Virtualisation de serveurs : comment gérer la complexité ?



Le défi des solutions pour industrialiser la gestion des machines virtuelles

« Après la phase 1 de la virtualisation, à savoir la consolidation des serveurs, il est temps pour les entreprises d'automatiser et d'orchestrer les environnements physiques et virtuels» résume Jean Pierre Ullmo, directeur des solutions virtualisation et automatisation de CA Technologies pour l'Europe du Sud. «L'administration des environnements virtuels est plutôt en cours d'industrialisation alors que la consolidation des serveurs est déjà industrialisée » ajoute pour sa part Sylvain Delpy, responsable avant ventes chez BMC Software. Les solutions d'administration sont nombreuses, certaines, matures, existent depuis des années, qu'elles soient payantes ou gratuites. Cela dit, la console unique dont le but est de simplifier et de regrouper les services n'est pas encore à l'ordre du jour. Et pour cause, les entreprises travaillent toujours en silo.

Une offre conséquente


Microsoft, Citrix et Vmware, les trois fournisseurs les plus répandus de plateformes virtuelles (hyperviseurs) proposent leurs propres outils : Vsphere et Vcenter pour VMware, System Center pour Microsoft et Xenserver Administration (briques modulaires) pour Citrix. Même s'ils mettent en avant leurs hyperviseurs dans leurs outils d'administration, ils prennent de plus en plus en charge ceux des concurrents. «On sait, par exemple piloter des machines virtuelles d'origine VMware ou Citrix» précise Fabrice Meillon, expert en virtualisation chez Microsoft. De leur côté, les historiques de la supervision IT, CA Technologies, BMC, HP et IBM ont pris position sur ce terrain en ajoutant plusieurs briques spécifiques interopérables avec leur suite globale de supervision. C'est le cas, par exemple de IBM avec Director, de BMC Software avec Business Services Management  ou encore de CA technologies qui, via CA Automation Virtual a intégré différents outils (Virtual Assurance, Virtual Automation, Virtual Configuration, Virtual Assurance et Virtual Privilege Manager). On peut également citer HP avec Insight Control et Matrix Operating Environment. Tous ces outils savent gérer le provisionning, le contrôle, la garantie de service, la sécurité,  la facturation, l'optimisation d'environnements virtualisés complexes et bien d'autres fonctions... Plus généralement, ces big fours (HP, IBM, CA Technologies et BMC Software) mettent en avant leur savoir-faire historique dans les outils d'administration des environnements physiques en les transposant dans les environnements virtuels mais aussi leurs différences culturelles par exemple sur la maîtrise des environnements hétérogènes (X86 mais aussi Unix et Linux).

La virtualisation est une technologie jeune qui a, de ce fait, également révélé une multitude d'acteurs spécialisés comme Veeam (fortement implanté dans les environnements VMware) ou encore Quest Software (avec le rachat de Vizioncore en 2008). Certains de ces outils sont interopérables et savent gérer des environnements hétérogènes. D'autres manquent de flexibilité car trop fermés.

Quelques priorités à suivre...


Les acteurs sont nombreux, il est donc très difficile de s'y retrouver dans toutes ces applications constituées d'une véritable mille-feuille. « L'offre est importante, il faut l'analyser comme un assemblage de briques et de fonctions car les entreprises n'ont pas les mêmes besoins » confie Guillaume Le Tyrant, responsable marketing produit pour l'Europe du Sud chez Citrix (en illustration ci-dessus). Par exemple, certains acteurs comme HP ou Dell mettent en avant certaines différences notamment sur leurs compétences matérielles. «Si je compare nos outils avec ceux de Microsoft, ils sont complémentaires car nous possédons des compétences plus pointues sur la partie matérielle que sur le logiciel, nous savons analyser la durée de vie d'un serveur. Alors que Microsoft a, de son côté, la maîtrise des systèmes d'exploitation » souligne Olivier Petit, chef de produit serveurs et virtualisation chez HP. Les besoins diffèrent aussi suivant la taille des entreprises. En effet, la majorité des moyennes entreprises se désintéressent à toute la partie workflow et process alors qu'elles sont plus enclines à adopter des outils d'automatisation. Pour les grands comptes, c'est souvent l'inverse.

