Canalys aux revendeurs : «Ne proposez pas de services de cloud public à vos clients. »

Selon Steve Brazier, le dirigeant de Canalys, le marché du cloud computing pourrait faire face à un atterissage mouvementé. Crédit photo : D.R.

Selon Steve Brazier, le dirigeant de Canalys, le marché du cloud computing pourrait faire face à un atterissage mouvementé. Crédit photo : D.R.

Les investissements des fournisseurs de cloud public continuent de progresser alors que les prix de leurs prestations chutent sous l'effet de la concurrence. Cette situation pose la question de la survie de certains des acteurs du secteur et du devenir des données qu'ils hébergent. Face à ce risque, leurs services ne doivent pas être commercialisés par les revendeurs, estime le dirigeant du cabinet d'étude Canalys.

Steve Brazier, le patron de Canalys, n'y va pas par quatre chemins. Durant une conférence donnée lors du forum européen qu'organisait sa société d'études à Cannes, il a fortement déconseillé aux revendeurs de proposer des services de cloud public à leurs clients. A l'heure où les data centers destinés à la fourniture de ce type de prestations fleurissent ou grossissent partout dans le monde, l'avertissement a de quoi surprendre. Mais l'homme ne manque pas d'arguments : « Des millions de dollars sont investis dans des infrastructures de cloud public. Mais nous ne connaissons personne qui en retire des bénéfices financiers. » Prenant comme exemple Amazon Web Services, Steve Brazier estime que la structure a perdu près de 2Md$ l'an dernier. En outre, les 410 M$ à 810 M$ de pertes auxquelles s'attend sa maison mère Amazon pour 2014 lui seraient en partie, voire totalement, imputables.

Une crise comparable à la crise financière possible

Or, que fait Amazon, il continue d'engloutir des sommes d'argent colossales dans son offre de cloud public. « Lors de son dernier trimestre fiscal, les dépenses d'investissement de capital d'Amazon ont grimpé de 59% à 1,29 Md$. On peut supposer que cette inflation est similaire pour Google et Microsoft », a déclaré Steve Brazier. Et pendant que les coûts progressent, les prix facturés aux clients plongent. Ce qui laisse peu de place au ROI et pourrait amener le marché du cloud public vers un atterrissage en catastrophe, similaire à celui qu'a connu le secteur bancaire en 2008.

Un Microsoft, un Google ou d'autres mastodontes du secteur IT ont les reins assez solides pour faire face pendant longtemps, mais pas certains de leurs concurrents dont la survie pourrait s'avérer plus précaire à l'avenir. Après tout, n'est-ce pas le jeu normal de la concurrence sur un marché ? Oui, mais à l'image des banques, les fournisseurs de cloud public sont d'une certaines façon trop gros, ou plutôt trop importants, pour tomber. En effet, ces derniers stockent une telle quantité de données parfois essentielles pour la vie des entreprises que les gouvernements pourraient être amenés à les renflouer en cas de crise du secteur. Un revendeur ou un prestataire de services IT qui tient à garder ses clients n'auraient donc tout simplement aucun intérêt à lui proposer les services d'un cloud public.

« Cela fait 13 trimestres que Salesforce.com perd de l'argent »

Steve Brazier n'est pas davantage tendre avec le SaaS : « La revente d'une licence logicielle classique rapportait environ 100% de marge à un éditeur. Maintenant, ils utilisent près de 5% des capacités serveurs disponibles dans le monde pour délivrer leurs solutions dans le nuage. Cela commence à se voir sur leurs résultats. » Pour renforcer son propos, le patron de Canalys cite le cas de Salesforce.com. « Une superbe machine marketing mais qui perd de l'argent depuis 13 trimestres. Son but actuel est de ramener ses dépenses sur les plans commerciaux et promotionnels à 105% de son chiffre d'affaires. »

Par F.A.

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