Henna Virkkunen, commissaire en charge de la souveraineté technologique, pourrait prendre des mesures plus contraignantes pour obliger les Etats-membres à abandonner les équipements Huawei et ZTE dans leurs réseaux mobiles. (Crédit Commission européenne)
La Commission européenne envisage l'adoption de mesures contraignantes imposant aux Etats membres de retirer progressivement les équipements des deux sociétés chinoises des réseaux mobiles de l'UE.
Selon Bloomberg citant des sources anonymes, la Commission européenne intensifie ses efforts pour renforcer la sécurité des réseaux des opérateurs télécoms dans l'UE. Pour cela, elle veut forcer les Etats membres à supprimer les équipements de Huawei et ZTE utilisés pour les réseaux 5G. En 2020, l'exécutif bruxellois était déjà intervenu sous forme de recommandations, mais aujourd'hui il veut aller plus loin en passant par la voie réglementaire.
La proposition de la commissaire Henna Virkkunen en charge de la souveraineté technologique vise à rendre les recommandations plus contraignantes pour les Etats. Ceux qui ne les respecteraient pas pourraient faire l'objet de procédure d'infraction, voire de sanctions financières, indique l'agence de presse. L'affaire n'est pas nouvelle, car en 2023, le commissaire Thierry Breton plaidait pour une application effective des recommandations de 2020. Il soulignait à l'époque que seulement un tiers des Etats membres avaient utilisé ces prérogatives.
De plus en plus de pays sautent le pas
Ce renforcement, si elle se confirme, s'inscrit dans un effort plus large visant à limiter l'influence de la Chine sur les infrastructures critiques. L'année dernière, le plus haut responsable de la sécurité allemande a déclaré qu'à partir de 2026, le pays interdirait l'utilisation d'équipements ZTE et Huawei pour ses réseaux 5G. Idem pour la Finlande. Les raisons sont les mêmes que celles mises en avant par les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, c'est à dire des risques d'espionnage et de cybersécurité.
En France, une loi du 1er juin 2019 a choisi une voie médiane en soumettant le déploiement des antennes des fournisseurs chinois à une autorisation. Elle interdit notamment la mise en place d'équipements de Huawei et ZTE dans plusieurs grandes villes et près de sites sensibles et stratégiques. Une réglementation qui oblige les opérateurs à démanteler les stations déjà présentes. Un surcoût pour SFR (8 000 antennes) et Bouygues Telecom (3 000 antennes) qui ont demandé une indemnisation à l'Etat en vain. Une chose est sûre, cette tension entre l'UE et la Chine sur les réseaux mobiles a fait sa première victime : l'usine de Huawei à Brumath à côté de Strasbourg. Cette dernière à peine sortie de terre serait déjà en vente. Dédié à la fabrication de technologies et d'équipements pour les réseaux 4G/5G, ce site - dans lequel le fournisseur chinois a investi 200 M€ - devait à terme créer 500 emplois en France et ouvrir avant la fin de l'année.







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