Malgré tout ce bouillonnement, quelques priorités se dégagent dans l'administration d'environnements virtuels. Déjà, il faut mettre en place des procédures simples liées à la création et suppression de machines virtuelles en utilisant des outils permettant d'automatiser l'arrêt/suppression d'une machine virtuelle en fonction de différents critères. La planification, également est conseillée. Elle sert à savoir où et à qui le responsable attribue les ressources. Ensuite, il devient indispensable d'automatiser les tâches d'administration et de gérer les ressources (provisioning, répartition de charge, haute disponibilité, optimisation de la consommation énergétique, les mises à jour, la facturation). Enfin, le dé-commissionnement, c'est-à-dire la récupération de toutes les ressources, devient nécessaire.

Des solutions « sur-mesure »


Toutefois, il y a un point essentiel que les outils d'administration négligent souvent, c'est le métier des entreprises. « La valeur du métier en entreprise est souvent ignorée, à tort, c'est pourtant la priorité... Qu'est-ce qu'un métier et comment je le mesure ? Il faut être capable de le cartographier, il y a un manque flagrant d'outils sur le marché qui couvrent les métiers» explique Yves Pellemans, directeur Technique du groupe APX. Et d'ajouter « par exemple, avec EyesOfNetwork, nous proposons une solution de supervision d'environnements hétérogènes virtuels et physiques dédiée au domaine de la santé ». EyesOfNetwork a déjà séduit les établissements hospitaliers publics de Poitiers et de Saint-Flour. Il est clair que la formalisation de nouvelles procédures d'exploitation en ligne avec les besoins métier de l'entreprise devient indispensable.

C'est aussi peut-être dans ce contexte que de nombreuses entreprises s'en remettent directement à leur prestataire qui leur propose, en quelque sorte, du sur-mesure. «Déjà, Il faut bien comprendre les difficultés des entreprises qui disposent d'environnements hétérogènes. Certaines solutions commercialisées manquent de souplesse et proposent trop de fonctions. Ces outils ne seront pas forcément exploités en entreprise si les équipes techniques n'y adhèrent pas. Le suivi est indispensable. Il faut des outils polyvalents et flexibles qui répondent à leurs métiers» indique Johnny Da Silva, responsable des services transversaux  au sein de la SSII Linkbynet. Un avis que partage un bon nombre de sociétés de services spécialisées dans la virtualisation qui développent donc des outils, le plus souvent en open source. Mais pour d'autres, le risque de choisir des solutions « sur-mesure » est de s'enfermer dans un environnement propriétaire pieds et poings liés avec le prestataire dont sa pérennité n'est pas forcément garantie.

D'autre part, il est également primordial d'impliquer les équipes IT en interne dans les entreprises souvent très segmentées.  Les administrateurs de l'environnement virtuel se retrouvent à gérer du système, du réseau, du stockage et de la ressource serveurs alors que les administrateurs réseaux et stockage ignorent ce qu'il se passe dans l'environnement virtuel. Et que dire de l'équipe liée à la sécurité qui, dans certaines organisations, n'est toujours pas consultée. Cela pose un réel problème. La première phase à mener, avant le déploiement d'une solution technique est un travail d'audit : comment la virtualisation dans le SI est administrée et modéliser les changements à opérer dans les usages et les métiers. C'est un travail d'architecte dans l'entreprise. La virtualisation doit être vue comme un projet global qui ne s'achète pas sur un simple catalogue.


>>> SOMMAIRE DU DOSSIER

La virtualisation des serveurs a-t-elle complexifié le système d'information ?

Le défi des solutions pour industrialiser la gestion des machines virtuelles

Interview Thomas Luquet et Sylvaine Dekeyrel de NEC France


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