Nous avons construit notre moteur de recherche sémantique en interne pour permettre de retrouver des images, des vidéos ou des documents sur la base de prompts naturels, et faciliter ainsi le quotidien des équipes créatives, explique Brandon Fan, CEO de Shade. (Crédit P.K.)
Fondée à New York en 2023, la start-up Shade propose une plateforme de stockage cloud unifiée taillée pour les fichiers médias - des données structurées - et destinée aux équipes créatives. Concurrente de Lucid Link, Frame.io, Google Drive, la jeune pousse mise sur l'intelligence artificielle pour automatiser la gestion de contenus, tout en affichant une ambition mondiale.
C'est à l'occasion d'un IT Press Tour, début octobre à New York, que Brandon Fan, CEO et co-fondateur de Shade, nous a présenté sa vision d'un stockage média « intelligent » : « Nous voulons être la source unique pour toutes les équipes créatives, en fusionnant ingestion, streaming en temps réel, révision collaborative et recherche avancée par l'IA sur une même plateforme ». Un positionnement qui vise à répondre à la fragmentation du secteur, où « les entreprises créatives doivent constamment jongler entre Lucid Link, Frame.io, Google Drive ou des NAS locaux, au risque de perdre du temps et de l'argent. » Né en 2023 et forte déjà de 94 clients, Shade a levé cinq millions de dollars auprès de fonds américains tels que General Catalyst, Signal Fire et Bling. L'équipe, composée d'une quinzaine de personnes basées majoritairement à New York, ambitionne dix millions de dollars de revenus pour l'an prochain, preuve d'une forte accélération depuis le lancement public début 2025.
Conçue d'abord pour les fichiers vidéo mais ouverte à tous types de documents (PDF, Word, images, InDesign...), Shade se distingue par l'intégration de technologies comme la génération automatique de métadonnées, la transcription texte, et la reconnaissance faciale via des modèles d'IA propriétaires ou open source. « Grâce à Shade, il suffit d'un prompt pour que l'IA analyse et classe des milliers d'assets : elle identifie les types de prise de vue, reconnaît les logos ou personnes, et rend chaque fichier instantanément retrouvable », explique Brandon Fan. À la clé, une promesse de gain de temps spectaculaire, que ce soit pour décrire des vidéos ou retrouver une photo prise il y a trois ans. Le coeur de Shade, baptisé « single source of truth », permet aux utilisateurs d'uploader une seule fois leurs contenus et de les rendre disponibles en streaming, avec partage de liens sécurisés et gestion extrêmement fine des permissions. L'outil propose aussi commentaires, annotations, et des workflows collaboratifs que l'on retrouve habituellement sur plusieurs logiciels concurrents.
Réunir les charges de travail dispersées
La plateforme cloud entend aussi unifiant les workflows dispersés : un projet n'est plus stocké dans huit outils différents, mais centralisé, partagé et annoté depuis Shade, via une interface web ou une application desktop. Streaming de fichiers volumineux, gestion de droits fins, marquages collaboratifs, export de transcriptions ou génération de prévisualisations : tout est conçu pour fluidifier le travail distribué des équipes créatives, qu'elles soient à New York, Londres ou Manille. « Notre objectif, c'est d'offrir à tous l'expérience d'un NAS dans le cloud, accessible partout comme un simple SSD - mais sans la complexité ni les limitations des solutions legacy », précise le CEO.
Shade propose par ailleurs une migration assistée des données depuis Lucid Link, Frame.io, Box ou Google Drive, pour faciliter la transition vers une architecture unifiée. Financièrement, la start-up avance que les entreprises peuvent réduire jusqu'à 70 % leurs coûts, en remplaçant cinq à sept solutions par une seule plateforme. « La majorité de nos clients sont des directeurs créatifs, des responsables post-prod ou des départements marketing, parfois frustrés de devoir justifier auprès de leur DAF l'achat de licences multiples... Avec Shade, tout est inclus : IA, streaming, gestion documentaire, partage sécurisé », souligne Brandon Fan.
Dépasser le secteur des médias
Si Shade vise d'abord le secteur des médias, son fondateur ne cache pas son ambition d'étendre la plateforme à d'autres verticales, notamment l'architecture, l'éducation ou la santé : « Nous avons déjà des utilisateurs dans l'industrie, l'éducation ou la santé. Ce que nous avons construit pour la vidéo - la partie la plus complexe - s'applique de façon naturelle au document workflow, notre prochain axe de croissance. » Un écosystème d'API et d'intégrations doit par ailleurs permettre d'automatiser l'orchestration et la circulation des contenus dans l'entreprise, à l'image de ce que Salesforce ou Notion ont apporté à leurs domaines respectifs.
En misant dès l'origine sur une architecture « AI-native » et une expérience utilisateur centrée sur la simplicité (installation des clients lourds sur Mac, Windows, Linux, accès web, lien de partage unique, droits granulaires), Shade entend s'imposer comme l'alternative moderne aux mastodontes du stockage. « Dropbox ou Google Drive n'ont pas évolué depuis des années, alors que les besoins explosent, notamment avec la vidéo 4K et l'essor de l'intelligence artificielle. Nous ne sommes qu'au début d'un changement de paradigme », conclut Brandon Fan.







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