Thierry Congard : «je n'ai pas créé une SSII pour être un sous-traitant »

Fondateur de Proservia, Thierry Congard a vendu sa société à Manpower. Il s'exprime sur sa décision, son métier et l'évolution forcée qu'il ne souhaite plus subir.

-          Pourquoi vendre l'entreprise que vous avez fondée ?

« Il est toujours un peu difficile de prendre ce genre de décision. J'ai créé Proservia en 1994 avec 100 000 francs, une table de camping et une chaise. Nous sommes plus de 900 collaborateurs avec 47,8 ME de CA annuel en 2010. L'aspect financier n'entre pas en ligne de compte. Mais l'environnement a trop changé. Les grands groupes, du fait de leurs politiques d'achat, ne référencent que les grandes SSII. Il faut montrer patte blanche, dépendre de jeunes acheteurs qui ne connaissent pas votre métier mais veulent vous l'apprendre, pour moi c'est non, je n'ai pas créé une entreprise pour être un sous-traitant.

Prenez un autre exemple, celui des banques. Fin 2010, j'ai acheté NetLevel. Proservia avait une trésorerie solide, mais compte tenu des conditions de marché, j'ai voulu emprunter. Le 24 décembre à 17h02, mon banquier m'a envoyé un mail refusant le prêt, je devais signer le 28 décembre.  L'opération s'est faite, malgré ma banque, et j'ai changé d'établissement. Notre environnement s'est fondamentalement modifié, on tue les PME. »

-          Pourquoi vendre à Manpower ?

« Je ne voulais pas d'un confrère, il y aurait forcément des doublons et je tenais à préserver mes collaborateurs. Je suis autodidacte, j'ai embauché des jeunes sans formation, des salariés trop âgés pour travailler ailleurs, bref nous ne ressemblons à aucune SSII. Manpower partage avec nous cette philosophie où l'humain est au centre de l'entreprise. Ils sont connus comme entreprise d'intérim mais savent aussi placer des collaborateurs de haut niveau dans des grands comptes et misent sur l'acquisition de compétences. »

-          Qu'allez-vous devenir ?

« J'accompagne Proservia jusqu'à fin décembre. Ensuite, je ne resterais pas  sans activité, j'ai 47 ans ! Mais je veux retrouver le plaisir au travail, retrouver tout simplement ma famille, ma femme a trop souvent diné seule ! Professionnellement, j'accompagne une jeune société vigicorp et son portail iswigo qui prépare sa deuxième version. «