Une récente enquête menée par Xerfi-Precepta pointe les faibles marges de manouvres des SSII face à la crise, la nécessité de changer leur modèle et le risque qu'elles courent d'être mises en concurrence avec les fournisseurs eux-mêmes. Explication de Ludovic Melot, directeur d'études de ce cabinet d'analyse.
Distribtuique.com : Très récemment, le Syntec Numérique a estimé que le marché des services IT s'était transformé pour être plus résistant à d'éventuels aléas économiques. Or, une étude de Xerfi Precepta affirme, elle, que la crise de 2009 a largement écorné les marges de manoeuvre financières des SSII à un moment où la conjoncture économique se dégrade. Sur quoi se fonde cette analyse ?
Ludovic Melot : En 2009, la profession a subit la crise économique de plein fouet avec pour effet une baisse importante de ses marges cette année-là. A l'époque, le résultat d'exploitation des sociétés de services informatique s'est replié de 1,6 point en moyenne à 4,7% contre 6,3% un an avant. Le marché s'est repris l'année suivante avec une hausse de 1,5% du chiffre d'affaires qui n'a toutefois occasionné qu'un rebond de 0,5% du résultat d'exploitation. 2011, enfin, peut sembler être une bonne année puisque les revenus du secteur ont progressé de 2,5%. Ont ne peut toutefois pas parler de reprise car si le premier semestre a été euphorique, le second s'est avéré assez tendu. En outre, il faut analyser les chiffres de ces dernières années dans leur ensemble. Après avoir progressé de 5% en 2008, le marché à donc reculé de 4% en 2009. Cela créé un effet de base qui fait que les croissances dégagées les années suivantes n'ont toujours pas permis au marché de revenir à son niveau d'avant la crise. Or, quand une activité connaît un tel recul alors que la masse salariale reste importante, cela créé un effet ciseaux par définition négatif. Dans ces conditions, on ne pas dire que les SSII disposent de marges de manoeuvre importantes. Ces dernières ne devraient d'ailleurs pas s'améliorer grandement en 2012. D'une part, parce que les revenus des SSII ne progresseront que dans une fourchette de 1 à 2%. D'autre part, parce que les conditions économiques vont amener les clients à négocier encore les prix et favoriser ainsi de nouvelles tensions sur les marges de leurs prestataires.
Distributique.com : A défaut de disposer de marges de manoeuvres importantes, comment les SSII peuvent-elle agir pour s'adapter ?
Ludovic Melot : Ils existent des relais de croissance bien connus liées à l'émergence de nouvelles technologies. Les solutions de mobilités, le chantier de la migration vers Windows 7, la montée en puissance du secteur public ou encore le cloud computing en font partie. Mais pour en tirer vraiment profit, les SSII vont devoir clarifier leur approche en évitant de se présenter comme des spécialistes sur types les types de sujets. Aujourd'hui, dès qu'une nouvelle technologie fait son apparition, tout les acteurs de la profession veulent se positionner et disent en être de fins connaisseurs. Ils ont tendance à accepter les projets quels qu'ils soient et à ne se préoccuper qu'ensuite de leurs capacités à le mener à bien. Mais les entreprises ont évolué. Elles ont appris que personne ne peut prétendre savoir tout faire. En ce sens, une société de services informatiques qui limite le nombre des prestations qu'elles proposent pour se spécialiser sur quelques unes d'entre elles me semble mener une démarche intéressante. Mais l'évolution de l'approche des SSII ne doit pas se limiter à cette problématique de spécialisation technologique. Elles doivent également réfléchir à leurs modèles économiques, c'est-à-dire opter pour la fourniture de services banalisés que les entreprises achètent au meilleur prix ou pour des prestations sur-mesure plus génératrices de marges. Le problème est que les SSII veulent en général proposer ces deux types de prestations. Or, il est par exemple difficile d'optimiser un modèle de prestations de services industrialisé, viable s'il est maîtrisé, tout en maintenant une activité à forte valeur ajoutée en parallèle. La mise en oeuvre de ces choix implique une réorganisation parfois difficile des sociétés de services et s'inscrit dans une stratégie à long terme. Ils seront d'autant plus compliqués à faire pour celles qui sont cotées en bourse et n'ont donc qu'une vision à court terme pour satisfaire leurs actionnaires.
Distributique.com : Lorsqu'elle aborde le cloud computing, l'étude de Xerfi-Precepta indique qu'il est certains que les SSII ne seront pas seules sur ce marché. Quels sont les futurs concurrents auquel vous pensez ? [...]
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