Broadcom ralentit le cycle des mises à jour VMware

La dernière approche de VMware consiste à proposer à ses clients quatre versions mineures par version majeure (par exemple VCF 9.0, 9.1, 9.2, 9.3) de VCF tout en leur donnant plus de temps pour passer à la dernière version. (crédit : VMware)

La dernière approche de VMware consiste à proposer à ses clients quatre versions mineures par version majeure (par exemple VCF 9.0, 9.1, 9.2, 9.3) de VCF tout en leur donnant plus de temps pour passer à la dernière version. (crédit : VMware)

Suite aux vives réactions des DSI lassées par la fréquence des mises à jour et par les changements de licence pour les solutions VMware, Broadcom a réagi. Rallongement à 3 ans des cycles de publication des versions majeures et extension à 6 ans du support de VCF 9.0 ont été annoncés.

Depuis son rachat par Broadcom, VMware a fondamentalement modifié sa stratégie de développement. Dernières évolutions en date, le passage d'un cycle de mises à jour tous les deux ans pour les versions majeures de ses produits à une cadence plus mesurée de trois ans, tout en allongeant également les cycles de vie du support. Il s'agit là d'un repli stratégique reflétant la résistance croissante des entreprises aux mises à niveau forcées dans un contexte d'augmentations spectaculaires des coûts. Le fournisseur a annoncé que Cloud Foundation (VCF) 9.0, désormais en version finale, sera pris en charge pendant six ans au lieu de cinq, et que les versions mineures seront espacées de neuf mois au lieu de six. A noter que la possibilité de recourir à du support étendu pour les versions majeures passe de deux ans auparavant à un an désormais. « En réponse aux commentaires des clients, nous modifions les modalités de support et la cadence des versions à partir de VCF 9.0 », a déclaré VMware dans un communiqué. L'entreprise ajoute que ces changements rendront les « dates de sortie plus prévisibles, les périodes de support plus longues et apporteront plus de flexibilité pour mieux s'adapter aux fenêtres de mise à jour des clients ».

Le ralentissement du rythme représente un changement d'approche important pour une entreprise qui a toujours favorisé les cycles d'innovation rapides. « Les DSI considèrent la période actuelle de 24 à 36 mois comme critique pour les décisions relatives à la stratégie de la plateforme », a déclaré Sanchit Vir Gogia, analyste en chef et CEO de Greyhound Research. L'allongement des délais intervient alors que les entreprises sont confrontées à des augmentations du coût des licences pouvant aller jusqu'à 500 % et contraintes à une date butoir pour migrer avant la fin du support de VCF 8, fixée au mois d'octobre 2027.

Lassitude des entreprises et réorientation stratégique Le changement de cadence tient compte de ce que les analystes du secteur appellent la « lassitude des mises à niveau » parmi les entreprises clientes qui se débattent avec la refonte des licences de VMware. Après l'acquisition de ce dernier, Broadcom exige depuis 2025 que ses clients acquièrent une licence pour un minimum de 72 coeurs par commande, quels que soient leurs besoins réels, tout en regroupant des produits auparavant distincts en bundle dans des paquets d'abonnement complets. Ce changement d'approche intervient alors que les entreprises sont soumises à une pression sans précédent pour prendre rapidement des décisions en matière de plateforme.

« Sur l'année 2025, la plupart des DSI ont mis en place des projets pilotes structurés, sachant que les décisions prises après le début de l'année 2026 pouvaient entraîner une exécution précipitée ou des renouvellements forcés », a fait remarquer M. Gogia. « La rigidité des termes imposée par les fournisseurs et le regroupement des SKU limitent la marge de négociation, ce qui les oblige à des évaluations de migration des applications, appelée aussi replatforming, plus tôt que dans les cycles de rafraîchissement précédents. La pression a atteint un point critique sur le plan juridique après la plainte couronnée de succès intentée par Rijkswaterstaat (RWS), un organe du ministère des Infrastructures et de la Gestion de l'Eau des Pays-Bas, contre VMware, obligeant l'entreprise à fournir deux ans d'assistance à la migration après que l'agence ministérielle a dû faire face à une augmentation des coûts de 85 %. Selon les observateurs du secteur, ces défis croissants ont influencé l'approche de VMware en matière de développement de produits et de cycles de vie de l'assistance.

