Lente progression à prévoir pour la vraie 5G

Gilles Brégant, directeur général de l'Agence nationale des fréquences (ANFR). (Crédit ANFR)

Gilles Brégant, directeur général de l'Agence nationale des fréquences (ANFR). (Crédit ANFR)

Depuis le 1er octobre dernier, date à laquelle la vente aux enchères de la 5G sur la bande des 3,5 GHz  s'est clôturée, les quatre opérateurs commercialisent déjà des forfaits 5G, les abonnés peuvent bien évidemment en profiter là où des antennes 5G sur la bande des 3,5 GHz sont déjà opérationnelles dans quelques grandes villes (Le Mans, Lyon, Dijon, Rouen, Marseille, Paris et quelques autres) ; pour l'heure, ces antennes 5G sur la bande des 3,5 GHz ne sont pas encore très nombreuses sur le territoire, quelques centaines pas plus. Toutefois, comme le rappelle, Gilles Brégant, directeur général de l'Agence nationale des fréquences (ANFR) lors du Forum 5G organisé par RM Conseil et diffusé via LaTribuneTV Events, la 5G fonctionne aussi dans les bandes de fréquences utilisées pour la 2G, 3G et 4G, ainsi 1/3 de ces émetteurs 2G, 3G, 4G (soit environ 16 000 au total) sont déjà upgradés en 5G en France  avec bien sûr des débits moindres (les débits de cette 5G light étant plus proches de ceux de la 4G). Cette technique d'upgrade appelée DSS (Dynamic Spectrum Sharing ou partage dynamique du spectre en français) est très répandue dans certains pays du monde dont les Etats-Unis. Cette 5G light servira donc de transition vers la vraie 5G sur la bande des 3,5 GHz, laquelle demandera beaucoup de temps à tisser sa toile dans l'hexagone.

Des obligations à respecter


La vraie 5G commerciale se joue donc sur la bande des 3,5 GHz. En contrepartie à l'attribution récente de cette dernière aux opérateurs, l'Arcep entend jouer son rôle de régulateur en leur imposant des obligations. Déjà, ces derniers doivent s'engager à équiper en vraie 5G 3000 sites en 2022, 8000 en 2024 et 10 500 en 2025 dont 25 % en zone peu dense ou industrielle. Concernant les débits, dès 2022, au moins 75 % des sites devront bénéficier d'un débit au moins égal à 240 Mbit/s (pour chacun des sites). Au moins 90 % des sites devront disposer d'un débit au moins égal à 240 Mbit/s d'ici fin 2025 et 100 % en 2030. De même, pour répondre à des usages spécifiques avec des offres sur mesure, l'Arcep demande aux opérateurs d'activer les fonctions techniques les plus récentes de la 5G comme le slicing (technologie consistant à découper le réseau en plusieurs tranches) d'ici à 2023. Enfin, pour accélérer la transition vers le protocole de routage IPv6, l'Arcep prévoit une obligation pour rendre les réseaux mobiles compatibles avec celui-ci. D'autres engagements optionnels cette fois-ci sont proposés dans le cahier des charges comme la couverture à l'intérieur des bâtiments, la mise à disposition de fréquences à des acteurs économiques (entreprises, collectivités, administrations...), des offres d'accès fixes, une plus forte transparence des opérateurs sur leurs pannes notamment et sur l'accueil des MVNO en 5G.

Des craintes partagées par des français et des élus


Si les premiers services 5G sont déjà en service, les français restent partagés entre opportunités business et inquiétudes sanitaires sur l'implantation des antennes sur le territoire. Selon l'étude réalisée par Odoxa et Oracle, plus d'1 français sur 2 estime que la mise en place de la 5G en France ne devra se faire qu'une fois que son impact environnemental et sanitaire aura été pleinement étudié. En septembre dernier, une enquête de l'Ifop pour le site lemon.fr et dévoilée par Le Parisien indiquait que 51 % des français estimaient que la 5G a des effets négatifs avérés sur la santé humaine. D'ailleurs, de nombreux élus, souvent écologistes, réclament des moratoires sur la 5G, certains ont même demandé aux opérateurs de ne pas activer la 5G avant la publication des résultats du rapport sur l'effet des ondes de l'Anses, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, attendu au printemps 2021. Cela dit, les pouvoirs des élus restent très limités pour empêcher l'installation d'une antenne relais et se réfèrent surtout au code de l'urbanisme (article R. 111-27 du code de l'urbanisme qui reconnaît qu'un projet d'antenne est de nature à porter atteinte au caractère ou à l'intérêt des lieux avoisinants, aux sites, aux paysages naturels ou urbains ainsi qu'à la conservation des perspectives monumentales).

Les atouts de la 5G

es premiers tests 5G ont effectivement permis de dégager un certain nombre d'avantages de cette technologie en termes de débit déjà avec des taux de transfert trois à quatre fois plus rapide que ceux de la 4G (environ 40 Mb/s pour la 4G en moyenne en réception). La 5G se distingue aussi par sa très faible latence, inférieure à une milliseconde, contre 25 à 40 millisecondes pour la 4G et supportera jusqu'à 100 fois plus d'appareils connectés par unité de surface (par rapport à la 4G LTE), due aussi aux évolutions technologiques comme le Beamforming et le Massive MIMO déjà présentes dans la 4G. De même, de nombreux acteurs mettent en avant une réduction importante de la consommation énergétique avec la 5G, elle consommerait dix fois moins d'énergie que la 4G, à montant égal de données transportées, un point toujours discutable au regard de la montée en charge des usages à venir.

Une meilleure qualité de service en découpant le réseau 5G


Mais la grande rupture de la 5G se trouve dans le découpage du réseau (slicing défini par les spécifications 3GPP) qui permet d'adapter la taille du réseau aux demandes. En clair, avec le slicing, les opérateurs pourront créer des milliers de réseaux virtuels indépendants au sein du même réseau physique. Ainsi, ils peuvent définir les caractéristiques spécifiques d'une tranche, notamment la vitesse, la latence, la fiabilité et la sécurité. Prenons par exemple le secteur de la gestion de flottes, les clients auront besoin de différentes tranches pour différentes fonctions : pour la notification du trafic, une tranche sera accordée pour la faible latence et la fiabilité, alors que pour un téléchargement divertissant, la tranche accordée nécessiterait une bande passante plus élevée mais avec une latence plus haute. Le slicing est en quelque sorte un bon moyen pour faire de la QoS sur un réseau mobile. De plus, cette pratique du slicing fortement automatisée s'effectuera en presque temps réel. Reste que cette technologie ne sera pas opérationnelle avant 2023 voire 2024-2025.

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