que Spicers ou Office Dépôt. Nous développons aussi plusieurs programmes de formation dédiés aux commerciaux, télévendeurs, sédentaires et itinérants, ou destinés aux techniciens. Nous sommes par ailleurs en train de finaliser notre nouveau site Internet, qui permettra à nos adhérents d'accéder à une boîte à outils complète : réglementations, contrats de travail, etc. Ces différentes tâches de fond ne nous empêchent pas de défendre les intérêts de certaines activités et de porter des messages, mais notre rôle ne consiste pas à obtenir des remises. * DGCCRF : Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes.
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