Le nouveau modèle de mise à jour prévoit quatre versions mineures par version majeure (VCF 9.0 à 9.3), les premières versions bénéficiant d'une assistance pendant 27 mois et la version ultime pendant 45 mois. Cette structure offre aux entreprises de multiples possibilités de mise à niveau plutôt que de les contraindre à une progression en dents de scie. « Les grandes entreprises devraient consacrer 2,5 à 3 ans à l'évaluation, la planification et l'exécution efficaces de leur stratégie de migration », a indiqué Tanvi Rai, analyste principal chez Everest Group. Celle-ci recommande d'achever la validation des concepts et les négociations commerciales d'ici au premier semestre 2026 pour permettre une migration progressive jusqu'à la mi-2027. L'extension de la fenêtre de support est cruciale étant donné que Forrester Research estime que jusqu'à 20 % des entreprises clientes de VMware évaluent d'autres solutions, citant « une grande lassitude » face aux hausses de prix et aux offres groupées forcées.

Des améliorations techniques pour compenser des hausses de coûts Malgré les problèmes de licence, VCF 9.0 apporte des gains de performance qui pourraient justifier des coûts plus élevés dans certains environnements. Selon un communiqué, la plateforme améliore de 40 % la consolidation des serveurs grâce à l'Advanced NVMe Memory Tiering et introduit la déduplication globale vSAN pour améliorer l'efficacité du stockage. « Alors que les réformes des licences ont augmenté les coûts par coeur de 85 à 500 %, les dernières versions de la plate-forme offrent des gains mesurables, comme l'amélioration de 38 % de l'efficacité de la hiérarchisation de la mémoire », a fait valoir Sanchit Vir Gogia. « Les entreprises doivent désormais estimer la valeur sur trois plans parallèles : la simplicité des licences, la densité de l'infrastructure et la portée de l'automatisation.

Mme Rai a fait aussi remarquer que l'équation du coût total varie considérablement selon le type de déploiement. « Le coût total de possession peut s'améliorer ou rester stable dans les environnements limités en CPU grâce à des améliorations techniques et structurelles », a-t-elle pointé. « Les entreprises qui renouvellent leur matériel et optimisent leur utilisation de l'ensemble de la pile VCF peuvent trouver le nouveau modèle neutre en termes de coûts, voire légèrement bénéfique. » Cependant, l'impact varie en fonction du secteur, les entreprises de la logistique, des services publics et du commerce numérique étant confrontées à des défis particuliers en raison de la forte variabilité de la charge de travail.

VMware pour les charges critiques et des alternatives pour les autres La combinaison de la pression des coûts et de l'allongement des délais de support conduit à une nouvelle approche de la stratégie de virtualisation. Plutôt que de remplacer les plateformes en bloc, les entreprises poursuivent ce que M. Gogia appelle la « décentralisation contrôlée ». Les plateformes alternatives, notamment Nutanix AHV, Microsoft Azure Stack HCI et Red Hat OpenShift Virtualization, sont parvenues à maturité pour gérer la plupart des charges de travail à usage général, en prenant en charge la haute disponibilité, la reprise après sinistre et la virtualisation GPU. « Nous approchons d'un point de basculement fonctionnel où environ 70 à 80 % des charges de travail pourraient quitter VMware aujourd'hui, mais les opérations à l'échelle de l'entreprise sans VMware, en particulier pour les systèmes de niveau tier-1, ne se généraliseront probablement pas avant la fin de 2026 ou plus tard », a noté Mme Rai. La stratégie émergente consiste à conserver VMware pour les charges de travail critiques tout en déployant des alternatives dans les sites edge, les environnements de développement et les dernières applications container native. « Il ne s'agit pas d'un changement idéologique, mais d'une stratégie de couverture pragmatique conçue pour gérer les coûts, les options et l'alignement de la feuille de route », a fait remarquer pour sa part M. Gogia.

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