Philippe Salle, PDG d'Atos a dévoilé son plan stratégique pour la SSII d'ici 2028. Au programme, une simplification structurelle et organisationnelle autour des marques Atos et Eviden. Un millier de suppression de postes et la fermeture de pays sont envisagés. La société veut aussi se focaliser sur l'IA et la cybersécurité en prévoyant des acquisitions en 2026.
« Atos is back, nous avons été blessés, mais nous sommes toujours là » répète avec insistance Philippe Salle, PDG de l'ESN lors d'un point presse pour la présentation du plan stratégique nommé Genesis. Pas de lien biblique assure le dirigeant qui aurait pu utiliser le terme Phénix, mais il s'en est déjà servi chez Emeria. Pourtant, c'est bien une renaissance auquel il fait référence. « La première question a été de savoir où nous voulions jouer, sur quel marché ? Nous souhaitons être un groupe mondial, nous avons donc décidé de garder toutes nos activités y compris aux Etats-Unis », précise Philippe Salle.
Simplification autour d'Atos et Eviden
Cette orientation s'accompagne néanmoins d'une simplification organisationnelle et structurelle. « Nous avons simplifié la structure avec la holding Atos Group et deux marques Atos et Eviden. Elles comprendront six business unit pour la première et quatre pour la seconde », glisse le PDG. Exit donc TechFoundation (issue de la scission d'Atos en 2023) et retour à la marque Atos qui comprendra l'activité infogérance, le développement applicatif, le conseil en matière de cybersécurité, le digital workplace, migration vers le cloud. On note l'apparition d'une division dédiée à la data et l'IA. « Nous allons clairement nous orienter vers l'IA aussi bien en interne ou en externe. En interne, l'IA va servir pour améliorer le delivery des différentes activités, nous allons l'intégrer dans les back office RH, finance ou IT. Cela servira de cas d'usage vis-à-vis des clients », précise-t-il. Cette activité pourrait être renforcée par de la croissance externe en 2026, souligne aussi le responsable.
Pour Eviden, la cession à l'Etat de l'activité HPC (ex Bull) est toujours en discussion. Ce dernier a signé une lettre d'engagement pour un montant compris entre 500 et 625 M€. « Les supercalculateurs est un dossier à part. Il s'agit certainement de l'activité qui a un peu moins sa place au sein d'Atos », observe Philippe Salle. Il ferme aussi la porte à la vente de MCS (Mission Critical System), qui comprend notamment le système de commandement de Scorpion (programme de modernisation de l'armée de Terre) et la sécurisation des réseaux de communication à bord des avions Rafale. « Au regard des évolutions en Europe sur les dépenses militaires, ce n'est pas le moment de vendre », assure-t-il. Idem sur les produits de cybersécurité où le groupe compte réaliser des acquisitions en 2026. « L'IA et la cybersécurité sont des axes stratégiques pour les prochaines années », insiste-t-il.
Suppressions de postes et fermeture de pays attendues
Si Atos veut rester global, il n'oublie pas son lourd endettement (et sa reprise par ses créanciers). Dans le plan Genesis, la société s'engage donc dans un programme de réduction des coûts. Cela passera par la fermeture de pays, « pour l'instant, nous sommes dans les discussions pour savoir quels sites fermeront », explique Philippe Salle. Il ajoute que l'entreprise va se concentrer sur les zones les plus rentables en opérant dans 6 pôles régionaux : France, Allemagne, Autriche et Europe de l'Est, Belux, Pays-Bas et pays nordiques, Royaume-Uni et Irlande, Amérique du Nord et marchés internationaux. Concernant le volet social, Philippe Salle évoque la suppression de 1 000 postes « partout dans le monde ». Ce programme s'accompagne aussi d'une réduction des dépenses administratives et générales de 5% de son chiffre d'affaires d'ici 2028. Par ailleurs, aucun dividende, ni rachat d'actions ne sont prévus avant 2028.
L'objectif pour Philippe Salle est de regagner des points de marge opérationnelle pour permettre à Atos de financer ses ambitions. « Nous prévoyons d'ici 2028, une marge opérationnelle de 10% et aller chercher les 10 Md€ de chiffres d'affaire notamment par des acquisitions », explique le dirigeant. Il aura fort à faire, car il révise déjà à la baisse les prévisions de revenus pour 2025 à 8,5 M€ contre 9,5 Md$ estimés en septembre 2024. Il pointe du doigt la faible dynamique commerciale et la révision de certains contrats. Philippe Salle croit en son plan au point de vouloir doubler son investissement dans la société, il a acquis pour 9 millions d'euros d'action.
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