Depuis mai dernier, les éditeurs de logiciels de CAO comme Cadence sont obligés d'avoir une licence pour exporter leur solution en Chine. (Crédit Photo: Cadence)
Selon Reuters, l'administration Trump envisage de freiner l'exportation de logiciels vers la Chine y compris ceux intégrés dans des produits ou systèmes. Une décision qui pourrait fragiliser les industriels et leur logistique.
Quelques jour avant la rencontre entre Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping, la Maison Blanche durcit le ton face à Pékin. Après les semi-conducteurs, les outils de litographie, les autorités américaines envisagent de restreindre l'exportation des logiciels développés aux Etats-Unis vers la Chine. Selon Reuters, cette initiative est une réponse aux restrictions chinoises sur les terres rares, essentielles aux composants électroniques, batteries,... Une escalade aux conséquences importantes pour les industriels.
Un champ de bataille stratégique
Pour les analystes, la restriction des exportations de logiciels marque un stade inédit dans la « guerre froide technologique ». En effet, les mesures de rétorsion précédentes avaient déjà fragilisé la supply chain des industriels, l'extension aux logiciels pourrait accentuer cette tendance. « Les logiciels sont au coeur de la conception et de la gestion des systèmes matériels. Des limitations plus strictes vont renforcer et accélérer cette division », explique Neil Shah, vice-président recherche chez Counterpoint Research. Il ajoute que « la majorité des outils et des systèmes proviennent de sociétés américaines. Créer un écosystème parallèle serait coûteux et complexe ».
Les industriels ont déjà eu un avant-goût des contrôles renforcés sur les exportations de logciels critiques. En mai dernier, certaines sociétés comme Cadence, Synopsys et Siemens EDA (spécialisées dans la conception assistée par ordinateur) doivent désormais obtenir une licence pour vendre aux entreprises chinoises. Par ailleurs, début octobre a annoncé l'instauration de restrictions supplémentaires sur les « logiciels critiques » d'ici le 1er novembre.
Des audits difficiles à mener
Pour les industriels, l'impact sur la logistique sera important. Elles devront prouver qu'aucune étape de conception, de production ou de distribution n'utilise de logiciels américains. Un audit quasi impossible à grande échelle. Même des produits conformes pourraient se retrouver dans un vide réglementaire, perturbant le commerce et la production. « Cela aura un impact majeur sur l'offre et la demande, entre problèmes de compatibilité, conflits de propriété intellectuelle, contrôle de la distribution et complexité réglementaire », souligne Neil Shah. « La portée mondiale des entreprises américaines pourrait en être limitée, non seulement en Chine, mais potentiellement sur d'autres marchés. »
Si ces mesures passent, elles pourraient affaiblir la position américaine dans l'écosystème logiciel mondial. « Les grandes entreprises devront restructurer leurs opérations pour rester en conformité et limiter les risques juridiques », note Prabhu Ram, VP chez Cybermedia Research. L'expérience des contrôles à l'export montre que chaque restriction à court terme stimule des solutions locales et la diversification des sources. « Ces mesures pourraient accélérer l'autonomie technologique chinoise », prévient Charlie Dai, VP et analyste chez Forrester. « Pour les éditeurs américains, la complexité réglementaire et l'accès aux marchés étrangers vont se durcir, réduisant leur compétitivité », observe-t-il. Les industriels devront renforcer la résilience et la transparence de leurs chaînes d'approvisionnement.







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